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Oser rêver !
Entretien avec Danielle de Niese

Danielle DE NIESE
Credits : Photo: Decca / Lorenzo Aguis
Copyright: Decca

Si vous ne la connaissez pas, la pochette un peu racoleuse de son album a de quoi inspirer la méfiance. A fortiori si vous faites partie des mélomanes écoeurés par le jeunisme agressif qui a envahi le marché du classique. Oui, Danielle de Niese est belle, rayonnante et sensuelle, mais elle a beaucoup plus à offrir. C’est ce qu’on appelle une nature : généreuse, passionnée, curieuse et, par-dessus tout, sincère. Le mot vous a toujours paru obscène ? Avec elle, il retrouve sa raison d’être. La sincérité ne se prouve pas, elle s’éprouve, vous submerge, vous bouleverse, vous ragaillardit aussi. Il y a des voix plus riches, des aigus mieux assurés, mais il n’y a qu’une Danielle de Niese, unique parce qu’authentique. C’est ce qui fait tout le prix de son récital Haendel, miracle de fraîcheur et d’intensité, vécu comme un live, et auquel beaucoup se ressourceront encore dans cinq ou dix ans – autant dire une éternité dans notre société de l’instantané. La commercialisation de cette véritable potion magique et la reprise du Giulio Cesare des Herrmann à la Monnaie nous offraient l’occasion de rencontrer Danielle de Niese, de lui donner la parole pour mieux décrypter une imagerie… obsédante. A mille lieue des discours promotionnels et formatés, elle évoque la préparation de son album, ses coups de cœur, mais aussi ses doutes, son travail avec David Mc Vicar ou avec les Herrmann, sa conception de Cléopâtre, etc.




Quand le Times vous décrit comme une "an all-singing, all-dancing superstar sexe bomb" ou que le Telegraph titre "The soprano sex kitten shimmies back" (1), ne craignez-vous pas qu’on ne reconnaisse pas aussi et peut-être d’abord vos talents de musicienne ?

C’est quelque chose que je ne peux pas éviter. Je suis née comme ça ! Je n’ai pas fait de lifting pour avoir ce visage. Et je remercie Dieu d’avoir ce corps et cette condition physique qui m’aident à partager des émotions sur scène. Avec tous les problèmes qu’il y a dans le monde aujourd’hui, ce n’est pas moi qui vais me plaindre et dire : « Ah, mais pourquoi je suis née ainsi ! » parce que des gens ne pensent qu’à mon apparence. S’ils se limitent à ce qu’ils voient – peut-être parce qu’ils sont un peu étroits d’esprit –, il en va tout autrement avec mes collègues et avec les chefs d’orchestre. J’ai travaillé avec Levine, Masur, Ozawa, Jacobs, Christie, Minkowski, Harnoncourt, Previn, Rousset, Haïm… On ne peut arriver à travailler avec ces musiciens sans avoir une voix ni surtout sans être soi-même un vrai musicien. J’ai étudié le piano et la théorie de la musique dès l’âge de huit ans. Cela m’attriste qu’une personne qui ne me connaît pas me réduise à mon physique, mais je n’y peux rien...

N’est-ce pas aussi parce que le Giulio Cesare de David Mc Vicar, qui a lancé votre carrière internationale, misait beaucoup sur votre sex-appeal ? Le public s’attache à la première image, surtout quand elle est aussi forte.

Oui, mais c’est tout de même bizarre, parce que – vous le savez sans doute mieux en Europe qu’aux Etats-Unis – je suis loin d’être la première jolie fille qui chante à l’opéra ! Le monde regorge de chanteuses et spécialement de sopranos qui sont à la fois super belles et musiciennes. Je suis flattée que la presse britannique écrive de moi que je suis une bombe sexuelle, mais je n’ai rien montré, alors qu’on pourrait penser que je me suis complètement dénudée ! Des chanteuses l’ont fait ici en Europe. Maria Ewing était nue dans le Couronnement de Poppée à Glyndebourne. Christine Schäffer dans la production des Herrmann lors de sa création à Amsterdam. Ceci dit, je ne me plains pas, parce que même en Angleterre, si les critiques ont beaucoup glosé sur mon physique et souligné que toutes les tenues que je portais étaient très sexy, ils ont néanmoins toujours parlé de ma voix, de la qualité de mon chant. Si l’un d’eux ne s’était arrêté qu’au personnage, cela m’aurait frustrée, mais ce n’est jamais arrivé.

Si les critiques comme le public vous ont trouvée irrésistible, c’est aussi parce que vous avez une présence incroyable, vous êtes très naturelle sur scène…

Le langage du corps, quoi qu’on interprète, est un langage intégral.

Oui, mais il n’y a pas beaucoup de chanteurs d’opéra qui développent une telle expressivité corporelle…

Ce n’est pas une philosophie, un calcul : je suis née comme ça, j’ai tendance à utiliser tout mon corps, toutes mes ressources pour incarner un personnage.

