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WAGNER, Die Walküre – Bâle

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Spectacle
25 mai 2025
Loup y es-tu ?

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Richard Wagner
Die Walküre
Première journée du festival scénique
L’Anneau du Nibelung

Création à Bayreuth
Le 14 août 1876

Détails

Mise en scène
Benedikt von Peter
Avec la collaboration de
Caterina Cianfarini
Scénographie
Natascha von Steiger
Costumes
Katrin Lea Tag
Lumières
Roland Edrich
Dramaturgie
Roman Reeger

Siegmund
Ric Furman
Sieglinde
Theresa Kronthaler
Hunding
Artyom Wasnetsov
Wotan
Nathan Berg
Brünnhilde
Trine Møller
Fricka
Solenn’ Lavanant Linke.
Helmwige
Lucie Peyramaure
Gerhilde
Sarah Marie Kramer
Ortlinde
Sarah Brady
Waltraute
Jasmin Etezadzadeh
Siegrune
Valentina Stadler
Rossweisse
Camille Sherman
Grimgerde
Sophie Kidwell
Schwertleite
Marta Herman
Erda
Hanna Schwarz
Froh
Ronan Caillet
Donner
Michael Borth
Mime
Karl-Heinz Brandt

Orchestre symphonique de Bâle
Direction musicale
Jonathan Nott

Théâtre de Bâle (Suisse)
21 mai 2025, 17h

Reprise d’une production créée en 2023

Prochain cycle complet : du 4 au 9 juin 2025

Une chose étonne d’abord dans cette production bâloise, on l’a dit à propos de l’Or du Rhin : la proximité. On s’y habitue très vite. Pas de fosse pour l’orchestre, qui reste donc enfoui donc sous un plateau de théâtre surbaissé, des acteurs-chanteurs à portée de main du premier rang. Tout-à-l’heure Wotan viendra s’asseoir sur une chaise au bord de la scène et poursuivra ses ruminations mélancoliques, dans sa pauvre chemise froissée et son pantalon flasque, avec ses rides, ses cheveux broussailleux et ses yeux fatigués (le stupéfiant Nathan Berg, dans sa fragilité de dieu déboussolé), et l’effet de réel sera à la fois déconcertant et évident : l’impression de pouvoir toucher du doigt la vérité du personnage.

Une expérience sonore selon les souhaits de Wagner

Non moins familier désormais, après l’avoir ressenti la veille dans Das Rheingold, ce son à la fois invisible et présent. La fusion des pupitres, l’assise souterraine des basses comme la précision des violons, la largeur du spectre, cette sensation que le son vient de nulle part et habite tout entier l’espace de cette salle moderne, simplement fonctionnelle, mais dont la forme d’amphithéâtre semble vaguement héritière du théâtre de Bayreuth.

Nathan Berg © Ingo Hoehn

À nouveau, dans le noir, résonnera d’abord la voix parlée de Brünnhilde, poursuivant le récit de sa vie commencé dans L’Or du Rhin : « On grandit trop vite, j’étais devenue une guerrière, nous habitions dans des baraquements… » Et tandis que des dessous de scène montera une ouverture menée à un rythme foudroyant par Jonathan Nott à la tête d’un Orchestre de symphonique de Bâle décidément excellent, on découvrira au fond un Wotan en train de fendre du bois au pied du frêne à grands coups de hache, tandis qu’au premier plan gauche seront en train de festoyer (hydromel ou bière ?) huit Walkyries aux allures de rockeuses rassemblées autour d’un feu de camp, dont les flammes brûleront tout au long de cette première journée du Ring.
Ce sera l’un des avatars de ce thème du feu, tisonné au fil de la mise en scène de Benedikt von Peter, à l’instar de la rampe de flammes au seuil de la maison, ou de la flamme immense surgissant du trou d’entrée du Nibelheim – ce trou que Wotan a ouvert à grands coups de maillet dans l’Or du Rhin, et qui demeure béant (c’est là que les Walkyries feront basculer les body bags des héros morts, effet sinistre garanti).

