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Die Meistersinger von Nürnberg

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CD
18 juillet 2012
Quelle verve !

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Richard Wagner
Die Meistersinger von Nürnberg
Musikalisches Drama in drei Aufzügen
Créé à Munich le 21 juin 1868
Hans Sach
Albert Dohmen

Veit Pogner
Georg Zeppenfeld
Kunz Vogelsang
Michael Smallwood
Konrad Nachtigall
Sebastian Noack
Sixtus Beckmesser
Dietrich Henschel
Fritz Kothner
Tuomas Pursio
Balthasar Zorn
Jörg Schörner
Ulrich Eißlinger
Thomas Ebenstein
Augustin Moser
Thorsten Scharnke
Hermann Ortel
Tobias Berndt
Hans Schwarz
Hans-Peter Scheidegger
Hans Foltz
Hyong-Wook Lee
Walther von Stolzing
Robert Dean Smith
David
Peter Sonn
Eva
Edith Haller
Magdalene
Michelle Breedt
Un veilleur de nuit
Matti Salminen

Rundfunkchor Berlin
Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin
Direction musicale
Marek Janowski
Enregistré live à la Philharmonie de Berlin le 3 juin 2011
4 CD Pentatone classics PTC 5186 402, 253′

 

Après un Vaisseau Fantôme franchement réussi et un Parsifal qui nous avait inspiré des commentaires plus mesurés, voici, avec Les Maîtres chanteurs de Nuremberg, la troisième étape de l’intégrale Wagner portée par Marek Janowski à la tête des forces de la Radio de Berlin pour le compte du label Pentatone Classics. Posons les choses d’emblée : ces Maîtres renouent avec le succès du Vaisseau Fantôme. Les mêmes qualités sont ici à l’œuvre, et l’on voit déjà se dessiner assez nettement les éléments de continuité de ce bel et ambitieux projet. Ce n’est pas faire injure à Marek Janowski que de constater qu’il est arrivé à l’automne de sa belle carrière. Chez beaucoup de chefs, et non les moindres (cf. Giulini, Klemperer), l’âge et l’expérience se traduisent par une sorte de sagesse apollinienne, et des tempos de plus en plus retenus. Point de tendance à la sublime lenteur chez Janowski, au contraire. Voici une direction qui bondit et pétille, une direction dont le nerf n’est pas noyé sous la bedaine rassurante de l’âge. Dans les Maîtres, c’est idéal ! Point d’inutile métaphysique pour cette œuvre qui, certes, est un « drame musical », mais un drame dans lequel les clins d’œil abondent, l’ironie est omniprésente, et où, en fait de tragique, il est surtout question de fougue et de tendresse. En a-t-on entendus, dans de superbes et magnifiques contresens, des Maîtres statufiés, engoncés dans leur sérieux, pontifiants et académiques ! Non, trois fois non, au delà des parentés vocales, Sachs n’est pas Wotan, Walther n’est pas Tannhäuser, et Beckemesser n’est pas un avatar d’Alberich égaré en Franconie. Cela, Janowski l’a compris : grâce doit lui en être rendue. On savourera donc sa direction alerte, enjouée, fluide, bondissante, qui a l’immense mérite de gommer toute velléité de germanité pesante, notamment dans l’imposant finale du III, qui, sous d’autres baguettes moins inspirées, peut sonner très « Germania triumphans ». On saluera, par exemple, de magnifiques phrasés de cordes, radieuses et espiègles, à la fin du II, ou un superbe prélude du III, nimbé d’une douce lumière, celle des petits matins d’été, nostalgique mais jamais tragique. Cette direction révèle en réalité un sens aigu de la conversation en musique, qui, faut-il le rappeler, constitue la majorité de l’œuvre. Surtout, le discours frappe par sa continuité : effet bénéfique de l’enregistrement en une seule soirée, dans les conditions du direct, on ne relève pas la moindre chute de tension en plus de 4 heures et demi de musique. Pour servir son discours, Janowski peut par ailleurs compter sur un superbe Orchestre de la Radio de Berlin, idéalement mis en valeur par la prise de son autant que par l’acoustique flatteuse de la salle de la Philharmonie de Berlin. Voilà en définitive une direction d’orchestre qui rend pleinement justice à cette œuvre si particulière dans le corpus wagnérien, qui a la sagesse de ne pas la dénaturer et qui, au contraire, sait à merveille en faire ressortir la verve, l’humour, en un mot : le sel.

Bonheur supplémentaire : la distribution est au diapason de cette direction réjouissante. Mieux : elle est en situation.