Le disque est un test car, enfin, il n’y a plus d’image, il n’y a plus que la musicienne. Or, on retrouve la même énergie, le même engagement !

J’y ai mis toute mon âme. Je voulais réussir à évoquer le parcours émotionnel de chaque personnage au moment où il chante l’air en question. Je voulais que l’auditeur vive ce moment avec moi. J’aurais pu, puisque les gens me disent avant tout belle, privilégier le beau chant et mettre le drame de côté. Si vous ne songez qu’à chanter, cela peut être très réussi, techniquement parfait…

Mais c’est le genre de disque qu’on oublie rapidement et auquel on ne revient pas…

Oui, c’est aussi mon opinion. Il y a un monde entre chanter et interpréter !

Alors que, même avec des défauts, votre disque est très personnel.

Ce que vous me dite me touche vraiment au fond du cœur. Vous ne pouvez pas vous imaginer les doutes qui vous assaillent, à mon âge. Je donne tout et puis quand j’écoute l’enregistrement, je me dis : non, tu ne peux pas le faire maintenant ! Si tu avais attendu trois mois, ce serait mieux. Mais ce sera toujours comme ça. Même à quarante ans. Je me souviens de la Freni, lors d’une master class, quelqu’un a passé un de ses disques et elle a fait : «  Ah non, je n’aime pas, quelle horreur ! » Alors si même la Freni se dit encore : «Ça je pourrais le faire mieux »… C’est normal, en même temps, que nous cherchions à donner le meilleur de nous-même, mais je ne veux plus me torturer en me disant que je n’aime pas le disque. Je l’aime dans la mesure où j’y ai mis tout ce que je pouvais…

Vous auriez pu vous contenter d’aligner des tubes, or vous avez également retenu des airs peu connus, tirés par exemple d’Amadigi ou de Teseo. Comment avez-vous établi le programme ?

C’était très difficile, car l’œuvre de Haendel est d’une telle richesse ! Pendant six mois, j’ai sans cesse réduit le programme. J’avais demandé à DECCA de pouvoir graver l’équivalent des cassettes audio, deux fois une heure. Ils ont évidemment refusé ! « 60 minutes »  m’ont-ils répondu, j’ai dit: «  Non, 70, 75, s’il vous plaît ! ». On est arrivé à 75 minutes plus le bonus track. Je voulais avant tout réunir des personnages forts, intenses, convaincus. Par ailleurs, nous cherchions à trouver un équilibre entre les airs connus et des pages plus rares. Il y a aujourd’hui un public avide d’inédits, les critiques aiment ça aussi. J’aurais donc pu chanter uniquement des airs de Haendel que personne n’a enregistrés, mais si certains ne sont pas connus, c’est parfois pour de bonnes raisons – c’est également vrai pour Mozart d’ailleurs. Je ne voulais pas me limiter à ces pages pour avoir le mérite de faire quelque chose d’original. Bien sûr, en faisant cela, j’aurais évité les comparaisons. Si vous faites quelque chose que personne n’a jamais fait, on ne peut pas vous dire : « oui, mais l’interprétation de Leontyne Price, c’est autre chose ! Je m’en souviens encore. » C’est nettement plus risqué de choisir « Lascia ch’io pianga », dont il y a cent mille interprétations !

Vous avez retenu le lamento de Ginevra. Ariodante est bien sûr un ouvrage connu, mais il n’y a guère de chanteuses qui ont gravé cet air en récital…

J’ai fait pas mal de recherches, notamment sur Internet, dans les catalogues, et je l’ai trouvé une seule fois, je pense. Cette idée nous est venue à Paris. J’avais prévu un air de Rodelinda et cela m’a vraiment brisé le cœur de l’enlever.

Lequel aviez-vous retenu ?

« Se’l mio duol non è si forte ». J’ai chanté le rôle un jour et j’ai vraiment été contrariée parce qu’ils ont enlevé «Morrai si, l’empia sua testa », or j’avais préparé les plus beaux ornements qu’on puisse imaginer, dans une sorte d’hommage à Joan Sutherland. En fait, ils voulaient également supprimer le dernier air de Rodelinda, «  Mio caro bene ». Là j’ai dit non, c’est le seul moment où elle peut exprimer sa joie ! Ils m’ont demandé de choisir. Même si j’adore « Morrai si », dramatiquement, l’air du triomphe à la fin est plus important et je l’ai gardé. Sans lui, Rodelinda ne chante que des airs tristes, magnifiques, mais lourds.

Et au disque, pourquoi avez-vous remplacé Rodelinda par Ginevra ?

Après que je l’ai chantée au TCE, Dominique Meyer, des gens de Radio France et de DECCA, mes parents, tout le monde m’a dit : «cet air, tu dois le chanter, fais-le !». Je leur ai dit que j’avais déjà bouclé le disque, mais ils ont insisté.

