Forum Opéra

GOUNOD, Roméo et Juliette – Paris (Bastille)

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
18 juin 2023
Fin de saison grandiose à l’Opéra Bastille

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra en cinq actes de Charles Gounod

Livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après la tragédie éponyme de Shakespeare

Création à Paris au Théâtre Lyrique le 27 avril 1867

Détails

Mise en scène

Thomas Jolly

Décors

Bruno de Lavenère

Costumes

Sylvette Dequest

Lumières

Antoine Travert

 

Roméo

Benjamin Bernheim

Juliette
Elsa Dreisig

Frère Laurent
Jean Teigen

Stéphano
Lea Desandre

Mercutio
Huw Montague Rendall

Comte Capulet
Laurent Naouri

Gertrude
Sylvie Brunet-Grupposo

Tybalt
Maciej Kwaśnikowski

Benvolio

Thomas Ricart
Pâris

Sergio Villegas Galvain

Gregorio

Yiorgo Ioannou

Le Duc de Vérone

Jérôme Boutillier

 

Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris

Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris

 

Cheffe des Chœurs

Ching-Lien Wu

 

Direction musicale

Carlo Rizzi

 

Paris, Opéra Bastille, samedi 17 juin 2023 à 19h30

Dernière production lyrique de la saison à l’Opéra de Paris, le Roméo et Juliette de Gounod réalisé par Thomas Jolly a été accueilli au rideau final par une salve d’applaudissements ininterrompus à l’attention de l’ensemble des artistes, notamment le metteur en scène et son équipe, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Il faut dire que le spectacle est particulièrement éblouissant. Le décor monumental imaginé par Bruno de Lavenère est une sorte de réplique du grand escalier de Garnier dans des teintes plus sombres, placé sur une tournette qui permet d’en varier les points de vue selon les tableaux. D’immenses chandeliers confèrent à cette structure une allure à la fois grandiose et inquiétante. On est loin du climat ensoleillé de Vérone, on se croirait plutôt dans l’univers gothique d’un film fantastique, tant les éclairages inventifs d’Antoine Travert font ressembler par moment ce décor à la demeure d’Edward aux mains d’argent de Tim Burton. En rapprochant notamment Garnier de Bastille, Thomas Jolly explique dans le programme de salle sa volonté de cultiver dans cette production l’oxymore, procédé cher à Shakespeare qui fait naître l’amour entre les deux adolescents dans un contexte de mort, en l’occurrence une épidémie de peste, non mentionnée cependant dans le livret de l’opéra.


© Vincent Pontet / Opéra national de Paris

La direction d’acteurs est extrêmement soignée et efficace, les deux duels du troisième acte notamment, sont réglés avec un réalisme saisissant. La scène du balcon est superbement dirigée, le mariage des deux protagonistes a lieu sous le balcon dans une barque qui deviendra au dernier acte le tombeau de Juliette. Les costumes somptueux de Sylvette Dequest, à dominante rouge, doré et noir évoquent le dix-neuvième siècle, ceux du bal masqué chez les Capulet au premier acte, où des masques démoniaques côtoient des tenues dorées à paillettes, sont particulièrement recherchés. Durant plus de deux heures trente de spectacle, l’œil ne cesse d’être sollicité par une succession d’images saisissantes ou inattendues comme cette multitude de Juliette en robe de mariée qui exécutent une étonnante chorégraphie durant les extraits du ballet du quatrième acte.

© Vincent Pontet / Opéra national de Paris

La distribution est irréprochable, l’équipe réunie pour l’occasion est constituée de chanteurs /acteurs possédant tous le physique de leur emploi ce qui ajoute au réalisme de cette production.

