A C T U A L I T E (S)
 
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Festivals Eté 2006
 
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Aix en Provence
Nous irons écouter les merles siffler


Quel printemps maussade ! Les froids n’ont pas encore disparu et, pour paraphraser Gauthier, les fraises des bois ne remplissent guère nos paniers. Toutefois, si les beaux jours tardent à poindre, les nuits d’été résonneront cette année encore de mille voix bien plus captivantes que le chant des cigales.

A travers toute l’Europe et bien au-delà des festivals qui lui sont largement, voire exclusivement consacrés, la saison 2006 réserve une place de choix à la musique vocale. J’ai opté pour l’éclectisme, tant il est vrai qu’énumérer les différents Don Giovanni donnés ici et là se révélerait vite lassant. En outre, c’est la diversité qui caractérise les mois à venir : entre tubes et raretés, reprises et créations mondiales, vedettes confirmées et bourgeons en fleurs, la programmation est loin d’être dominée par Mozart. Le plaisir de retrouver ses chefs-d’œuvre n’interdit donc pas celui d’en redécouvrir d’autres, moins joués, ou de partir à l’aventure.

Il y a de nombreuses entrées possibles dans l’agenda bigarré des festivals : par région, par date, par compositeur ou interprète, etc. Cette sélection vous est présentée par genre. Sélection : la couleur est annoncée, la subjectivité assumée. Si le Moyen Age et la Renaissance n’apparaissent guère, c’est parce que votre guide a préféré se concentrer sur les siècles qui ont vu naître et se développer l’opéra jusqu’à ses plus récents avatars. Après tout, rien ne vous empêche de surfer à votre tour pour repérer d’autres concerts…

                                   


OPÉRA

Qui d’Orange (www.choregies.com) ou d’Aix (www.festival-aix.com) marquera ce nouveau millésime ? Le premier s’appuie sur des piliers du répertoire (Aïda, 8 et 11 juillet, Lucia di Lammermoor, 29 juillet et 1er août) et joue la carte des stars avec rien moins qu’Alagna et Villazon, entourés de Ciofi, Lemieux ou Scandiuzzi. Quant à Myung-Whun Chung, il est invité à diriger le Chœur et l’Orchestre de Radio France et des solistes tels que Soile Isokoski ou le talentueux Jonas Kaufmann dans le Requiem de Mozart (15 juillet). Aix semble avoir tout misé sur un Or du Rhin revisité par le tandem Rattle-Braunschweig (du 2 au 8 juillet), premier tableau d’une tétralogie annoncée, et la reprise du triptyque Falla (Les tréteaux de Maître Pierre) – Stravinsky (Renard) – Schönberg (Pierrot Lunaire) mis en scène par Grüber et savamment détaillé par Boulez (du 7 au 15 juillet). Mozart (Die Zauberflöte, du 3 au 22 juillet) et Rossini (L’Italiana in Algeri du 6 au 20 juillet) n’alignent aucune étoile, certes, mais ne tirons pas de conclusion hâtive : les distributions luxueuses ne sont pas un gage de succès, Daniel Harding nous doit une revanche et Riccardo Frizza a plus d’un tour dans sa baguette ! Kenneth Weiss assure la reprise du Didon & Enée (Purcell) de 2004, avec les élèves de l’académie dont, en Belinda, la soprano néerlandaise Judith van Wanroij, déjà remarquée au sein du Jardin des Voix de William Christie. Enfin, après La Petite Renard rusée en 2002, Juliette Brochen signe une adaptation théâtrale de La Périchole avec en vedette Jeanne Balibar.