Ils ont eu raison, c’est le climax de l’album…

En fait, j’ai programmé moi-même l’ordre des plages. La relation entre les tonalités des airs est vraiment essentielle. Tout le disque est un voyage. J’ai mis exprès « Felicissima » avant parce que c’est un air plus calme, qui prépare l’auditeur à descendre vraiment dans l’émotion de Ginevra. Si on met « Tornami a vagheggiar », ça ne marche pas du tout. La scène de Ginevra est longue aussi. J’ai donc dû enlever l’air de Rodelinda parce que le disque peut tolérer deux, trois pièces de cette intensité émotionnelle, mais pas plus. Si j’avais mis le lamento de Ginevra et celui de Rodelinda ou encore « Se pietà », cela aurait fait trop d’émotions du même type pour un seul disque. Mais je suis contente de mes choix. Quelqu’un m’a suggéré un autre air de Teseo, « Moriro ma vendicata », que j’aime aussi, mais le choix était très important pour éclairer la personnalité de Médée. Et je trouvais plus intéressant de montrer une Médée nostalgique, même si par la suite elle a des airs de furie.

C’est pour la même raison que vous avez écarté « Sibillando, ululando, fulminate la rival » ?

Oui. Je m’en souviens très bien, mais les autres étaient plus riches mélodiquement parlant. Ceci dit, il y a une autre partie dans cet air qui m’a tout de suite saisie et conquise [Elle commence à le chanter] et où j’ai cru entendre « Rejoice Greatly » [Le Messie]. Je me suis dit alors que si je ne mettais pas « Rejoice Greatly », cet air de Médée pourrait produire chez l’auditeur qui connaît bien Haendel un déclic, comme une étincelle de re-connaissance. Mais en examinant la partition de Teseo, j’ai trouvé le premier air de Médée, au deuxième acte, « Dolce riposo », vraiment sublime. Je crois que Haendel est tombé amoureux de ces magiciennes. Il les a peintes avec une telle sympathie ! Ce sont, a priori, des rôles diaboliques, effrayants, mais ils revêtent plusieurs dimensions. Je trouve incroyable qu’une page telle que « Dolce riposo » puisse être chantée par Médée. Cette semi-aria, dotée d’un bref Da Capo que vous n’ornementez quasiment pas, exprime une telle douleur, une telle vulnérabilité ! Dès les premières mesures, j’ai immédiatement su que je voulais cet air sur le disque.

Vous êtes à l’affiche du Giulio Cesare des Herrmann que la Monnaie reprend en ce début d’année. D’une production à l’autre, le rôle de Cléopâtre vous colle décidément à la peau. J’ai lu que vous la trouviez drôle, féminine, flirteuse, mais pas politicienne.

Non, je n’ai jamais dit qu’elle n’était pas politicienne ! C’est une erreur, je n’ai pas été bien comprise. Elle illustre de nombreuses facettes de la féminité. Au début de l’opéra, elle est plutôt jeune d’esprit, mais se montre rapidement habile, elle est si intelligente ! L’Histoire nous apprend qu’elle fut très bien éduquée, à un âge précoce, et qu’elle nourrissait fort tôt des ambitions politiques. Elle possède à la fois l’intelligence et le charme féminin, qu’elle sait utiliser à ses fins.

Un peu comme Poppée ?

Oui, d’une certaine manière, mais la figure de Cléopâtre est sans doute mieux mise en valeur. Avec « Se pietà », « Piangerò », Haendel lui donne des scènes entières que Monteverdi n’offre pas à Poppée.

N’est-elle pas finalement plus intéressante que César ?

César est César une bonne fois pour toutes, il n’évolue guère au fil de l’opéra. Cléopâtre fait un immense voyage émotionnel. Elle est fort jeune, en danger, elle sent le pouvoir lui échapper et fait tout ce qu’elle peut pour le garder…

Vous la jouez d’ailleurs très rebelle dans « Piangerò » ?

Oui, elle est littéralement dépouillée et humiliée par son frère. Elle montre une grande dignité dans cet air, car si au début elle semble pitoyable, dans la section B de l’air, elle se rend compte qu’au milieu de ce désespoir, la seule chose qui lui reste, c’est son espoir de revanche et elle s’y accroche. Mais avec le Da Capo, c’est en quelque sorte la vraie Cléopâtre qui réapparaît, comme pour dire : «  Je peux dissimuler un moment ma détresse sous cette idée de revanche, mais la vérité, c’est que je vais regretter toute ma vie ce pouvoir hérité de mon père ». Elle aimait énormément son père, on l’appelait d’ailleurs « Cléopâtre Philopator ». Mais elle n’a pas vraiment eu le temps de le pleurer, parce que le pouvoir était déjà disputé. En fait, elle a été trop tôt impliquée dans la politique. Cléopâtre dissimule sa stratégie politique sous ses manières aguicheuses. Elle s’avère bien meilleure politicienne que son frère, parce que celui-ci use de la force pour essayer d’obtenir une alliance avec César. Cléopâtre, elle, réalise vite que la force ne marche pas. Je pense qu’elle incarne le politicien par excellence.

