En 1952, quelques mois après l’accession au trône d’Elizabeth II et avant même son couronnement l’année suivante, le monogramme du nouveau monarque vint remplacer celui de George VI sur le rideau du Royal Opera. Le roi Charles III aura été moins pressé puisque la commande de nouveaux rideaux vient seulement d’être annoncée, coïncidant de manière pragmatique avec leur état d’usure, décision en phase avec la politique de développement durable de l’institution : la paire actuelle, installée en 1999, aura en effet servi pour plus de 10 000 représentations. Confiés aux bons soins de la maison allemande Gerriets et de la Royal School of Needlework (l’École Royale de Broderie), les nouveaux rideaux seront dévoilés en mai 2026, probablement à l’occasion du gala du 14, et arboreront le chiffre de Charles III. Les coûts sont notamment supportés par des philanthropes, en particulier le Julia Rausing Trust (Julia Rausing était la veuve de Hans Kristian Rausing, homme d’affaires suédois, fils du fondateur de l’entreprise Tetra Pak dont nous avons tous des échantillons dans notre frigo : quelque part, nous sommes donc tous un peu contributaires de cette installation). Pour l’anecdote, on précisera que le précédent changement de monogramme avait essuyé quelques critiques, dont celles du magazine The Stage : « Le style austère des caractères ne s’harmonise pas aussi bien avec la décoration ornée du théâtre que le chiffre de George VI, avec ses boucles et courbes agréables. » La résistance au changement ne date pas d’hier et comme disent les anglo-saxons (en français dans le texte), « Plus ça change, plus c’est la même chose. »

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