Jeannne Balibar © DR

Anniversaire oblige, Beaune ( www.festivalbeaune.com) aborde d’autres rives et confie Don Giovanni à Sigiswald Kuijken (28 et 30 juillet), Idomeneo plongeant dans un bain de jouvence avec Jérémie Rhorer à la direction, Stefano Ferrari dans le rôle-titre et Sophie Karthaüser en Ilia (8 juillet). Alors que McCreesh et Dantone défendent les couleurs de Haendel en proposant Rodelinda (Gauvin, Taylor, Agnew, le 30 juin) et Orlando (22 juillet), Iphigénie en Tauride réunit Maria Riccarda Wesseling et Yan Beuron sous la conduite de Marc Minkowski (14 juillet). Hervé Niquet, quant à lui, cultive sa différence et fête le 350ème anniversaire de Marin Marais en donnant son ultime tragédie, Sémélé, le 1er juillet (Staskiewicz, Gonzalez-Toro), mais également le 12 au Festival de radio France et Montpellier (www.festival-rfmontpellier.com). Le 26 août, c’est Philippe Pierlot qui dirigera l’ouvrage au festival de Sablé (Scheen, Laurens, MacLeod – www.sable-sarthe.com). Parmi les manifestations qui jalonnent le tricentenaire Mozart, épinglons encore Don Giovanni au festival de Saint-Céré (direction musicale de Dominique Trottein, du 27 juillet au 14 août  -  www.festival-saint-cere.com) qui propos aussi une version pour quatuor à cordes et piano de L’Enlèvement au sérail (du 28 juillet au 13 août), et l’Idomeneo de Paul Agnew accompagné par les Arts Florissants et leur mentor au Septembre Musical de l’Orne (le 9 –  www.francefestivals.com/orne/orneptframecentre.htm).

Sophie Karthaüser (Hanjo à la Monnaie © J. Jacobs)

Créations et raretés

La fortune sourit aux audacieux ? A vérifier au Festival de Saint-Denis (www.festival-saint-denis.fr), qui programme Les aveugles du Genevois Xavier Dayer, commande de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris inspirée de la pièce de Maeterlinck. Première le 19 juin, avec les solistes de l’Atelier lyrique de Paris, Guillaume Tourniaire à la direction musicale et Marc Paquien à la mise en scène. Pour la création mondiale (en version de concert) de Fiesque, jamais donné du vivant de Lalo, le festival de Montpellier a mis les petits plats dans les grands : Alagna, Gheorghiu, Uria-Monzon, Ferrari et la nouvelle génération du chant français en la personne de Jean-Sébastien Bou ! Rendez-vous le 27 juillet ou la veille déjà pour une conférence de Hugh MacDonald de l’université de Washington, un tel événement méritant bien quelques mots d’introduction. Autre découverte à Royaumont (www.royaumont.com) cette fois, avec la Fabula d’Orfeo (1480) d’Angelo Poliziano, poème lyrique à l’origine d’un spectacle réunissant toutes les disciplines (théâtre, musique, danse) et frayant la voie aux précurseurs de Monteverdi (Cavalieri, Peri, Caccini). Francis Biggi assurera la direction artistique du projet avec le concours de Sandrine Anglade pour la mise en scène. De son côté, Vincent Dumestre propose aux stagiaires un travail sur la monodie accompagnée autour de L’Orfeo dolente de Domenico Belli (1616), un musicien auquel il a déjà consacré un superbe album sorti chez Alpha.

Roberto Alagna © DR

Parmi les inédits ou les raretés programmés cet été, signalons encore l’opéra comique Les guerres du Romarin et de la Marjolaine (1737) du Portugais Antonio Teixeira au festival de Pontoise (1er octobre – www.festivalbaroque-pontoise.fr), Athalie de Racine avec une musique de Jean-Baptiste Moreau par les Philomathes au Festival Lumière du Baroque d’Arques-la-Bataille (31 août – www.academie-bach.fr) et Amadis, nouveau jalon dans le parcours lullyste d’Hugo Reyne (11 juillet - http://chabotterie.vendee.fr/festivals). L’Amadigi de Haendel révélé par un splendide enregistrement de Marc Minkowski voici quinze ans déjà mériterait lui aussi d’être plus souvent monté, mais c’est en version de concert que vous pourrez l’entendre à Montpellier, avec Maria Riccarda Wesseling dans le rôle-titre, Eduardo López Banzo conduisant l’Al Ayre Español Orquestra. Envie de légèreté, d’espièglerie ? Olivier Desbordes revisite la très frivole Dédé de Christine pour trois soirées au Théâtre de l’Usine à Saint-Céré (les 8, 9 et 12 août).


