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LETERME, La Revanche de l’arbre – Namur

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Spectacle
4 octobre 2025
Quand le régionalisme touche à l’universel

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Patrick Leterme (né en 1981) : La revanche de l’arbre
Pièce Lyrique en deux parties, sur un livret en wallon de Henri Simon (1856-1939)

Créé au Hangar à Charleroi le 26 septembre 2025

Détails

Mise en scène

Ingrid von Wantoch Rekowski

Assistante à la mise en scène

Louise Mendès

Scénographie et costumes

Satu Peltonemi

Assistante à la scénographie et costumes

Sarah Brunori

Lumières

Gérard Maraite

 

Chœur de chambre de Namur

Maîtrise et chœur d’enfants de la Monnaie

Chef des chœurs Benoit Giaux

Percussions : Akropercu

Fanfare des Gilles

 

Candide Orchestra

Direction musicale

Patrick Leterme

 

Namur, Grand Manège, le jeudi 2 octobre 2025 à 20h00

Pianiste, compositeur, arrangeur, mais aussi homme de radio et de télévision, Patrick Leterme est un homme hyper actif, débordant de talent et d’imagination, sans cesse en mouvement et peu soucieux de conformisme. Son catalogue de compositeur, qui s’enrichit d’année en année, le menant vers des pièces de plus en plus vastes et ambitieuses, comprenait déjà deux opéras pour enfants (Okilélé 2015 et Momo 2017). Comme arrangeur ou comme chef d’orchestre, son attention s’est souvent portée vers la comédie musicale. Après une grande partition symphonique intitulée Lumières en 2021, voici qu’il nous livre une vaste pièce lyrique en forme d’oratorio sans soliste, La revanche de l’arbre, sur un poème de l’écrivain wallon Henri Simon, auteur largement oublié du grand public, mais qui fut en son temps académicien et pétri de culture latine. Bien menacée aujourd’hui, la langue wallonne était encore largement pratiquée en milieu rural à la fin du XIXe siècle dans la moitié sud de la Belgique. A l’instar d’autres langues régionales, elle a souffert de l’enseignement obligatoire en français, et ne subsiste aujourd’hui qu’artificiellement soutenue par quelques régionalistes passionnés.

Le livret revêt une double dimension, naturaliste et sociale ; dans sa première partie il raconte la gloire puis la mort d’un grand chêne qu’on abat pour en avoir de l’argent, et dans la seconde partie – mais ne comptez pas sur moi pour divulgâcher le fin mot de l’histoire – comment l’arbre finit par se venger de celui qui par lucre provoqua sa chute. De caractère très différent, ces deux parties sont traitées par le compositeur dans des styles bien distincts, une musique savante, nostalgique et sombre pour la première partie, largement burlesque et inspirée de traditions populaires pour la seconde, dans un style proche de Nino Rota, avec entre les deux un somptueux mais très virtuose solo de violon, en guise de requiem pour l’arbre déchu. Ces deux parties normalement s’enchaînent, sauf qu’à Namur, en raison d’un incident technique (l’arbre ne s’est pas effondré exactement comme on l’attendait) il a fallu ajouter un quart d’heure d’entracte pour remettre les choses en ordre.

La mise en scène due à Ingrid von Wantoch Rekowski, sobre et efficace, poétique, distanciée, épurée, contribue beaucoup à la réussite de la soirée. Evitant les pièges du manifeste écologiste, des verdures de carton-pâte ou d’une ruralité caricaturale, elle ne montre que l’arbre, seul élément de décor symbolisé par un lourd faisceau de cordes tombant des cintres, et en fait le centre d’un dispositif scénique relativement réduit, dans la mesure où orchestre et chœurs occupent déjà une grosse moitié de la scène. Un jeu de lumières habile et des costumes très simples évoquant le monde paysan d’avant la grande guerre complètent le visuel du spectacle. Les gestes des choristes, relativement réduits mais pleins de sens, parfois presque chorégraphiés, suffisent à dire l’essentiel d’un texte qui vaut par sa qualité poétique au moins autant que par ce qu’il raconte.

L’orchestration est brillante, très colorée et la partition incorpore en seconde partie des musiques de tradition populaire wallonnes, que la fanfare reprend sur un rythme particulièrement entrainant de cramignon liégeois, menant à un long final en forme d’apothéose extrêmement brillant et réussi. Toute cette seconde partie est dominée par un humour déjanté irrésistible, avec sa part de dérision, de macabre et de carnavalesque assumé qui met la salle en joie, de sorte que le spectacle s’achève dans l’allégresse générale, standing ovation et applaudissements scandés à l’appui. La fanfare continuera à entonner les hymnes wallons bien après la fin du spectacle, prolongeant jusque dans le foyer la joie des spectateurs, le tout dans une très entrainante atmosphère de fête populaire.

Si la conception de l’œuvre et du spectacle impressionnent, sa réalisation laisse parfois entrevoir quelques faiblesses : le Candide Orchestra, phalange d’une quarantaine de musiciens amis fondée par le compositeur, n’est pas tout à fait le New-York Philharmonique, le solo de violon est un peu ardu pour les capacités techniques de l’interprète, mais une fois lancé dans la seconde section de l’œuvre, ces quelques lacunes paraissent sans importance face à la force de la partition et à son énorme pouvoir de conviction.

Le chœur de chambre de Namur, qui joue ici le rôle du narrateur, livre une très belle prestation empreinte de noblesse et de grandeur, et les enfants du chœur de la Monnaie, très attachants comme souvent, sont excellents également, bien que finalement peu sollicités.

Partition largement atypique, ni opéra ni oratorio, révélant différentes facettes de son compositeur et donc très personnelle, accessible à un public très large, la Revanche de l’arbre entame une tournée dans toute la Wallonie. On ne peut que lui souhaiter un rayonnement plus large et une postérité à la hauteur de ses qualités.

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❤️❤️❤️❤️🤍 : Supérieur aux attentes
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❤️❤️🤍🤍🤍 : Inférieur aux attentes
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Patrick Leterme (né en 1981) : La revanche de l’arbre
Pièce Lyrique en deux parties, sur un livret en wallon de Henri Simon (1856-1939)

Créé au Hangar à Charleroi le 26 septembre 2025

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Mise en scène

Ingrid von Wantoch Rekowski

Assistante à la mise en scène

Louise Mendès

Scénographie et costumes

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Chef des chœurs Benoit Giaux

Percussions : Akropercu

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Namur, Grand Manège, le jeudi 2 octobre 2025 à 20h00

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