Le feu de camp des Walkyries © Ingo Hoehn

Un petit garçon roux

La proposition de Benedikt von Peter continue à jouer comme dans le prologue avec les images subliminales, les anachronismes, les prémonitions, dans une manière de temps immobile, comme si toutes les époques du Ring cohabitaient dans un même espace-temps, tout en restant fidèle, malgré son parti pris d’abstraction, à l’épopée, à l’heroic fantasy wagnérienne. Une Brünnhilde tour à tour enfant, adolescente ou adulte, assiste à tout, en témoin muet, avant son entrée en jeu au deuxième acte ; il y a toujours au premier plan le théâtre de marionnettes et le jeu de poupées (dragon, filles du Rhin, crapaud, mini-Siegfried en armure), avec lesquels Wotan racontait toute l’histoire à ses enfants ; s’y ajoute maintenant, apparition magique, un calme cheval blanc, passant à l’arrière-plan dans une demi-pénombre (c’est Grane bien sûr, le cheval de Brünnhilde) et aussi un petit garçon, dont on comprendra bientôt qu’il n’est pas imaginaire, mais que c’est bien Siegfried enfant, auquel son grand-père expliquera le passé, le présent et l’avenir…

Mélancolie du jeune Siegfried © Ingo Hoehn

Un (léger) manque d’élan

Au pied de la grande silhouette de maison qui continue de symboliser le Walhalla (on y voit vivre Fricka, Froh et Donner, dans leurs appartements, comme une famille bourgeoise), le feu de camp des Walkyries suffit à évoquer aussi l’antre de Hunding. Où il retient Sieglinde, la frêle, menue, Theresa Kronthaler à la chevelure rousse comme celle de son Siegmund, Ric Furman. Le leitmotiv de l’amour au violoncelle, puis aux cordes restera en arrière-plan de leur coup de foudre immédiat. Du corps juvénile de cette Sieglinde sort une voix étonnamment solide et charnue, comme est claire et puissante celle de son Siegmund, robuste jeune homme dont l’héroïsme est davantage dans la voix, très projetée et puissante, que dans la présence physique un peu lourdaude.
Hunding a la gigantesque stature et le crâne chauve d’Artyom Wasnetsov, autre voix de grand calibre, mais qui ne sortira guère du registre d’une brutalité sommaire.

Si Jonathan Nott s’attache à faire ressortir une écriture musicale très différente de celle de Rheingold, et beaucoup plus mélodique, ce sera tout au long de ce premier acte au détriment d’un certain élan, d’une fougue, d’une montée inexorable de la passion entre les deux jumeaux. Ce sera bien notre seule réserve à l’endroit d’une direction musicale constamment attentive aux textures orchestrales, à la clarté des tuilages de sonorités, et profitant de la situation souterraine de l’orchestre pour donner des fortissimos de cuivres qui ne seront jamais écrasants.

Ric Furman, Theresa Kronthaler, Artyom Wasnetsov © Ingo Hoehn

On l’a dit, le meilleur registre de Ric Furman est celui de la vaillance et son récit à Hunding, « Friedmund darf ich nicht heissen », est tout entier dans la virulence. En revanche, ce dont on reste en manque, c’est d’abord d’une fluidité de la ligne de chant, mais c’est surtout d’un certain sentiment de fatalité, d’une couleur mélancolique, de la vocation au malheur que ressent le personnage (« des Wehes waltet’ich nur »), tout ce que disent d’ailleurs une clarinette ou un hautbois, sur le leitmotiv du malheur des Wälsung. En revanche, on ne lui mégotera pas l’éclat spectaculaire de ses deux appels « Wälse, Wälse ! », aussi terrassants que prolongés interminablement.

Pendant leur dialogue, leur lente approche tâtonnante l’un de l’autre, et tandis que Hunding s’endormira sur la table, assommé par le somnifère que lui aura fait boire Sieglinde, on va voir Wotan s’approcher en catimini du frêne, y planter l’épée et s’enfuir à pas de loup (évidemment).

Theresa Kronthaler est d’une étonnante intensité dans le récit de l’épée, « Eine Waffe lass mich dir weisen », dominant sans mal un tissage de leitmotiv par les cuivres et violons déchainés, et galvanisant un Ric Furman soulevant superbement son « Halt ich die Hehre umfangen – Ah ! t’étreindre, femme sublime ! »… En revanche, juste après, son Chant du printemps restera piètrement en manque d’exaltation et de sève. À sa décharge, est-ce une bonne idée de lui faire enlever précipitamment chemise et pantalon juste avant, on se le demande… C’est en tout cas dans cet équipage qu’il arrachera triomphalement l’épée.