Versions de chambre et récitals


Verdi semble réduit à la portion congrue : le Falstaff du festival Lyrique-en-mer de Belle-Ile (du 7 au 18, citadelle de Vauban) et La Traviata de Lacoste (14 et 16 juillet -  www.easyclassic.com/festival-lacoste) font figure d’exception dans un paysage dominé par le baroque, de l’Orfeo de Monteverdi par Tubéry avec Hans-Jörg Mammel dans le rôle-titre (25 juillet, abbaye de Lessay – www.francefestivals.com/lessay) au Bajazet de Vivaldi enlevé par Fabio Biondi, Carlos Mena et Vivica Genaux (les 24 et 25 juillet à Montpellier) en passant par l’Ercole amante de Cavalli dans lequel Garrido dirige l’Académie européenne d’Ambronay (les 26 et 28 septembre –  www.fest-ambronay.com) ou le Rinaldo de Haendel pour lequel Philippe Jaroussky retrouve Jean-Claude Malgoire (22 juillet aux Musicales du Lubéron - www.easyclassic.com/festival-luberon). Cependant, si vous êtes prêt à vous passer d’un orchestre, la troupe de poche britannique Diva Opera propose cette année des versions chambristes du Barbier de Séville, de L’élixir d’amour, de Madame Butterfly et de Gianni Schicchi au gré d’une tournée qui commencera à Labeaume pour se terminer à Laon (pour l’itinéraire complet : www.divaopera.com/).
                                    
Quelques récitals lyriques émailleront aussi l’été indien des festivals. Nous citerons, parmi d’autres : Laura Cherici et Kristina Hammarström participeront au gala mozartien de Strasbourg (8 juin - www.festival-strasbourg.com/classique) alors qu’Inva Mula rejoindra Rollando Villazon aux Chorégies d’Orange (4 août- Gounod, Massenet, Verdi, Mascagni). Les mezzo Anna Bonitatibus (16 juillet – idem) et Ann Hallenberg (23 juillet – Haendel, Hasse, Porpora…) ont choisi Beaune où elles auront pour partenaire au clavier Jory Vinikour et Stefano Giannini, Beaune où vous pourrez également entendre Annick Massis (9 juillet - Haendel, Mozart et Rossini), également invitée pour un programme français au Festival de Fénétrange (9 septembre - www.festival-fenetrange.org) ; Philippe Jaroussky se produira à Polignac avec l’ensemble Matheus (14 juillet - Vivaldi et Bacri, festivalpolignac.com) tandis qu’à Saintes, Carolyne Sampson illustrera la figure d’Orphée, de Monteverdi à Rameau avec les Folies françoises (18 juillet – www.abbayeauxdames.org). Menton proposera, dans son cycle « Jeunes Solistes », une rencontre avec la soprano syrienne Talar Derkmanian, finaliste au Concours International Reine Elisabeth 2004 (7 août – Mozart, Dvorak, Gounod… - www.menton.fr) et les 38èmes Semaines Musicales du Mont-Blanc affichent des airs de Bellini, Charpentier, Massenet, Catalani et Verdi par la soprano Elizabeth Garnier et Dalton Baldwin (23 août, Chamonix). Autres artistes à découvrir : la soprano américaine Adina Aaron, qui a remporté les Voices Master de Monte-Carlo en 2005 et sera accompagnée par l’Orchestre de la Radio Polonaise au festival du Vigan (28 juillet – Mozart, Verdi, Tchaïkovski - festivalduvigan.chez-alice.fr/autourduvigan.htm) ainsi que la jeune mezzo italienne Laura Brioli qui chantera Mozart et Verdi aux Musicales du Lubéron le 14 juillet.

Philippe Jaroussky © DR



MUSIQUE SACRÉE

Nul ne s’en étonnera, les Requiem et autres messes de Mozart ne manquent pas et il serait fastidieux d’en dresser la liste. Saint-Céré se distingue par un couplage original avec la Messe pour double chœur a capella de Franck Martin (29 juillet, dir. Joël Suhubiette). Beaune a misé sur La Betullia Liberata, dont Antonio Florio est chargé de révéler les beautés méconnues, à la tête du Chœur de Chambre de Namur, de sa Cappella dei Turchini et d’une poignée de solistes dont l’excellente Marina del Liso (7 juillet). Les Rencontres Musicales du Vézelay s’intéressent aux contemporains de Mozart avec, entre autres, des messes de Michael Haydn et Georg Druszchetzky, le 24 août et, le 25, des motets de Hasse, Galuppi, Jommelli et Traetta (www.rencontresmusicalesdevezelay.com).