A tout seigneur, tout honneur : on commencera par saluer le Sachs d’Albert Dohmen. Celui qui passe, non sans raison, pour être le Wotan de sa génération est à son aise dans le rôle du cordonnier-poète. La voix regarde aujourd’hui clairement plus vers le registre de basse que vers celui de baryton, comme en attestent les dernières prises de rôle du chanteur (le Commandeur, le roi Heinrich de Lohengrin ou le Landgraf de Tannhäuser). Faire chanter Sachs par une basse n’est pas un contresens, et a pour mérite de magnifier la dimension paternelle du rôle. Le risque, dans ce cas (au demeurant minoritaire dans la discographie) est clairement d’exposer le chanteur à la tessiture tendue du rôle dans le registre aigu, en particulier à l’acte III. Dohmen, s’il est devenu basse, n’oublie pas qu’il fut baryton, et évite le piège. Sa voix est de bout en bout solide, saine, robuste, et il est même capable d’allègements bienvenus dans le Wahnmonolog ou bien dans « Euch macht Ihr’s leicht ».

On tirera un gigantesque coup de chapeau à son double négatif, le Beckmesser de Dietrich Henschel. Trop souvent, en vertu d’une détestable et solide tradition, le rôle est confié à des OVNI vocaux qui le tirent vers une caricature totalement déplacée, à mi chemin entre Alberich et la sorcière d’Hänsel et Gretel. Beckmesser n’est pas pour rien le gardien de la tradition. Il doit, d’une certaine manière, l’incarner, jusque dans sa rigidité et ses excès. S’il est ravalé au rang de pitre ou de bouffon, un ressort dramatique essentiel de l’œuvre se trouve annihilé. En l’écoutant chanter, on doit se dire qu’il aurait pu gagner la main d’Eva. Le rôle doit donc être confié à un authentique Liedersänger : on rappellera le précédent du grand Hermann Prey à Bayreuth, de 1981 à 1986 (une vidéo existe). Dietrich Henschel s’inscrit dans cette lignée : son timbre de baryton, très clair, n’est pas sans évoquer, par moments, celui du regretté Dietrich Fischer-Dieskau. Quant à la science du mot, elle est celle d’un intime de Schubert, Schumann et Wolf. Saluons donc cette prestation vocalement irréprochable (jusqu’au La aigu du II, bien en place) et dramatiquement réjouissante.

On restera sur le registre laudatif pour évoquer le Pogner de Georg Zeppenfeld, à la voix de basse somptueuse de velouté et de moirure (il a débuté l’été dernier à Bayreuth en Landgraf dans Tannhäuser, seul ilot de dignité vocale au milieu d’un naufrage quasi généralisé). Seul (léger) bémol : cette voix est tellement juvénile et saine qu’on en viendrait à oublier, en l’écoutant, que Pogner a les tempes qui grisonnent…

De même, on n’aura que des mots aimables pour le David de Peter Sonn, très convainquant, à la voix idéalement légère, pour la Magdalene avenante et point trop matronante de Michelle Breedt, ainsi que pour la confrérie des Maîtres, tous très idiomatiques et pénétrés de leur importance.

En confiant le rôle de Walther à Robert Dean Smith, on a clairement privilégié l’endurance à la lumière. On entend là une très belle voix de Tristan ou de Siegmund. Est-ce un contresens ? Probablement pas : la fougue du jeune chevalier est idéalement mise en valeur, et notre héros arrive frais et dispos à la fin du IIIe acte, où il a quand même quelques pages à « assurer ». Que manque t-il à ce Walther pour se rapprocher de l’idéal ? Sans doute davantage de lumière dans le timbre (ah ! Konya…), une capacité à alléger la voix, que les ténors lyriques possèdent davantage que les Heldentenor, et aussi un peu moins d’accent.

La seule relative déception de cette distribution concerne l’Eva d’Edith Haller. Le timbre n’est pas déplaisant, bien au contraire, mais la chanteuse apparaît dès le début bien précautionneuse, peu à son aise. Etait-elle en méforme ce soir là ? Les emportements du duo avec Walther au II ne convainquent guère, « O Sachs mein Freund » est un peu court. En outre, une réelle fatigue vocale est perceptible sur la fin : le Quintette est pris un peu bas, court de souffle, l’aigu final est tiré. Le trille est définitivement absent dans « Keiner wie Du »… Le couple Eva/Walther se trouve du coup bien déséquilibré, et fait plus d’une fois penser à un improbable couple Siegmund/Pamina…

 

Deux coups de cœur, pour finir : les chœurs d’Eberhard Friedrich sont, comme dans Le Vaisseau Fantôme, somptueux et laissent plus d’une fois l’auditeur pantelant. Ils sont pour beaucoup dans le succès de cet enregistrement. On ignore, enfin, qui a eu l’idée de confier les deux interventions du Veilleur de nuit à Matti Salminen. Que cette personne soit ici abondamment remerciée : il est impossible d’écouter ce vétéran de la scène wagnérienne, à la voix comme inentamée, sans esquisser un sourire de tendresse et d’admiration.

 

On l’aura compris : cette version des Maîtres chanteurs rend particulièrement bien justice à l’œuvre, davantage que beaucoup d’autres, peut être plus prestigieuses. Elle figure parmi les plus convaincantes dans les dernières versions parues. On attend avec impatience la suite de l’intégrale Janowski !

 

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