Ric Furman et Theresa Kronthaler © Ingo Hoehn

Et c’est en sous-vêtements que tous deux termineront un premier acte orchestralement somptueux mais un peu languissant, réfugiés dans la maison comme deux enfants coupables. L’engagement de Theresa Kronthaler, éclatante dans son « Du bist der Lenz », la maturité de son timbre, ses phrasés envoûtants décidément soulèveront à eux seuls le duo final et amèneront le libérateur « Siegmund heiss ich ! » de son jumeau. Sauvés ? Non ! Dans une fin fulgurante (comme Wagner les aimait), Hunding surgira de nulle part pour s’emparer de Sieglinde et l’emporter au loin, tandis que ces fourbes de Donner et Froh se saisiront de Sigmund pour le ficeler sur une chaise et le bâillonner.

La voix de Brünnhilde, enfin

Non moins spectaculaire, le déchaînement des hyperactives Walkyries au début du deuxième acte. À défaut de chevaucher, elles envahissent la scène, un peu motardes, un peu gothiques, courent dans tous les sens, trimballent des cadavres, tandis que pour la première fois on entend la voix de cette Brünnhilde que depuis la veille déjà on voyait apparaître dans un coin ou l’autre du plateau, observant tout, témoin muet du passé légendaire des Dieux et de leur présent chaotique. Trine Møller est un grand soprano dramatique, qui commença d’ailleurs comme mezzo, d’où les couleurs fauves de sa voix impressionnante de puissance, et d’une solidité sans faille.

Trine Møller © Ingo Hoehn

Avant d’être confronté à elle, c’est d’abord avec Fricka que Wotan va devoir en découdre. Si nous avions été un peu réservé à l’égard de Solenn’ Lavanant Linke dans Das Rheingold, c’est peut-être parce qu’elle se réservait pour sa grande scène de la Walkyrie. En défenderesse de l’ordre des Dieux et du serment sacré de mariage (« der Ehe heiligen Eid ») elle sera d’une fougue et d’une énergie impressionnantes. C’est souvent un tunnel que cette querelle de ménage, que ces récriminations d’une épouse trompée par un époux engendrant une proliférante progéniture. Solenn’ Lavanant Linke dessine une Fricka jeune, élégante dans ses tenues très couture et surtout très politique dans sa résolution d’abattre ce Wälsung, ce Siegmund, en lequel Wotan met tous ses espoirs (ses espoirs de récupération de l’or volé par Alberich, en l’occurrence…), mais en qui elle voit, elle, le fossoyeur des Dieux.

Des femmes puissantes

Décidément, cette production fait la place belle aux femmes fortes : après Sieglinde, avant Brünnhilde, cette Fricka indomptable ne fait qu’une bouchée du long monologue « So ist denn aus » (et Jonathan Nott soutient sans faille sa fougue), elle montera encore d’un cran dans la fureur, avec superbe, jusqu’à son « Lass on dem Wälsung ! – Laisse tomber le Wälsung ! » suscitant chez le veule, ratiocinant, trop humain Wotan, le lâche renoncement qu’elle désirait. C’est elle qui lui suggèrera de confier à Brünnhilde la tâche de se débarrasser du jeune homme.

Grâce à la direction d’acteurs très serrée, très juste, de Benedikte von Peter, et à la conviction de l’interprète, cette scène retrouve pleinement son rôle stratégique. Fricka prend le pouvoir et la déconfiture de Wotan est d’abord assez réjouissante. Et justifie pleinement la scène capitale qui va venir.

Solenn Lavanant Linke et Nathan Berg © Ingo Hoehn

Inventer le texte à mesure qu’on le chante

Il est ainsi chez Wagner des moments qui font passer au second plan tout le pittoresque, toute la mythologie plus ou moins bousculée, tout l’arsenal du théâtre, pour arriver à une vérité simplement mais grandiosement humaine.
Sans doute la configuration particulière de cette production, tout ce qu’on a évoqué, la proximité, l’orchestre caché, etc. va-t-elle faire de la monumentale confession de Wotan à Brünnhilde un moment très exceptionnel. Dans son très long récit, Nathan Berg est totalement génial (et bouleversant). La voix est magnifique, aussi puissante que profonde, mais il a la finesse, la justesse, de ne chanter en somme que par surcroît : il dit son texte en grand acteur, c’est-à-dire qu’on croirait qu’il l’invente en le disant.