Quatre autres Requiem et non des moindres sont également annoncés : celui de Victoria par The Sixteen au Festival de la Chaise-Dieu (25 août – www.chaise-dieu.com) celui de Verdi (Brown, Uria-Monzon, Villazon, Scandiuzzi, Chung) à Saint-Denis (les 8 et 9 juin) et à Comminges (5 août - www.francefestivals.com/comminges), le Requiem allemand de Brahms (Perruche, Bona, Tétu) au Festival Berlioz de la Côte Saint-André (18 août – www.festivalberlioz.com) et à la Chaise-Dieu (25 août) et celui de Fauré au Septembre musical de l’Orne (2), lequel programme quelques jours plus tôt le Chœur Dumka de Kiev dans Les Vêpres de Rachmaninov (27 août). Ambronay alterne les tubes – la Saint Matthieu par Jacobs et ses complices berlinois (23 septembre) ou La Création vue par McCreesh (21 septembre) – et les escapades loin des sentiers battus : le baroque polonais exhumé par l’Ensemble Européen William Byrd (30 septembre), le classicisme tchèque avec la Passione de Myslivecek dépoussiérée par Andreas Spering (7 octobre), au cœur du Seicento avec l’opéra sacré de Marazolli, La vita humana, que revisite le Poème harmonique (15 septembre) ou de la tradition glagolitique avec la création, après La Vision de Tondal, de La Judith par l’ensemble Dialogos (24 septembre), sans oublier le vingtième siècle illustré par les Pièces pour chœur a cappella de Kodaly (23 septembre). Aix, de son côté, accueille l’Arnold Schönberg Chor dans Trois motets de Bruckner et la seule pièce d’inspiration chrétienne de Schönberg, son chœur à huit voix a cappella Friede auf Erden (18 juillet).
 
Parmi les pages les plus célèbres du répertoire, mentionnons encore la Missa Assumpta est de Palestrina par les Tallis Scholars à Auch (25 juin - / ) et, à Soisson, sa Super Flumina Babilonis associées par le Chœur d’Arezzo aux plus rares Missa Choralis et Via crucis de Liszt (13 octobre) – cette dernière étant donnée par le chœur Accentus les 4 et 5 août à la Roque d’Anthéron (www.festival-piano.com) –, les Vêpres de la Vierge de Monteverdi avec l’ensemble Ludus Modalis de Bruno Boterf à Callas (20 juillet), Luxeuil-les-Bains (23 juillet – www.musetmemoire.com) et Toulouse (14 octobre – www.toulouse-les-orgues.org), Les Psaumes de David et les Petits Concerts Spirituels de Schütz à Saintes (13 juillet), les Grands Motets de Bach par A Sei Voci à Callas (23 juillet), le Gloria et le Stabat mater de Vivaldi au festival Musique en l’Ile (22, 23 et 25 juillet), lequel donne par ailleurs le Stabat Mater de Pergolesi (15 et 17 août), programmé également au Festival Eclats de voix d’Auch (16 juin) et à Uzès (25 juillet - http://nuitsmusicalesuzes.org), la Missa solemnis par les forces vives du Chœur de Kiev, mais cette fois à l’abbaye de Lessay (16 août) et Jeanne d’Arc au Bûcher avec la bouleversante Sylvie Testud, mais aussi Marie-Nicole Lemieux et Isabelle Cals à Montpellier (13 juillet). On se réjouira aussi de voir programmés des maîtres estimables, mais moins honorés tels que Pierre de la Rue et Jacob Obrecht (19 juillet - www.abbayeauxdames.org/fr/festival_de_saintes), Pascal de l’Estocart (23 septembre, Noyon – www.festivaldescathedrales.com) Bononcini, Caldara et Durante réunis par Gérard Lesne à Lessay (28 juillet), Campra (18 juin, Saint-Michel en Thiéraches - www.festival-saint-michel.com ; 14 juillet, Sylvanès – www.sylvanes.com), Mazzochi (22 octobre, Pontoise), Stradella (30 août, La Chaise-Dieu), Zelenka (23 septembre, Ambronay) ou encore Marcello (13 août, Sylvanès).



