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[ Août 2007 ]

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José Manuel Zapata


José Manuel Zapata
dans Otello à Pesaro
© Studio Amati Bacciardi


Le maestro Zedda a joué un rôle important au début de votre carrière. Comment l’avez-vous rencontré ?

Un rôle important ; c’est le moins qu’on puisse dire ! Je le considère comme mon père artistique ; il m’a tout appris. J’ai débuté comme chanteur professionnel sous sa direction. C’était en 2002 à Oviedo dans Le turc en Italie ; j’interprétais le rôle d’Albazar. Nous avons eu dès le départ d’excellents rapports. Je lui ai alors demandé de faire partie de l’Accademia Rossiniana à Pesaro. Il a immédiatement accepté. Mais auparavant, il m’a proposé de venir chanter en mars 2003 le chevalier Belfiore dans Le voyage à Reims à Varsovie avec, entre autres, Rockwell Blake et Ewa Podles. J’ai ensuite intégré l’Accademia pour commencer ma véritable carrière avec de nouveau, dès l’été 2003, Le voyage à Reims mais cette fois dans le rôle du Comte de Libenskof ; un rôle moins lyrique que celui de Belfiore mais plus spectaculaire. J’ai ensuite interprété l’un et l’autre un peu partout, à Madrid, à Gènes… 

Belfiore, Libenskof… Quels sont les autres rôles rossiniens de votre répertoire ?

Pratiquement tous : Idreno dans Semiramide – le plus périlleux sans doute, surtout depuis que Juan Diego Florez a rétabli l’usage du premier air « Ah dov'è, dov'è il cimento » - L’occasione fa il ladro, Adelaide di Borgogna, La Cenerentola, La gazetta, L’inganno felice, La scala di seta, Almaviva dans Le Barbier de Seville – mon préféré car peut-être le plus complet : tendre, lyrique mais aussi virtuose avec sa cabalette finale « Cessa di piu resistere » - Giocondo dans La pietra del paragone et d’autres encore… Si Rossini demeure mon compositeur de prédilection avec cette manière géniale de mettre les mots en musique, j’ai aussi interprété Bellini – Elvino dans La somnambula - Donizetti – Ernesto dans Don Pasquale - et même Puccini – Rinuccio dans Gianni Schicchi !

Vous avez chanté Giocondo à Paris et à Parme dans une production très moderne de La Pietra del Paragone. Quel pensez-vous des mises en scène contemporaines ?

Je n’ai rien à dire contre du moment que la musique et le livret sont respectés. Au contraire même, je pense qu’il faut trouver sans cesse de nouvelles idées sinon le public risque à la longue de s’ennuyer. La Traviata et tant d’autres opéras racontent des histoires intemporelles, qui sont vraies quelle que soit l’époque ; pourquoi alors ne pas les représenter dans des costumes et décors d’aujourd’hui ? La pietra del Paragone à Paris a eu un énorme succès parce que justement elle actualisait le propos et utilisait des nouvelles techniques tout en respectant l’œuvre. Dans le même ordre d’idée, j’apprécie énormément le travail de Damiano Michieletto sur la production actuelle de La gazza ladra à Pesaro. Je trouve très poétique l’idée de transformer la pie en petite fille et de traiter l’histoire comme un rêve. Je l’ai déjà vue trois fois, avec d’autant plus de plaisir que Mariola Cantarero, l’interprète de Ninetta, est une compatriote et une amie.

A Pesaro cette saison, vous remplacez au pied levé Chris Merrit dans Otello. Comment avez-vous pu vous glisser aussi rapidement dans le costume de Iago ?

Le Maestro Zedda m’a prévenu deux semaines auparavant que Chris Merrit avait des problèmes avec sa jambe et pourrait ne pas assurer toutes les représentations ; j’ai donc commencé à étudier le rôle. Il est assez court en fait - il ne comprend que deux duos et un concertato – mais il est clé. Iago tire toutes les ficelles ou plutôt, dans cette production, les portes ! Il y en a beaucoup par lesquelles entrer ou sortir et je n’ai eu qu’une seule répétition pour apprendre tous les déplacements. J’aurais aimé disposer de plus de temps pour mieux composer le personnage ; surtout pour une fois que j’interprète un méchant ! Vocalement, comme toujours avec Rossini, l’écriture est très virtuose, moins qu’Idreno évidemment mais quand même… La pression est d’autant plus forte que je suis en compagnie de deux monstres sacrés : Gregory Kunde et Juan Diego Florez que je considère comme le plus grand ténor rossinien de notre époque. Même s’il est plus facile de chanter avec des chanteurs confirmés qu’avec des débutants, je dois être à la hauteur, ce qui n’est pas peu dire !

Quels sont vos projets – rossiniens ou non – pour les saisons à venir ?

La production de Torvaldo e Dorliska dans laquelle je devais chanter à Naples en septembre a malheureusement été annulée pour des raisons financières. Mon prochain rôle sera donc Argirio dans Tancredi en décembre à Madrid avec Ewa Podles et Mariola Cantarero. Autre rendez-vous important : je ferai mes débuts au Metropolitan de New York en février 2008 dans Almaviva, en attendant d’interpréter au même endroit Armida aux côtés de Renée Fleming. Ce sera en 2010. En dehors de Rossini, j’ai dans mes tablettes un Nemorino prévu pour 2011, une Anna Bolena à Barcelone et une Fille du régiment  qui est d’ores et déjà signée mais je ne peux pas encore dire où…

Propos recueillis par Brigitte Cormier et Christophe Rizoud ;
traduits par Christophe Rizoud

> voir aussi la critique d'Otello à Pesaro
[ Juin2007 ]

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