Le corps las, le teint hâve, sur le leitmotiv de l’amour à la clarinette basse, il va d’abord ramasser tous les jouets d’enfants, les poser sur la table, s’asseoir à côté de sa fille et commencer à raconter, à dire, le renoncement à l’amour d’Alberich et sa conquête de l’or, puis sa propre rencontre avec Erda à laquelle il a fait un enfant (ainsi Brünnhilde connaît-elle le mystère de sa naissance), tout cela dans un parlé-chanté très étonnant. L’orchestre fait des merveilles derrière lui, couleurs voilées des cors, velours des cordes, coups de boutoirs des contrebasses, et parfois la voix retrouve sa puissance pour un accent particulier. Notamment, dans un grand sursaut, pour évoquer cet enfant qu’Alberich a conçu avec une mortelle, et qui représente un autre danger insigne (ce sera Hagen).

Les deux Siegfried, les dieux et Nothung © Ingo Hoehn

Ainsi avance ce récit des origines, par lequel Brünnhilde apprend d’où elle vient et où elle doit aller, pour que les Dieux échappent à leur fatalité. Malheureusement pour Wotan, elle va refuser de lui obéir et d’abattre ce Siegmund.

Wagner féministe

Autre célébration de la grandeur féminine par Wagner : Sieglinde, exhortant Siegmund à s’échapper et à la fuir, monte à des sommets de générosité et de désespoir et Theresa Kronthaler se hisse à la hauteur de la dimension mythique de l’héroïne (et quelle tendresse dans son « wehre dem Kuss des verworfnen Weibes nicht – Ne refuse pas le baiser d’une femme déchue »).
De l’orchestre s’élève alors le thème de l’amour à la clarinette basse, passe le cheval blanc au loin, et apparaît Brünnhilde qui va essayer (en vain) de convaincre Siegmund de la suivre au Walhalla (leitmotiv superbe aux cors), « Y trouverai-je mon père, le loup ? » répond-il, et à son tour Ric Furman y est magnifique de mélancolie, comme l’orchestre de plus en plus lyrique au fil de cette scène d’amour paradoxale, qui (sur le thème de la mort) va se terminer par un foudroyant baiser de la Walkyrie au héros (et l’élan qui avait manqué au premier acte, c’est là que Jonathan Nott le trouvera).

Le temps d’une dernière éteinte entre les deux jumeaux incestueux, la fin de l’acte sera sanglante et brutale : Donner et Froh surgiront du Walhalla avec des airs de mafiosos pour enlever Sieglinde, Hunding surviendra en mugissant, accompagné de deux sbires, Siegmund voudra se battre, mais Wotan apparaîtra, saisira l’épée, la brisera sur son genou, puis empoignant sa lance, tuera successivement Siegmund et Hunding !
Tout cela sous les yeux du petit Siegfried. Dont on supposera qu’il sera né sans doute durant la transition entre le premier et le deuxième acte…

Ric Furman, Theresa Kronthaler, Trine Møller © Ingo Hoehn

L’empreinte du loup

Le troisième acte commencera à nouveau avec la voix off de Brünnhilde : « La nuit, je rêve d’un grand feu… » Traitée en nocturne sinistre, très Hellfest, ou Game of Thrones, la scène des Walkyries sera magnifiquement macabre, avec ciel d’orage, éclairs au loin, cheval blanc frémissant d’effroi et cadavres de héros basculés dans le trou des Nibelungen. Huit voix déchainées et des looks de hard rockeuses en furie ! Tout cela sous les yeux d’une Brünnhilde hagarde, leur racontant le meurtre de Siegmund par son père, et les suppliant de l’aider à soustraire Sieglinde et le petit garçon à la fureur de Wotan. Mais les rockeuses, à l’idée de désobéir, se défileront veulement.

C’est le moment où Brünnhilde pose sur le visage de l’enfant-Siegfried le masque de loup qui figurait parmi les jouets de l’Or du Rhin. Le Loup, c’est Wälse, son grand-père.