René Jacobs © DR

Toutefois, c’est l’abondance d’oeuvres inédites ou relativement obscures qui donne le tournis au curieux ! Du motet pour la fin de la peste de Giuseppe Cellano (19 août) au Martyre de sainte Ursule d’Alessandro Scarlatti donné en première mondiale (19 août et 31 août) en passant par les oratorios romains de Pietro della Valle et Paolo Quagliati (21 août) ou les Lamentationes de Fabrizio Dentice (20 août), le Festival de la Chaise-Dieu bat tous les records et poursuit courageusement son exploration du faramineux patrimoine européen. Il n’est pas le seul, loin s’en faut. Saintes, fidèle à sa tradition d’ouverture, reçoit l’ensemble Daedalus de Roberto Festa pour des motets de Jachet de Berchem (22 juillet), Royaumont ressucite les Lamentations de Jérémie de Bernard Ycart et d’Alexandre Agricola (8 octobre), le festival de l’abbaye de Sylvanès exhume les Vêpres de Porpora (9 juillet), celui de l’abbaye de Noirlac tire de l’oubli le maître de chapelle de Louis XIII, Nicolas Formé (1er juillet, dir. O. Schneebeli), le Festival de Pontoise propose La memorie dolore de Schmelzer (22 septembre) et des Vêpres de la Vierge de Diego Ortiz (15 octobre), la Semaine Musicale de Clairac remet en lumière la Missa de Gloria de Puccini (9-10 août) et – autre parenthèse dans son marathon pianistique  – la Roque d’Anthéron programme O Salutaris et le Stabat Mater d’Arriaga le 9 août, alors que les Chemins de Musique invitent l’Ensemble Mikrokosmos dans un programme contemporain autour de la Vierge : le Stabat Mater de Nicolas Bacri, des extraits de celui de Bruno Coulais, des pièces de Kverno et Schnittke et la création de The Wheele d’Aaron Jay Kernis (9 juillet, Ligugé - www.cheminsdemusique.fr). Un seul mot d’ordre : surfer, fureter, ce ne sont pas les sources de dépaysement qui manqueront !



MÉLODIES

Rien de tel que le cadre intime du récital avec piano pour apprécier la musicalité, le sens du texte et la personnalité d’un chanteur. Quelques vedettes osent ainsi s’exposer : Roberto Alagna, à Callas (17 juillet – mélodies françaises et italiennes) et Soile Isokoski, à Prades (8 août – Mozart, Berg, Schönberg, Britten, Merikanto, Sibelius – ), ce qui étonne moins dans le chef d’artistes aguerris, qui n’ont plus rien à prouver, comme Teresa Berganza, présente à Menton le 5 août (arie antiche, Brahms, Fauré, Guastavino et Piazzola) et James Bowman, en visite dans ces petites dont il raffole, à Gonneville-sur-Honfleur dans l’Auge (29 juillet, de la Renaissance à Tippett, quatre siècles de musique anglaise – www.pays-auges-culture.org). D’autres préfèrent un accompagnement plus nourri, c’est le cas de Marie Devellereau rejointe par l’Orchestre des Pays de Savoie (dir. Contratto) dans Les Nuits d’été (24 août, festival Berlioz de la Côte Saint-André) et Les Illuminations de Britten ( 28 août, la Chaise-Dieu), de Béatrice Uria Monzon dans La Mort de Cléopâtre (26 août à la Côte Saint-André) avec l’Orchestre Symphonique de Saint-Etienne que Laurent Campellone dirige en outre dans La Symphonie fantastique et Le Carnaval romain ainsi que de Véronique Gens avec l’Orchestre National de Lille (dir. Casadesus) dans Les Chants d’Auvergne de Canteloube, le 3 juillet à Fourvière (www.nuits-de-fourviere.org/).