Vous disiez avoir une alchimie particulière avec David Daniels, à Glyndebourne, aujourd’hui, vous avez pour partenaire un autre haendélien de haut vol, Lawrence Zazzo. Comment se passe le travail avec lui ?

Nous avons fait deux spectacles ensemble au Metropolitan, en avril [Zazzo faisait ses débuts au Met] et le courant passait fort bien. Il interprétait également Tolomeo à Glyndebourne en 2006. C’est un artiste remarquablement intelligent et les choses se passent fort bien sous la direction de René, qui est un vrai magicien. C’est la première fois que je travaille avec lui et nous trouvons ensemble des couleurs magnifiques.

René Jacobs a généralement une idée très précise de ce qu’il veut entendre. Il vous propose aussi des ornements, comme il le fait habituellement avec les chanteurs ?

Sur cette production, vous allez entendre des ornements inédits. René les a magnifiquement écrits. Hormis quelques uns, ce ne sont pas les miens. C’est d’ailleurs normal : si vous interprétez un rôle avec un nouveau chef, ce doit être une véritable collaboration, il ne faut pas vous refermer et vous dire que vous allez chanter vos seuls ornements parce que vous savez qu’ils vous conviennent. C’était une expérience très stimulante de dire : Ok, je déchire la page [elle mime et bruite le geste] et je reprends… Da Capo [rires]. C’est un des plaisirs que procure la musique baroque : on ne fait jamais la même Cléopâtre, on cherche sans cesse et on renouvelle l’interprétation.

Christophe Dumaux m’expliquait que David Mc Vicar était très ouvert et curieux de découvrir les idées des chanteurs. Peut-on dire que la Cléopâtre que vous avez jouée à Glyndebourne est autant la vôtre que la sienne ?

Oui, il exploite la personnalité des chanteurs. C’est pourquoi, par exemple, le Tolomeo de Christophe Dumaux est presque impossible à jouer pour un autre chanteur. Nous avons pu développer un rythme très personnel dans les rôles de frère et sœur. Nous sommes tous les deux pleins d’énergie et nous avons trouvé un excellent feeling ensemble. Cela fait partie du processus du création de David : il n’a pas pensé à tout avant. Or, il y a des metteurs en scène qui ont déjà préparé chaque mouvement. Peu importe s’il y a quelque chose que vous ne pouvez pas faire ou que vous ne sentez pas : il faut traduire leur vision. David a une manière beaucoup plus organique de travailler: explorons ensemble ce personnage. S’il voit quelque chose qui l’intrigue, il vous demande immédiatement : « Pourquoi l’as-tu joué ainsi ? » Vous lui expliquez ce à quoi vous pensiez et il vous répond : «  Ok, ça je n’ai pas compris, donc si c’est ce que tu veux montrer, il faut me le faire comprendre de cette manière… ». Quand il regarde l’action, il est parfois à un mètre de distance : il veut voir ce que vous faites, ce que vous pensez et le voir sur votre visage afin de vérifier que vous n’êtes pas en train de jouer en pilote automatique, car c’est la chose qu’il déteste le plus. Pour des gens comme moi, Christophe ou Patricia Bardon, qui ont refait la production, il a justement cherché à voir si nous étions en pilote automatique. Il nous disait : «  Il ne faut pas reconstituer la production d’après tes souvenirs, il faut jouer dans le moment même ». C’est génial pour un metteur en scène d’avoir confiance dans sa production au point de pouvoir la laisser respirer, grandir, évoluer.

Comparaison n’est pas raison, mais néanmoins, comment cela s’est-il passé avec les Herrman ?

C’est tout à fait différent. On se réunit autour d’une table avec la musique et on commence à parler du récitatif – un peu moins cette fois-ci parce que c’était une reprise, mais en 2001, on a pu parler 45 minutes d’un récitatif de 20 secondes. Ensuite, on chante le récitatif, on peut le marquer aussi, moi je préfère, mais les autres préfèrent chanter en général. Karl-Ernst et Ursel analysent votre expression, les couleurs que vous mettez, etc. Dès mon arrivée aux répétitions, nous avons travaillé la première scène. Nireno arrive et dit : «  Tolomeo a fait couper la tête de… » sans terminer sa phrase. Et je réponds : «  Oh la la ! De qui ? » Il y a plein de manières de le jouer, mais d’habitude, Cléopâtre fait : «  Ohimè ! Di chi ? » [Danielle de Niese prend un air catastrophé en le disant]. Moi, j’ai fait : « Pff ! Ohimè. Di chi ? » comme pour dire : « mais chaque jour, Tolomeo coupe la tête de quelqu’un ! » Parce qu’en Egypte, ce n’était pas rare de décapiter celui qui avait commis une faute. Ursel m’a tout de suite dit : «  J’aime ça! Que tu aies pensé à y mettre une autre intention. On ne l’avait pas encore fait avant, on va le retenir. » C’est là qu’elle commence à construire une structure d’intentions. Après on s’est mis en scène et, comme c’était une reprise, on s’est souvenu des mouvements… C’est très minutieux comme travail, précis, chaque émotion, chaque intention est pensée.

