Outre le centenaire de la mort de Puccini, l’année 2024 marque celui de la mort de Gabriel Fauré : l’occasion était donc belle de commémorer, par ses mélodies, le compositeur, et plus encore à Toulouse puisqu’il est né à Pamiers, descendant d’une famille de capitouls de Toulouse, à une soixantaine de kilomètres de la Ville rose.
L’auteur du Requiem et du Cantique de Jean Racine a produit en tout une centaine de mélodies. Les cinq proposées à la Halle aux Grains, après la suite de Pelléas et Mélisande incluant la célèbre Sicilienne, qui débutait le concert, ont été exhumées par le Palazetto Bru Zane ; il s’agit de cinq pièces élaborées entre 1872 et 1887 sur des vers d’artistes connus (Paul Verlaine) ou tombés dans l’oubli (Marc Monnier). Fauré a composé de nombreuses mélodies pour voix de femme avec seul accompagnement de piano : l’intelligibilité des textes lui importait en effet beaucoup. Et cela reste une difficulté pour un orchestre de devoir accompagner ces pièces tout en restant à la bonne et discrète distance des voix.
La française Ariane Matiakh, qui occupe actuellement le poste de cheffe principale de la Philharmonie de Württenberg-Reutlingen en Allemagne se retrouve pour un soir à la tête de l’orchestre National du Capitole, en formation restreinte. Elle a d’évidence conscience de cette difficulté de ne pas empiéter sur le chant des solistes. Elle retient sans cesse la bride, ce qui n’empêche pas l’orchestre de parfois submerger les voix (Rose d’Ispahan). C’est que les trois chanteurs ont des voix taillées pour la mélodie et parfois on s’est dit que l’accompagnement par le piano aurait mieux convenu, mais nous serions passés à côté des coloris si subtils de l’orchestre de Fauré. Successivement donc le ténor lumineux et chantant de Julien Behr, le baryton soyeux et bien posé de Jean-Sébastien Bou ainsi que le soprano fluet et si expressif de Florie Valiquette (appréciée en Konstanze au TCE récemment) ont fait revivre cinq magnifiques mélodies de Gabriel Fauré.
En seconde partie de programme, on a pu assister la résurrection d’une pièce de César Franck, justement programmé en cette semaine sainte (le concert s’est tenu le jeudi Saint ) ; Les Sept Paroles du Christ en croix (intitulé apocryphe mais vraisemblable), pièce en quelque sorte miraculée car personne ni aucune revue musicale, aucun bulletin paroissial, n’a mentionné cette œuvre du vivant de Franck, ni même immédiatement après sa mort. Les catalogues consacrés à Franck ne connaissent pas cette pièce qui ne comporte donc pas de numéro d’opus. Elle date en réalité d’août 1859 et ce n’est qu’en 1955 que la bibliothèque universitaire de Liège (ville natale de Franck) acquiert la partition auprès d’un collectionneur privé. Sa création prendra vingt ans de plus, on la doit à Armin Landgraf dans les années 1970. Franck, lui-même fervent catholique, a dû la composer pour la Semaine Sainte de 1860 en tant que Maître de chapelle de la basilique Sainte-Clotilde à Paris.
Œuvre à connaître absolument, qui tient son rang aux côtés des Sieben letzten Worte unseres Erlösers am Kreuze de Haydn, bien plus souvent à l’affiche. Nos trois chanteurs ont accompagné l’orchestre ainsi que l’Orfeón Donostiarra, chœur composé de chanteurs non professionnels fondé en 1897 à San Sebastian, au pays basque espagnol, et qui a recueilli une ovation méritée. 23 hommes en costume sombre, 32 femmes en aubes blanches, ont proposé dans une parfaite diction du latin un chant recueilli et expressif ; les parties en pianissimo étaient de toute beauté. Il a fallu le prologue pour à la fois régler la balance et donc éviter que l’orchestre masque la voix, et pour régler quelques décalages sans grande conséquence.
Un temps bien choisi pour ressusciter une pièce aujourd’hui majeure de César Franck.
FRANCK, Les sept paroles du Christ en croix -Toulouse
- Auteur
- Compositeur
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- Artistes
Note ForumOpera.com
Infos sur l’œuvre
Gabriel Fauré
Pelléas et Mélisande, suite d’orchestre, op. 80
Cinq mélodies
César Franck
Les sept paroles du Christ en croix
Détails
Soprano
Florie Valiquette
Ténor
Julien Behr
Baryton
Jean-Sébastien Bou
Orfeón Donostiarra
Chef de chœur
José Antonio Sainz Alfaro
Orchestre du Théâtre National du Capitole
Direction musicale
Ariane Matiakh
Toulouse, La Halle aux Grains
Jeudi 28 mars 2024, 20h
Concert diffusé sur France Musique le lundi 15 avril 2024 à 20h
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Pelléas et Mélisande, suite d’orchestre, op. 80
Cinq mélodies
César Franck
Les sept paroles du Christ en croix
Détails
Soprano
Florie Valiquette
Ténor
Julien Behr
Baryton
Jean-Sébastien Bou
Orfeón Donostiarra
Chef de chœur
José Antonio Sainz Alfaro
Orchestre du Théâtre National du Capitole
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Toulouse, La Halle aux Grains
Jeudi 28 mars 2024, 20h
Concert diffusé sur France Musique le lundi 15 avril 2024 à 20h
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