Véronique Gens (Alcina - Hamburgische Staatsoper) © DR

Impossible d’aborder le sujet de la mélodie française sans penser à François Le Roux. Interprète d’élection, c’est aussi un pédagogue hors pair comme en témoigne son travail au sein de l’Académie Francis Poulenc (www.melodiefrancaise.com) dont il est le fondateur et qui fête son dixième anniversaire. Thème de l’édition 2006 : hommage à Poulenc et Dutilleux, avec un concert lecture (22 août) pour lequel Jeff Cohen et Didier Sandre entourent le baryton, un récital de Franck Léguérinel (28 août) et des duos par les irrésistibles Felicity Lott et Ann Murray. Invité à Auteuil dans le cadre d’une carte blanche à Christian Ivaldi pour y interpréter le Winterreise (21 juin – www.ars-mobilis.com), François le Roux évoquera aussi la figure de Pauline Viardot au festival Consonances de Saint-Nazaire (21 septembre – Viardot, Saint-Saëns, Fauré et Mozart), Viardot qui est également au programme du récital d’un autre duo féminin, celui formé par la soprano Sophie Marin Degor et la mezzo Claire Brua, de passage au parc floral de Paris le 5 août (mélodies et duos français et italiens). Toujours prête à élargir son répertoire et notre horizon, l’excellente Françoise Masset ose des rapprochements inattendus entre Gounod et Lecoq, Fauré et Trénet, au gré des poésies de La Fontaine ou de Prévert (23 septembre, Royaumont), abolissant les frontières à l’instar du ténor Jean Delescluse (26 août, parc floral de Paris – Satie, Wiener, Rebotier, Kosma) ou des mezzo Rinat Shaham et Guillemette Laurens dont la « Fantasy in Blue » réunit Purcell et Gershwin (12 août, La Thuile - Festival Musique et Nature du massif de Baugé ; 29 septembre, Les Concerts allumés de Poitiers, avec l’ensemble Fuoco e Cenere).En guise d’Invitation au voyage, le baryton-basse Jérôme Corréas vous invite à découvrir les mélodies avec harpe de Meyerbeer alors que ses amis du Quatuor Parisii se lancent dans Caplet et Taillefer (18 août – La Côte Saint-André). Cédric Tieberghien, lui, accompagne la soprano britannique Gweneth-Ann Jeffers dans Harawi de Messiaen et Les Chants de l’âme de Greif au festival Messiaen du pays de la Meje (30 juillet -  www.festival-messiaen.com).


Nathalie Stutzmann © DR

Dans le domaine allemand, le 150ème anniversaire de la mort de Schumann ne suscite pas vraiment une pléthore de concerts : Nathalie Stuzmann revient au Dichterliebe et au Liederkreis lors des fêtes Romantiques de Nohant (17 juin – www.pays-lachatre-berry.com/nohant) Thomas Bauer, artisan de l’intégrale publiée chez Naxos, livre sa version du Dichterliebe à Saintes (15 juillet – 6 lieder sur des poèmes d’Hölderlin de Killmayer et les Rückert-Lieder figurent aussi au programme de son récital) alors que les Abbey Road Singers livrent le cycle des Frauenliebe-und leben dans un concert qui inclut également les Liebeslieder de Brahms avec Claire Désert et Stephen Kovacevitch (17 septembre – Saint-Nazaire). La correspondance de Robert et Clara a inspiré un spectacle mêlant musique et récitation : ce «  Journal intime » sera donné le 7 juillet à Uchaux (http://lisztenprovence.free.fr) et le 22 août à la Côte Saint-André avec Vérène Andronikof (juillet) / Françoise Masset (août), Alain Carré et François-René Duchâble. Epinglons encore le Schwanengesang de Nathalie Stutzmann à Besançon (21 septembre) et les Möricke Lieder de Wolf par Clémentine Margaine et Edwin Crossler-Mercer à Royaumont (1er octobre) et deux soirée Brahms : La Belle Maguelone mise en scène par Nicole Aubry avec Vincent Le Texier au festival de la Vézère (22 juillet – www.festival-vezere.com) et, à Saintes, les Liebeslieder ainsi que l’Alt-Rhapsodie (Sampson, Romberger, Mammel, Bauer, Herreweghe).