C’est un travail hyper structuré…

Oui, mais cela ne veut pas dire que David, lui, n’est pas structuré, réfléchi. Il n’y a pas un moment qui ne soit mis en scène et c’est pour cela que les gens de sa production disent que le temps passe super vite : chaque scène retient vraiment votre attention, vous captive et vous ne voyez pas le temps passer. C’est simplement une autre approche de la régie et du texte.

Dans le baroque, il y a un univers qui, a priori, doit aussi attirer « la soprano qui danse » comme vous a surnommé un journaliste français: l’opéra-ballet. Vous avez chanté dans Les Indes Galantes et Les Paladins avec William Christie…

J’avais vraiment peur lorsque j’ai abordé ce répertoire la première fois parce que je me disais que Bill est un expert, alors que je ne suis qu’une débutante. Mais j’ai un vrai feeling avec cette musique. Ce genre d’opéra est tellement différent… On pourrait, d’une certaine manière, le qualifier de « surjoué », c’est particulièrement vrai des Paladins. Tout est plus appuyé dans le baroque français. D’autre part, la trame manque parfois de solidité, de cohésion parce que l’opéra est avant tout formé de tableaux. C’est beaucoup plus un spectacle qu’une action dramatique à proprement parler. Ceci étant, chez Rameau, vous avez parfois la possibilité de construire un récit solide et efficace, mais il arrive que l’argument soit vraiment trop faible. Par contre, la musique est tellement géniale ! J’aimerais faire plus de Rameau. Avant de me lancer dans un album Haendel, j’avais envisagé de réaliser un album également baroque, mais plus éclectique, où j’aurais pu inclure “Tristes apprêts, pâles flambeaux”. Quand j’ai entendu cet air la première fois, j’ai senti que je quittais mon corps pour gagner le ciel de Rameau !

Comment avez-vous découvert le baroque ?

C’était avec Marc Minkowski, à Amsterdam.

Et lui, comment vous a-t-il découverte ?

Là je dois remercier Peter de Caluwe, le directeur de la Monnaie. Il m’a entendue à dix-huit ans, alors que j’étais en première année à l’université, je passais une audition à New-York. J’ai notamment chanté « Piangerò » et « V’adoro, pupille », je pense, et il m’a tout de suite imaginée en Cléopâtre.

C’était donc avant Barberina et vos débuts au Met ?
    
Oui, j’ai chanté pour lui et pour le Met à la même époque. A dix-huit ans, j’ai fait Suzanna à l’université. Le Met était là. Peter m’a entendue et m’a retenue pour le Giulio Cesare qu’il allait programmer en 2001. Entre temps, à dix-neuf ans, j’ai dû chanter pour Marc, j’étais à Paris, l’été, pour étudier le français. C’est ainsi qu’est née notre collaboration. Je suis très fidèle à ces personnes qui ont cru en moi, dès le début, quand j’étais toute jeune, c’est un cadeau extraordinaire qu’elles m’ont fait. Cela m’a donné du courage…

Le Giulio Cesare de Glyndebourne a été publié en DVD, mais avez-vous en projet d’enregistrer l’un ou l’autre opéra de Haendel ?

J’aimerais vraiment bien, oui.

Et y a-t-il un rôle qui vous tente plus qu’un autre ?

Sémélé, en DVD, parce que je ne l’ai jamais fait en scène. Je ne sais pas vous dire pourquoi, mais je veux aussi mourir en scène ! Il y a tellement de rôles qui offrent cette possibilité. J’aimerais aussi enregistrer Rodelinda. Comme je vous le disais, j’ai déjà chanté le rôle, c’était à Toronto, en 2005. J’ai eu pas mal de succès et j’ai d’ailleurs été nominée au Dora Moore Award. C’est une bonne chose pour moi que de jouer contre les stéréotypes : les gens voient que je joue Cléopâtre, Poppée, Sémélé, mais Rodelinda n’a rien à voir avec ces personnages. J’ai convaincu le public que je pouvais incarner une Rodelinda, certes jeune, mais crédible. J’aimerais bien faire une autre production et l’enregistrer.

Vous aimeriez également chanter Norina et Adina. Est-ce une transition plus facile après avoir abordé le premier belcanto ?