Thomas Ricart et Sergio Villegas Galvain, respectivement Benvolio et Pâris font des débuts prometteurs à l’OnP, tout comme Jérôme Boutillier qui campe un duc de Vérone juvénile, à la voix assurée. Laurent Naouri propose un père Capulet autoritaire et rigide qui n’hésite pas à gifler sa fille tandis que Jean Teitgen se révèle particulièrement convaincant en frère Laurent débonnaire et protecteur. Sylvie Brunet-Grupposo est une Gertrude haute en couleurs aux graves opulents. Après Dame Marthe dans Faust sur cette même scène, la mezzo-soprano semble vouloir se spécialiser dans ces seconds rôles truculents qu’elle marque de sa forte personnalité. Huw Montague Rendall offre une belle interprétation de son air « Mab, la reine des mensonges » tout en nuances. Son Mercutio agile au timbre clair capte durablement l’attention. Maciej Kwaśnikowski est un Tybalt arrogant et inflexible, sa voix sonore et bien projetée fait mouche dans la scène du duel. Le page Stéphano a les traits et l’allure androgyne de Lea Desandre, tout à fait convaincante dans cet emploi de jeune garçon espiègle et effronté. Son timbre fruité et sa ligne de chant soignée lui permettent d’offrir une interprétation brillante de son air « Que fais-tu, blanche tourterelle » chaleureusement applaudi. Enfin les deux amants célèbres trouvent en Elsa Dreisig et Benjamin Bernheim des interprètes crédibles scéniquement et vocalement idoines. Tous deux ont la jeunesse de leurs personnages. Dreisig possède un timbre lumineux et une technique solide qui lui permet d’interpréter sa valse avec brio, en dépit de l’absence d’un vrai trille. Elle aborde crânement l’air du poison « Amour ranime mon courage » qui la pousse aux limites de sa tessiture notamment dans le grave et se montre particulièrement émouvante dans la scène finale. Bernheim, voix solaire et ligne de chant raffinée, campe un Roméo proche de l’idéal, son air « Ah, lève-toi soleil » tout en nuances et couronné d’un aigu glorieux lui a valu une ovation bien méritée. Saluons également sa diction exemplaire.

© Vincent Pontet / Opéra national de Paris

Au pupitre, Carlo Rizzi dirige avec énergie et un sens aigu du théâtre cette partition flamboyante, sa battue est particulièrement remarquable dans le grand final de l’acte trois où les Chœurs soigneusement préparés par Ching-Lien Wu sont impressionnants.

A l’exception des quelques menues coupures d’usage, la partition est quasiment complète, nous aurons même droit à une partie de la musique de ballet au cours de l’acte trois. En revanche, pourquoi avoir supprimé la dernière réplique des deux héros « Seigneur, Seigneur, pardonnez-nous » ?

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

4

❤️❤️❤️❤️❤️ : Exceptionnel
❤️❤️❤️❤️🤍 : Supérieur aux attentes
❤️❤️❤️🤍🤍 : Conforme aux attentes
❤️❤️🤍🤍🤍 : Inférieur aux attentes
❤️🤍🤍🤍🤍 : À oublier

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opéra en cinq actes de Charles Gounod

Livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après la tragédie éponyme de Shakespeare

Création à Paris au Théâtre Lyrique le 27 avril 1867

Détails

Mise en scène

Thomas Jolly

Décors

Bruno de Lavenère

Costumes

Sylvette Dequest

Lumières

Antoine Travert

 

Roméo

Benjamin Bernheim

Juliette
Elsa Dreisig

Frère Laurent
Jean Teigen

Stéphano
Lea Desandre

Mercutio
Huw Montague Rendall

Comte Capulet
Laurent Naouri

Gertrude
Sylvie Brunet-Grupposo

Tybalt
Maciej Kwaśnikowski

Benvolio

Thomas Ricart
Pâris

Sergio Villegas Galvain

Gregorio

Yiorgo Ioannou

Le Duc de Vérone

Jérôme Boutillier

 

Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris

Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris

 

Cheffe des Chœurs

Ching-Lien Wu

 

Direction musicale

Carlo Rizzi

 

Paris, Opéra Bastille, samedi 17 juin 2023 à 19h30

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

Les dernières interviews

Les derniers dossiers

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Sommet absolu
Varduhi ABRAHAMYAN, Daniel BEHLE, Tareq NAZMI
Spectacle