Vincent Le Texier © DR

Aix célèbre le centenaire de la naissance de Chostakovitch en confiant l’intégrale de ses mélodies aux solistes du Théâtre Marinsky les 3 et 4 juillet, un événement en marge de la programmation lyrique mais qui pourrait bien attirer les foules. En outre, la basse Oleg Dibenko a puisé dans sa Suite des poèmes de Michel-Ange la matière d’un récital dense qui comprend aussi quelques airs d’opéra de Rubinstein, Gounod et Boito (6 août - www.festival-music-dinard.com) et le baryton Patrice Verdelet a retenu les Chants espagnols (22 juillet, Chapelle de Réveillon). Wilhelmenia Fernandez, la diva du film éponyme de Jean-Jacques Beinex, a choisi des chansons de Barber, Bernstein et d’autres compositeurs américains pour son récital du Suquet, le 18 juillet (www.palaisdesfestivals.com), la mezzo Doris Lamprecht parcourant la chanson de cabaret allemand de Mahler à Weill à Royaumont, le 24 septembre.

Parmi les nouveaux talents qui sillonneront les routes de France cet été, signalons d’abord deux rendez-vous avec Ingrid Perruche, Victoire de la Musique 2005 : au festival de la Vézère dans des lieder de Schubert dont le délicieux Pâtre sur le Rocher (12 juillet), puis au Septembre musical de l’Orne où elle aura pour partenaire Alexandre Tharaud (2 septembre – Duparc, Debussy, Poulenc). La basse Shadi Torbey, troisième Prix au Concours International Reine Elisabeth 2004, explore le goût pour l’exotisme dans la mélodie française, le 11 août, au festival de Menton, après avoir donné le Winterreise à l’abbaye du Chalard le 3 août ( www.estivalesduchalard.com) alors que la soprano Barbara Ducret s’illustre dans Massenet et Saint-Saëns au festival Lille-Clef de soleil le 17 août (www.clefdesoleil.com). La jeune soprano d’origine arménienne Anna Kasyan (24 ans) privilégie le dialogue avec la clarinette, non seulement dans le Pâtre sur le Rocher, mais également dans six lieder de Spohr, Debussy et Mozart complétant la seconde partie du récital qu’elle donne à l’Orangerie de Sceaux le 22 juillet (festival.orangerie.free.fr).



BAROQUE


La fine fleur du chant « baroque » ne délaisse pas – fort heureusement – l’univers madrigalesque : Monteverdi, bien sûr, pour lequel Paul Agnew remplace William Christie à la tête des Arts Florissants (25 juin, Saint Michel en Thiéraches – sixième livre) et Cristina Pluhar réunit Nurial Rial, Philippe Jaroussky, Cyril Auvity, Jan van Elsacker et Joao Fernandez (25 août, Sablé – 7 et 8ème livres, Scherzi musicali - www.sable-sur-sarthe.com). Aux sources du madrigal, la Venexiana s’intéresse à Giaches de Wert, dont elle magnifiera sans aucun doute la Gerusalemme liberata (30 septembre, Royaumont). Pour les amateurs de belcanto, pointons les cantates napolitaines dénichées par la Capella dei Turchini (22 août, Sablé), les cantates virtuoses du Romain Luigi Rossi auquel se mesure Stéphanie d’Oustrac (8 septembre, église d’Airaines – www.festivalsdescathedrales.com) ou encore celles de Haendel pour le cardinal Ottoboni confiées au soprano corsé de Raffaela Milanesi (25 juin, Saint-Michel). La cantate française sera à l’honneur notamment à Ambronay où Gérard Lesne dirige les musiciens de la session dans un florilège de Jacquet de la Guerre, Montéclair, Brossard et Charpentier dont il donne ensuite, mais cette fois avec son propre ensemble, des pages pour haute-contre parmi les plus sublimes de sa production : les Airs sur les Stances du Cid et Orphée descendant aux enfers (7 octobre).