Je pense que c’est une bonne introduction au répertoire du XIXe. Les rôles plus lourds de Bellini notamment requièrent une connaissance du style que je n’ai pas encore. Cela ne veut pas dire que Norina et Adina sont faciles, mais c’est une première étape nécessaire avant, plus tard, de chanter La Sonambula ou I Capuleti ed Montecchi.

Imaginons un instant que vous puissiez choisir un autre type de voix, voire une autre tessiture. Quel rôle rêveriez-vous d’incarner ?

Comme soprano, j’aimerais chanter Manon. Mais ce serait formidable aussi de pouvoir faire Tosca ! Ce n’est pas pour ma voix, je le crains… Il faudrait qu’elle acquière la sonorité et les caractéristiques d’une spinto et je doute qu’elle évolue dans cette direction.
J’aimerais aussi interpréter la Maréchale. Mais c’est une femme au crépuscule de sa vie et il est trop tôt pour que je puisse l’incarner de manière convaincante. Je ne veux pas dire que les femmes dans la quarantaine sont à l’automne de leur vie, mais elles ont plus d’expérience et comprennent certainement mieux le personnage.

C’est encore l’actrice qui parle. Vous avez dit : « la chose qui me donne le plus d’énergie c’est le désir de la scène. » Faut-il comprendre que le répertoire sacré vous intéresse moins ?

Pas du tout ! J’aime beaucoup la musique sacrée. Plus jeune, j’ai interprété de nombreuses cantates de Bach. A l’université, nous donnions pas mal de concerts dans des églises. Le Messie est une de mes œuvres favorites. Chaque année, je supplie mon manager : « S’il te plaît, trouve-moi un Messie, je voudrais le chanter pour Noël ! » Et il me dit : « Danny, c’est difficile, les gens ne vont pas faire venir une chanteuse de l’étranger, ils feront appel à une artiste locale. » J’aimerais aussi enregistrer un album de musique sacrée et interpréter le Laudate Dominum de Mozart. J’ai chanté le Requiem à Paris, c’était un concert pour les victimes du Tsunami et la reconstruction des régions dévastées. Vous savez, vous n’avez pas besoin d’un personnage pour raconter une histoire ou traduire des affects. Tout ce dont vous avez besoin, ce sont des mots. La musique sacrée n’a pas moins de valeur à mes yeux. Les gens se disent peut-être qu’étant donné que je me sens avant tout actrice, je ne peux chanter que des rôles d’opéra, mais ce n’est pas vrai. L’autre jour, en me réveillant, j’étais d’humeur à écouter des mélodies de Bizet. J’écoute énormément d’albums en ce moment parce que je prépare une tournée de récitals. Il y aura bien sûr de l’opéra, ne serait-ce que parce que le public en attend, mais en ce moment je baigne dans la musique de chambre. J’ai une quantité phénoménale de partitions chez moi ! J’aimerais aussi projeter un album de musique de chambre pour lequel je réunirais mes amis musiciens, comme Joshua Bell ou ceux du Metropolitan Orchestra.

Vous auriez besoin de plusieurs vies pour réaliser tous vos projets !

Oui, c’est exactement ce que je disais hier ! Je suis attirée par tant de musiques que l’espace d’une vie ne sera pas suffisant pour tout chanter. Il me faudrait deux vies.

L’actrice parlait tout à l’heure de mourir sur scène, à ce propos, vous avez croisé la route d’Hannibal le Cannibal (2) . Cela ne vous a pas donné envie de faire du cinéma ?

Cela m’a beaucoup plu, mais c’est totalement différent : à l’opéra, on peut faire le voyage émotionnel d’un rôle complet en une soirée. Au cinéma, vous arrivez sur le plateau et on vous dit : « maintenant tu vas jouer la scène où tu meurs ». C’est la fin du film et … le premier jour du tournage ! Il faut avoir la capacité de saisir un moment très précis sans avoir suivi l’évolution du personnage, c’est vraiment difficile.

C’est pourtant, d’une certaine manière, ce que vous essayez de faire sur votre disque, où vous interprétez des scènes isolées, tirées de leur contexte...

Oui, mais ce n’est vraiment pas évident de raconter une histoire sans public. J’essaie de faire comme si j’étais en scène et de me représenter une situation très concrète. Il ne s’agit pas de se dire, simplement : « Maintenant, je suis triste, donc je prends un air triste pour chanter ». Ca ne marche pas. Je me demande : « Où suis-je pendant cet air ? A l’extérieur ? Seule ? Est-ce le jour où la nuit ? Ai-je dormi ? » Etc.

Vous vous faites une mise en scène dans votre tête.

Oui, en quelque sorte. C’était vraiment dur de se donner devant un micro. J’espère que le deuxième disque sera encore mieux de ce point de vue…

Le programme en est déjà arrêté ?

Oui, mais je ne peux rien dire.

Un indice ?

