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GARCIA ALARCON, Pasión Argentina – Saint-Denis

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Spectacle
16 juin 2023
Polyphonies cosmopolites

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Pasión Argentina, d’après L’Evangile de Judas

Un labyrinthe canonique en musique sous forme d’oratorio

Musique de Leonardo García Alarcón

Livret de Marco Sabbatini

Détails

Mise-en-espace
Anaïs de Courson

Marie-Madeleine
Mariana Flores

La Vierge Marie
Sophie Junker

L’Ange
Julie Roset

Judas
Valerio Contaldo

Jésus
Andreas Wolf

Saint-Pierre
Victor Sicard

Choeur de chambre de Namur

Choeur en corps – CRR93

Capella Mediterranea

Leonardo García Alarcón, direction

Basilique Saint-Denis, mardi 13 juin, 20h30

 

On connaissait Leonardo García Alarcón , chef inspiré et arrangeur de génie, on le découvre ce soir compositeur de talent. C’est dire à la fois la qualité de composition de cette Pasión Argentina, mais aussi ses faiblesses. Puisant ses sources dans l’évangile de Judas aussi bien que dans Borges pour le livret et se posant en héritier des passions baroques qu’il fréquente régulièrement, notamment celles de Bach évidemment, cette musique est néanmoins tout sauf un « à la manière de ». C’est bien une musique contemporaine dans toute son originalité, et qui a le mérite de ne pas verser dans le kitsch. L’inspiration vient aussi d’autres styles de musique : grégorienne et argentine évidemment avec ce solo de bandonéon qui suit immédiatement le Dies Irae en plain chant en guise d’introduction, mais aussi arabe, jazz (« In verita » de Jésus), voire rock (avec cette rutilante batterie que l’on n’a pas l’habitude de voir si proche des violons). Néanmoins, cela ne suffit pas à retenir l’attention sur 2h15. Si la première partie décrivant la Passion et la Résurrection ne connait aucun temps mort et fait éclater de monumentales polyphonies chorales au gré de contrepoints très raffinés, la seconde commence avec un interminable Songe des Apôtres et dilue la puissance de la première en en répétant plusieurs procédés. Le public applaudira d’ailleurs plus chaleureusement lors de la courte pause entre les deux parties, croyant le spectacle terminé, qu’après sa véritable fin.

©Festival de Saint-Denis/Edouard Brane

Heureusement, les artistes réunis ce soir mettent toute leur énergie dans la défense de cette œuvre, et on y a mis les moyens : difficile de compter mais si vous ajoutez aux six solistes de premier plan, le chœur des apôtres, le chœur des enfants et adolescents, celui de la foule et à la cinquantaine de musiciens, le grand orgue de la basilique, on pourrait presque s’attendre à une exécution du colossal Requiem de Berlioz en pénétrant dans le lieu saint. Saluons d’abord la qualité de tous les chœurs, très sollicités par la mise en espace d’Anaïs de Courson d’une part (qui les fait évoluer dans les travées aussi bien que sur la petite scène aménagée devant l’orchestre) que par la partition qui leur réserve des passages aussi virtuoses qu’exposés. Autant d’éloges pour l’orchestre du maestro ensuite : on n’a rarement l’occasion d’entendre un ensemble sur instruments anciens jouer de la musique contemporaine. La Cappella Mediterranea est ce soir aussi précise et colorée que lorsqu’elle joue du Rameau ou du Falvetti.

Du coté des protagonistes, Victor Sicard est un Saint-Pierre colérique et sarcastique mémorable. Andreas Wolf campe un Jésus très solaire, pieds nus et chant enthousiasmé. Spectateur quasi muet de la première partie, Valerio Contaldo doit attendre la scène de son rêve (dans laquelle Judas est conscient de la félonie de l’acte qu’il doit accomplir, mais accepte son destin et la détestation dont il fera l’objet, pour permettre à la nature divine de Jésus de se révéler) pour incarner avec brio un personnage torturé et noble, loin des dérapages expressionnistes et nasillards que l’on a pu lui reprocher récemment . Chez les femmes, on est d’abord étonné par l’ampleur que la voix de Julie Roset a gagné : son ange darde des aigus toujours aussi précis et solides, mais le medium est aussi plus riche et la projection semble plus grande. Ajoutons que la jeune artiste aime prendre des risques et réalise sans pâlir de vertigineux sauts de l’ange… sur la portée. Mariana Flores joue une Marie-Madeleine agitée, vocalisante et émouvante, au corps sinuant d’une danseuse flamenca, avec la même excellence stylistique que lorsqu’elle chante du Cavalli. Mais la palme revient à Sophie Junker, dont la puissance d’incarnation est ce soir renversante, même pour qui l’a déjà souvent entendue. Son déchirant et minéral « Son vinta del dolore » est clairement le sommet golgothique de la soirée, et son visage brille tel celui des madones des peintre flamands lors du récit de Marie-Madeleine face au chœur caquetant et méprisant des apôtres.

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Un labyrinthe canonique en musique sous forme d’oratorio

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Marie-Madeleine
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Judas
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Leonardo García Alarcón, direction

Basilique Saint-Denis, mardi 13 juin, 20h30

 

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