La Lucia du festival de Saint-Céré (été 2014) poursuit sa tournée à travers la France. Mais devant le lourd décor sans mystère et sans grâce de Ruth Gross, déjà souligné par Roland Duclos dans son compte rendu des représentations de Clermont-Ferrand, on se prend à rêver au décor que constituait à Saint-Céré le château de Castelnau et ses pierres rouges, et l’on comprend tout ce que ce spectacle perd à passer du plein air à l’intérieur d’un théâtre traditionnel, où il peine à s’acclimater. Ainsi, par exemple, la plateforme sur roues imposée par la hauteur du praticable central, qui a ici à peine deux mètres à parcourir, perd toute sa signification de transport d’une condamnée.
Olivier Desbordes, présent pour cette reprise, nous avait habitué à beaucoup plus d’originalité. Sa mise en scène manque – est-ce le fait de l’éparpillement de la tournée ou d’un défaut de répétitions ? – de caractère. Les choristes sont plantés là, et même les premiers rôles semblent avoir du mal à trouver parfois leurs marques. Surtout, le plateau central, à la fois énorme et exigu, limite les possibilités de déplacements des acteurs sans pour autant créer l’enfermement dans lequel se débat l’héroïne. Quant aux costumes de la même Ruth Gross, leur laideur peut à la rigueur passer pour les hommes, mais n’arrange pas la malheureuse Lucia, surtout dans la scène du mariage, où la robe dont elle est affublée ne peut que contribuer à la précipiter dans la folie !