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CHERUBINI, Les Abencérages — Budapest

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Spectacle
13 mars 2022
Un standard pour l’Étendard de Grenade

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Les Abencérages ou L’étendard de Grenade

Opéra en trois actes (1813)

Livret d’Etienne de Jouy, d’après Gonzalve de Cordoue de Jean-Pierre Claris de Florian

Création le 6 avril 1813 à l’Académie Impériale de Musique (Opéra de Paris)

Détails

Noraïme

Anaïs Constans

Almanzor

Edgaras Montvidas

Le Vizir

Thomas Dolié

Gonzalve

Artavazd Sargsyan

Kaled

Philippe-Nicolas Martin

Alamir

Tomislav Lavoie

Abderam

Douglas Williams

Octaïr / Le Héraut d’armes

Lóránt Najbauer

Egilone

Ágnes Pintér

Chœur Purcell

Orchestre Orfeo

Direction musicale

György Vashegyi

Müpa (Művészetek Palotája), Budapest, jeudi 9 mars, 19h30

C’est une soirée exceptionnelle qu’organisaient, en co-production, le Müpa de Budapest, le Palazetto Bru Zane (centre de musique romantique française situé à Venise) et la Fondation Orfeo Music. Exceptionnelle, d’abord, par la redécouverte proposée d’une œuvre éminemment rare. Créé en 1813 à l’Opéra de Paris, Les Abencérages ou L’étendard de Grenade est rapidement tombé dans l’oubli et n’est pratiquement jamais joué. Pour dire, la partition elle-même est quasi introuvable (sauf à consulter l’originale !) et c’est d’ailleurs pourquoi le Palazetto Bru Zane, en plus d’immortaliser cette soirée par un enregistrement, profite de l’occasion pour, enfin, publier une version de la partition. On ne peut que regretter le traitement actuellement si défavorable réservé à un très bel opus. Fait d’amour et d’intrigues politiques, le livret nous plonge en Espagne à l’époque de la Renaissance où se mêlent les querelles de familles, les complots et les batailles épiques. La musique quant à elle est tout à fait préfiguratrice du grand opéra français, à la Berlioz ou Meyerbeer, et séduira le spectateur désireux de luxuriance et de grandeur.

Cette redécouverte s’effectue dans des conditions exceptionnelles, ensuite, de par la qualité de la proposition musicale qui nous est faite. Le chef hongrois György Vashegyi propose une vision très ambitieuse de l’œuvre : au-delà du fait que l’opéra est joué quasi dans son intégralité (à l’exception, pendant le ballet, d’une petite gavotte plutôt dispensable), la direction ample et énergique sait retranscrire les registres épiques et politiques avec grandeur, tandis que les duos ou solos plus introspectifs sont abordés avec grande sensibilité, donnant aux chanteurs tout l’espace nécessaire pour déployer les affections de leur personnage. L’effet de grandiose est renforcé par l’incroyable virtuosité de l’orchestre Orfeo, qui se distingue aisément par son art de la nuance qui ne sacrifie jamais à l’intensité. Il en va de même pour la formidable performance du chœur Purcell, dont la puissance et le lyrisme correspondent parfaitement à l’esprit de l’œuvre. C’est une des composantes clé de la soirée car le chœur est quasiment un personnage à part entière de l’opéra. À cet égard, il faut souligner les excellents efforts de diction pour des cantateurs qui sont loin d’être tous francophones.

C’est l’excellence du plateau vocal qu’il nous faut, enfin, souligner. Anaïs Constans est vraiment la lumière de la soirée : sa Noraïme est emprunte de tragique mais sans jamais verser dans le pathétique, grâce au maintien constant d’une forme de gravité et d’une densité assez sidérante. Malgré le fait qu’il s’agisse d’une version de concert, la princesse Noraïme est captivante. Sa performance est servie par une voix extrêmement généreuse, ample, très souple et particulièrement texturée – et dense, à l’image de son jeu d’actrice. Edgaras Montvidas est doté d’une belle vaillance mise en valeur par de beaux aigus et un vibrato agréable à l’oreille. Thomas Dolié, de son côté, campe un Vizir dont la noirceur n’a d’égal que la profondeur caverneuse et magnifique de sa voix. On ne peut qu’espérer qu’un jour lui soit confié la version scénique du rôle car le potentiel théâtral est très intéressant. Le Gonzalve d’Artavazd Sargsyan est également une très grande réussite : la voix intense du ténor ainsi que sa lumineuse et très belle présence scénique font de lui le titulaire idéal du rôle. 

Le reste du plateau vocal est à l’avenant. Philippe-Nicolas Martin campe un Kaled tout en puissance et en beauté tandis que le l’Abderam de Douglas William est empreint d’une très grande noblesse. La basse de Tomislav Lavoie convient parfaitement au rôle d’Alamir qu’il transcende avec facilité. Enfin, l’Octaïr tant que le Héraut de Lóránt Najbauer sont tout à fait convaincants, de même l’Egilone d’Ágnes Pintér, qui achèvent tous deux de rendre la distribution très homogène. Quelle belle énergie se dégage de cette magnifique palette de chanteurs complices et tous excellents !

Au total, on peut qu’attendre avec hâte la parution de la version CD (dont la captation a été effectuée les deux journées précédant la soirée) et, de manière plus générale, espérer une entrée de cette magnifique œuvre dans le répertoire classique.

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Les Abencérages ou L’étendard de Grenade

Opéra en trois actes (1813)

Livret d’Etienne de Jouy, d’après Gonzalve de Cordoue de Jean-Pierre Claris de Florian

Création le 6 avril 1813 à l’Académie Impériale de Musique (Opéra de Paris)

Détails

Noraïme

Anaïs Constans

Almanzor

Edgaras Montvidas

Le Vizir

Thomas Dolié

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Artavazd Sargsyan

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Philippe-Nicolas Martin

Alamir

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Abderam

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