Et c’est le moment où dans son exaltation elle chante (et Trinne Møller peut y déployer toute sa voix) l’un des plus beaux thèmes, celui de la rédemption par l’amour, qu’on ne ré-entendra qu’une seule fois, tout à la fin de Götterdämmerung. C’est justement là que Wotan, profitant du fortissimo de l’orchestre, transpercera Sieglinde de sa lance, ce que Wagner certes n’avait pas prévu, mais d’un effet stupéfiant !

Les Walkyries prenant soin de Sieglinde © Ingo Hoehn

On a déjà dit que Nathan Berg est un formidable Wotan. Il est à nouveau grandiose de fureur, de noirceur, allant jusqu’à faire le geste d’étrangler Brünnhilde. La voix est immense, à la démesure des rugissements de l’orchestre. Le « aus meinem Angesicht bist du verbannt – tu es bannie pour toujours de ma vue » avec en arrière-plan le thème de la mort qui allie de façon indémêlable la rage, la déception, la rancœur, l’amour blessé, sans souci de la beauté sonore, et pourtant c’est extrêmement beau.
Image très forte ici, celle des Walkyrie littéralement s’entassant au-dessus de Brünnhilde pour la protéger de la violence de Wotan, tout en glapissant leur « Hör Unser Flehn ! – Écoute notre prière ! » Il les chassera comme des mouches et le thème des Walkyries mourra épuisé à l’orchestre, tandis que Donner et Froh, promus Walkyries de substitution, emballeront le petit corps de Sieglinde et le jetteront dans la fosse commune.

L’amour, la douleur, la solitude

Le calme retombé, Brünnhilde pourra essayer de se justifier, et Trinne Møller y sera d’une émouvante sincérité, mettant ses grands moyens vocaux au service de la seule expression. Son père, soudain presque rasséréné, commencera à laisser s’exprimer son amour profond, sa douleur et sa solitude. Et son dessein d’endormir sa fille jusqu’à ce qu’un simple mortel vienne l’éveiller et en fasse une femme.

Moment où les images se superposent : tandis que dans la maison Fricka, Froh et Donner enfilent des manteaux et se préparent à partir, que Wotan se saisit de sa vieille valise et de sa lance pour devenir le Wanderer, on voit entrer le fragile et touchant Mime qui va emporter dans ses bras l’enfant Siegfried endormi.

Trinne Møller et Nathan Berg © Ingo Hoehn

Monte alors le thème de Siegfried, tandis que Brünnhilde supplie de toute sa force qu’on la protège pendant un sommeil qui risque d’être long… Wotan allumera alors une longue allumette et on se demandera un instant si le metteur en scène se contentera de cette seule flamme symbolique, mais c’est bien la rampe de flamme qui veillera sur le sommeil de l’ex-Walkyrie, dans la maison devenue rocher après avoir été Walhalla.

Les yeux de Brünnhilde

Le « Leb wohl ! » par Nathan Berg aura toute l’ampleur qu’on imagine, mais, quand les fureurs de l’orchestre s’apaiseront et que les cordes feront chanter le thème des adieux, c’est dans sa déploration « Der Augen leuchtendes Paar » que l’unseligen Ewigen, le dieu infortuné, montera encore d’un cran dans l’émotion, la disant en liedersänger, et la voix se brisant presque en lui donnant le baiser qui prive Brünnhilde de sa divinité.

Avant que d’un grand rire sardonique, il n’efface cette fragilité et ne convoque Loge pour qu’il allume les flammes (et l’orchestre y sera somptueux à nouveau).

C’est alors qu’apparaîtra au fond de la scène, ultime image déconcertante, un immense loup en armure (au jugé, quatre bons mètres), comme un rappel démesuré des jouets d’enfants qu’on avait vus au début de l’Or du Rhin

Fin drolatique d’un spectacle superbe. Bouleversant même.

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Le 14 août 1876

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Benedikt von Peter
Avec la collaboration de
Caterina Cianfarini
Scénographie
Natascha von Steiger
Costumes
Katrin Lea Tag
Lumières
Roland Edrich
Dramaturgie
Roman Reeger

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Hanna Schwarz
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Ronan Caillet
Donner
Michael Borth
Mime
Karl-Heinz Brandt

Orchestre symphonique de Bâle
Direction musicale
Jonathan Nott

Théâtre de Bâle (Suisse)
21 mai 2025, 17h

Reprise d’une production créée en 2023

Prochain cycle complet : du 4 au 9 juin 2025

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