Ce sera peut-être encore baroque…Je pense que c’est bon pour moi. J’ai le temps, je ne dois pas chanter Traviata demain !

Nous évoquions vos débuts au Met, tout à l’heure. A dix-neuf ans, vous campiez Barberina aux côtés de Renée Fléming, Bryn Terfel et Cecilia Bartoli ! Est-ce que vous réalisiez ce qui vous arrivait ? N’étiez-vous pas paralysée par le trac ?

Je réalisais ce qui m’arrivait alors et ne j’étais pas du tout paralysée. J’étais calme et prête. Ils sont tous extrêmement gentils, humbles et ils travaillent dur ! Avec eux, j’ai vraiment compris ce que cela veut dire d’être au sommet de sa carrière. C’est eux qui travaillent le plus. Ils me l’ont prouvé lorsque je les ai rencontrés sur cette production. D’aucuns croient peut-être que les stars restent assises à ne rien faire, qu’elles ne travaillent plus parce qu’elles sont célèbres, mais c’est totalement faux. Ce n’est pas la définition d’une star. Par ailleurs, ils restent vraiment accessibles et parlent à tout le monde. J’étais très excitée à l’idée de me produire au milieu de cette équipe de rêve, nerveuse aussi, mais je n’ai pas paniqué.
 
Certains vous ont comparée à Beverly Sills : vous avez été toutes les deux des enfants prodiges, c’est le rôle de Cléopâtre qui vous a révélées au monde et vous avez un naturel, une aisance sur scène peu courante à l’opéra. Que vous inspirent ces parallèles ?

Je suis flattée, c’est certain. Mais je suis d’abord moi-même. On a pu dire de certaines chanteuses : c’est la prochaine Callas, la prochaine Tebaldi, etc. Mais on n’a jamais dit de moi : c’est la prochaine X. J’ai toujours été la première Danielle de Niese. C’est comme ça que je me sens. Comprenez-moi bien : ce n’est pas du tout une question d’ego, c’est juste que je n’ai jamais aspiré à être comme quelqu’un d’autre. Maintenant, quand, à propos de Cléopâtre, les gens me comparent à Beverly Sills, c’est évidemment fort gentil, car elle était adulée surtout aux Etats-Unis, où le marché est très difficile à pénétrer pour une artiste classique. Je suis donc très flattée par cette comparaison, mais je ne cherche jamais à copier qui que ce soit.

Vous n’avez pas de modèle, de source d’inspiration ?

Ma mère. Comme musicienne, c’est vrai que j’ai toujours idolâtré Kiri Te Kanawa. Je suis née en Australie et elle y est très célèbre. C’est aussi une métisse, comme moi. C’est une artiste très élégante. Mais je trace ma propre voie et la seule chose qui me fait avancer, ce sont mes désirs. Je vais continuer à essayer de les concrétiser en y mettant tout mon cœur. Si vous suivez votre cœur, vous ne pouvez pas commettre une erreur capitale.

Dans vos projets, lesquels vous tiennent justement le plus à cœur ?

Je suis très contente de faire mes débuts à Vienne, comme Ginevra, en septembre. La nouvelle production du Couronnement de Poppée à Glyndebourne aussi. Je vais faire ma première Eurydice dans l’Orfeo de Gluck en janvier, au MET, et c’est aussi la première fois que je vais mourir en scène. Bon, je n’ai pas vu la production, mais quelqu’un m’a dit que ce n’était pas une scène hyper dramatique, je disparais seulement…

La mort d’Eurydice n’est pas la plus spectaculaire qui soit…

Ce n’est pas Traviata, c’est sûr !

Et qui sera Orfeo ?

Je crois que ce sera Stephanie Blythe. En février, je ferai aussi une tournée de récital aux Etats-Unis, avec piano. Il y aura Wolf, Bizet, probablement, quelques Mozart et Haendel, je pense. Choisir est vraiment difficile.

Dans dix ans, où vous voyez vous ?

Dans dix ans, j’aurai trente-huit ans… Je chanterai toujours, je ferai peut-être mon septième ou mon cinquième album. J’ai des idées, mais je ne vais pas vous en parler parce que je ne sais pas quand je vais les réaliser. J’aurai peut-être aussi un bébé. Je passerai toute ma vie en scène, cela j’en suis sûr. Si vous me demandez où je serai dans vingt ans, je serai en scène. Je chanterai Manon, peut-être Mimi dans dix ans.

Le moins qu’on puisse dire c’est que vous ne représentez pas l’archétype de la diva, inaccessible, enfermée dans sa tour d’ivoire et coupée de la réalité. Au contraire, vous allez volontiers à la rencontre du public, vous avez donné des concerts dans des écoles pour partager votre passion, vous êtes très présente sur le Web... Seriez-vous prête à vous impliquer dans la campagne américaine et à soutenir publiquement un candidat ?