Paul Agnew Florio © Sandrine Expiliy

Il Concerto delle donne


Les femmes compositrices ne manqueront pas d’attiser la curiosité des baroqueux. Après Barbara Strozzi, voici qu’émerge de l’ombre une autre patricienne de Venise : Antonia Bembo (1640-1722), sa contemporaine. Si la soprano Marina Venant et le Concert de l’Hostel Dieu confrontent les deux musiciennes au festival de la Dame des Aulnes (28 juillet) et à la Collégiale de Thil (1er août), les sopranos Noémi Rime et Edwige Parat consacrent tout un concert à cette figure méconnue (16 août – www.festival-simiane.com), mais l’information disponible ne précise pas si elles dévoileront le versant profane ou sacré de sa production…
A la Chaise-Dieu, les sopranos Hélène le Corre et Sophie Landy rendent elles aussi hommage aux musiciennes des 17 et 18ème siècles. Au programme : des cantates à une ou deux voix de Barbara Strozzi, d’Elisabeth Jacquet de la Guerre, mais aussi – le fait est assez rare pour être souligné ! – des Florentines Francesca et Settimia Caccini, des sonates de Jacquet de la Guerre et d’Isabella Leonarda par la Petite Menestrandise ménageant des pauses instrumentales.


Les trois contre-ténors


L’album drôle et impertinent enregistré par Andreas Scholl, Dominique Visse et Pascal Bertin en 1995 (« Les trois contre-ténors » sorti chez Harmonia Mundi) illustrait, à sa façon, l’étonnante diversité des voix d’alto masculines. Cet été vous offre l’occasion de le vérifier et, surtout, de découvrir le talent de trois jeunes musiciens plus que prometteurs : Maarten Engeltjes, lauréat du Concours International de Chant Baroque de Chimay 2005, en récital avec Jory Vinikour au Printemps des Arts de Nantes (22 juin – Byrd, Purcell, Haendel – www.printempsdesarts.fr), Paulin Bündgen en soliste avec son ensemble Céladon au festival Renaissances de Bar-le-Duc (1er juillet – musique portugaise profane à la Renaissance, programme de leur premier album qui vient de paraître chez ARION – www.festivalrenaissances.com), Damien Guillon dans la Saint-Matthieu à la Chaise-Dieu (26 et 27 août) et des consort songs de Byrd au Festival Lumière du Baroque d’Arques-la-Bataille (29 septembre).


Paulin Bündgen © DR



DIVERS


Parmi les oeuvres qui échappent aux catégories, il faut d’abord mentionner trois créations : La Cathédrale des étoiles de Guillaume Connesson par le Chœur régional et l’Orchestre de Picardie le 22 juin au festival des Forêts (Théâtre Impérial de Compiègne), Isotropes d’Eric Sleichim par le Quatuor de sax Blindman et le Collegium Vocale Gent le 19 juillet au festival de Saintes et une transcription de Tristan et Yseult signée Jean-Pierre Arnaud pour son ensemble Carpe Diem avec la soprano Christine Schweitzer au Festival Berlioz de la Côte Saint-André le 25 août.

Dans le répertoire polyphonique, signalons d’abord l’agenda de Noirlac (www.festivaldenoirlac.com) dans le Cher : les concerts des Nordic Voices (Gabrieli, Monteverdi, Ligeti, Poulenc…) et du Chœur Accentus au programme extrêmement varié (transcriptions diverses – Cf. l’album du même titre) le 15 juillet, puis l’intégrale des oeuvres pour chœur de femmes et piano de Schumann par le Chœur Britten le 22. Laurence Equilbey aura entre temps dirigé son ensemble à l’IRCAM, dans le cadre du festival Agora (10 juin – Spiropoulos, Lanza, Stroppa – www.ircam.fr). Présent sur tous les fronts, l’ensemble Huelgas de Paul Van Nevel reprend à Saintes son évocation du cigare (dont le chef est un inconditionnel !) à travers hymnes, ballades, romances et lieder du XV au XIXème siècles (21 juillet). Enfin, dans un style plus décontracté, les King’s Singers effeuilleront la marguerite à l’Espace Rive-Gauche de Meriel le 14 juin () tandis que les Swingle Singers reprendront quelques standards qui ont jalonné leur carrière, de Bach aux Beatles, le 5 août au parc floral de Paris.

Deux master class pour finir – en dehors des stages et académies de saison : Jean-Philippe Laffont à Sceaux, le 21 juillet et Christa Ludwig à Nice le 5 août.
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