Oui, peut-être, si j’étais aux Etats-Unis et si je suivais les débats au sein du Parti Démocratique de manière active. A cette époque de ma vie, je n’ai pas assez de temps pour suivre sérieusement la politique. Avant de soutenir un candidat démocrate, il me faudrait plus de temps pour dépasser les rivalités personnelles et comprendre vraiment ce qui les différencie, sur le plan des idées. Si c’est seulement pour prêter mon nom, je n’en vois pas trop l’intérêt, et puis je ne suis pas Madonna ! Je doute de l’impact…

Quel est votre principal trait de caractère ?
 
Ma flexibilité. Beaucoup diraient ma jovialité, mon sourire. Ma positive attitude.

Votre qualité préférée chez un homme ?
 
La gentillesse.

Votre qualité préférée chez une femme ?
 
La gentillesse également.

Ce que vous préférez chez vos amis ?

La loyauté.

Votre principal défaut ?
 
J’aime débattre, argumenter un cas. Si je crois que j’ai raison, je ne sais plus m’arrêter !

Votre occupation favorite ?
 
Mon métier. Si je ne pouvais pas chanter, je serais patineuse olympique comme Oxana Bajul. Elle était vraiment unique.

Votre idée du bonheur ?

Ma vie aujourd’hui ? [Rires] Non, me réveiller un jour et avoir découvert comment chanter ! Je suis heureuse, mais je voudrais vraiment comprendre et maîtriser totalement la technique du chant.

Si vous n’étiez pas vous, qui seriez-vous ?

Mozart. J’aimerais être dans sa tête pour le comprendre

Votre couleur et votre fleur préférées ?

Le rouge. J’aime les lys, les orchidées et les roses.

Votre oiseau préféré ?
 
Le rossignol.

Vos auteurs favoris en prose ?
 
Je viens de finir un livre, fantastique, de Yann Martel. Plus jeune, Gatsby le magnifique (Fizgerald) était un de mes romans préférés. Ce sont les premiers qui me viennent à l’esprit…

Vos poètes préférés ?

Wordsworth, Yeats, Shakespeare. J’aime relire ses sonnets.

Vos peintres préférés ?
 
Van Gogh, Monet, j’aime beaucoup aussi les oeuvres de deux mes meilleurs amis : les Zhou Brothers, ils sont de Shangaï. Degas, les impressionnistes en général.

Cinq compositeurs pour une île déserte ?

Mozart, Haendel, Wolf, je dirai Bizet parce que je suis dans ma phase Bizet. Cinq, c’est vraiment difficile. Stravinsky.
 
Vos héros favoris dans la fiction ?

Cléopâtre. Elisabeth dans Orgueil et préjugés. Je peux en choisir combien ? Bridget Jones.
 
Justement, quels sont vos films préférés ?

The Notebook, Star Wars, la première trilogie

Et quel est votre personnage préféré dans la trilogie ?

Evidemment je voulais être Leïa, but je n’ai jamais réussi à me décider entre Luke et Han Solo. Peut-être Luke…
 
Vos nourriture et votre boisson préférées ?

En Belgique, ce sont les gaufres. Sinon, j’aime beaucoup le foie gras aux figues, c’est une de mes faiblesses. C’est à Lyon que j’aime en manger. La boisson, le diet coke, mais je n’en bois presque plus.

Ce que vous détestez par-dessus tout ?
 
Je n’aime pas les personnes qui parlent d’un problème dans le monde et ne font rien pour le changer.

Pour quelle faute avez-vous le plus d’indulgence ?

Je peux accepter la plupart des fautes… Ce que je n’aime vraiment pas ce sont les gens qui ont deux visages, ceux qui, avec vous, tiennent certains propos sur une tierce personne, puis qui ont une tout autre attitude avec elle. Je me tiens vraiment sur mes gardes avec ce genre d’individus.
 
Votre devise ?

Oser rêver. Il faut avoir le courage de rêver, de prendre des risques, de se lancer quand vous croyez en quelque chose. Il y a toujours le risque de ne pas y arriver, mais on ne peut pas le savoir. Les choses les plus risquées sont aussi celles qui offrent les plus belles récompenses. Si on la joue safe…


Propos recueillis par Bernard Schreuders

les 10 et 28 janvier 2008.


Notes
(1) Ce qui pourrait à peu près se traduire par « le sex-appeal fait soprano revient en dansant le shimmy ». L’expression sex kitten aurait été inventée à la fin des années 50 pour décrire le sex-appeal de Brigitte Bardot...

(2) Danielle de Niese apparaît, aux côtés du ténor Bruno Lazaretti, dans Hannibal de Ridley Scott. Hannibal Lecter assiste à une représentation d’opéra, à Florence. Danielle de Niese chante une courte scène d’opéra expressément écrite pour le film par Patrick Cassidy et inspirée de La Vita Nuova de Dante.

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