A C T U A L I T E (S)
 
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Entretien avec Philippe Jaroussky

13 octobre 2002


(Photo : Philippe Jaroussky)
Le chant s'élève et vous tendez l'oreille, ébloui, incrédule, confondu par tant de lumière, de naturel et de grâce. De grâce, oui ! Les cyniques, les désenchantés et autres esprits chagrins ricaneront sans doute. Pourtant le mot n'a jamais été si juste, si pertinent. Certes, il est difficile pour l'auditeur enthousiaste, exalté, de résister aux envolées lyriques : elles offrent une contenance face au mystère d'un timbre, d'une beauté à nulle autre pareille, qui défient le temps et les catégories. Philippe Jaroussky chante comme il respire : depuis toujours, sans se poser de questions, avec une aisance et une simplicité désarmantes. Ce don, que d'aucuns gâteraient en cédant aux succès faciles et aux mirages du showbiz, il le met au service de sa passion, généreuse mais réfléchie, pour la musique baroque. En trois ans, son parcours, jalonné de chefs-d'oeuvre, denses, exigeants (Messe en si, la trilogie des opéras et les Vêpres à la Vierge de Monteverdi...), mais aussi de découvertes excitantes et de splendeurs inédites (I Strali d'Amore de Cavalli, Il Sedecia de Scarlatti, La Verità in cimento de Vivaldi), augure un avenir brillant et riches en surprises, car ce jeune contre-ténor partage la fièvre des explorateurs, cette capacité d'émerveillement qui animent aussi les musiciens qui l'ont dirigé et guidé : Gérard Lesne, Jean-Claude Malgoire, Gabriel Garrido, Jean Tubéry et Jean-Christophe Spinozi...

Philippe Jaroussky sera en concert au Palais-Royal, le 21 octobre à 20h30. Au programme : des oeuvres de Monteverdi, Ferrari, Frescobaldi et Barbara Strozzi.

[ Critique de ce concert (note du 23/10/02) ]


Que vous est-il arrivé au moment de la mue ?

Rien de particulier, en fait. Je n'ai pas fait partie d'une maîtrise lorsque j'étais enfant, mais je m'amusais à chanter en voix de tête pour le plaisir, et cela également pendant la mue. Je pense que cela m'a peut-être aidé à conserver cette agilité dans l'aigu.


Vous avez étudié le violon et le piano, mais, finalement, vous avez opté pour le chant. Comment ce choix s'est-il fait ?

En fait, j'ai rencontré à l'âge de dix huit ans Nicole Fallien, qui est toujours ma professeur, et l'apprentissage du chant fut pour moi une libération. Mes parents n'étant pas musiciens, ce n'est qu'au collège qu'on m'a conseillé d'apprendre la musique. Évidemment, j'avais onze ans, j'adorais le violon, mais je l'ai commencé malheureusement un peu tard. J'ai débuté le piano à quinze ans, avec l'idée de me diriger vers des études plus théoriques (écriture, direction d'orchestre). Ce qui m'a beaucoup plu dans le chant, c'est d'abord le fait que j'avais une facilité naturelle certaine, et que je me suis senti très jeune, ce qui n'était pas le cas avec les instruments. C'est devenu assez logique, très vite : au bout d'un an d'étude, j'ai senti que je ferai du chant. Je suis entré au CNR de Paris, dans le département de musique ancienne, où je suis resté quatre ans, et où je me suis de plus en plus passionné pour ce répertoire. Le chant pour moi, c'est une chance : ce que je voulais, c'était interpréter, et cela, je le sens profondément.


Avec la mue, avez-vous, malgré tout, développé un registre de poitrine, de baryton ou de ténor ?

Oui, bien sûr, j'ai une voix de baryton très commune sans graves et sans aigus ! [Rires] Le choix entre les deux tessitures s'est donc imposé très vite en accord avec ma professeur.


Quelque part, le mystère reste entier... C'est fascinant ?

[Rires]


Il y a une réelle confusion sur le plan du vocabulaire, certains jouent même là-dessus : on vous appelle tour à tour contre-ténor, alto, sopraniste, même haute-contre, ce qui ne veut rien dire, puisque vous n'êtes pas ténor. En fait, on pourrait vous considérer comme un soprano naturel, puisque vous n'avez jamais travaillé comme un contre-ténor, mais toujours chanté en voix de tête... 

Non, c'est faux, je me considère comme contre-ténor, car ce terme ne désigne pas une tessiture...


Effectivement, c'est une technique... 

Oui, je suis simplement un contre-ténor aigu...


Mais chez certains contre-ténors ou "sopranistes", l'aigu est parfois un peu strident, acide, or, il y a chez vous une pureté, un naturel et une douceur incroyables ; est-ce dû au fait que vous avez toujours chanté en soprano, sans jamais être interrompu par la mue ?

Oui, mais je ne suis pas un "sopraniste" très aigu. Par exemple, vous avez entendu Jacek Laszczkowski dans Catone in Utica de Vivaldi, qui monte beaucoup plus haut, mais qui n'a pas forcément toute la tessiture d'un contre-ténor, puisque, à la base, il est ténor ; il obtient cependant des résultats magnifiques. De toute façon, je me méfie beaucoup du terme "sopraniste"...


Quel serait le bon terme pour vous ? Mezzo ?

Non, plutôt contre-ténor car ça me permet d'être plus à l'aise, de faire beaucoup plus de choses : je peux chanter la Saint-Mathieu, je peux aussi aborder des choses plus aiguës... J'ai vu qu'on avait indiqué "sopraniste" pour les Vêpres de Monteverdi données avec l'ensemble La Fenice dirigé par Jean Tubery. L'emploi ici est justifié, car il s'agit ici d'une vraie tessiture de soprano au diapason A=465Hz.


Mais c'est dans la tessiture de mezzo que votre voix semble s'épanouir - même si la voix de "mezzo" en tant que telle n'était pas identifiée à l'époque baroque ...

Oui, par exemple, dans le répertoire des castrats, je suis à l'aise dans des rôles souvent confiés aujourd'hui à des mezzos ; mais certains rôles resteront inaccessibles pour moi.


Par contre, vous seriez tout à fait à l'aise dans le rôle-titre de Serse [Haendel], vous en avez déjà chanté certains airs...

Oui, en récital au théâtre Grévin, j'ai chanté des airs de Serse et d'Ariodante.


Et vous seriez prêt à les aborder à la scène ...

Je crois que, malheureusement, il faut être réaliste : Ariodante, c'est un rôle avec des graves et une tessiture assez large où il est difficile de rivaliser avec une femme, mais il y aurait un intérêt scénique certain, je pense.


Et en envisageant la fusion des registres ?

Peut-être aurai-je un jour la projection suffisante dans le grave pour aborder Ariodante...le problème est de conserver parallèlement les aigus !


Vous pourriez alors jouer sur le contraste des registres, en clair-obscur...

Oui, mais jusqu'à maintenant, cela n'a pas été une priorité, puisque l'on m'a fait beaucoup travailler en tant que "sopraniste" et que le passage dans le grave ne se posait pas vraiment.


Par ailleurs, de nombreux chanteurs évitent de jouer sur les changements de registre parce qu'ils fatiguent beaucoup la voix...

Pas forcément, mais je crois que j'ai intérêt à rester dans une voix de tête ou mixte ; c'est pourquoi j'aime bien aborder des parties plus graves, car cela me fait travailler la rondeur et la projection dans cette zone délicate de la voix. Être constamment dans les hauteurs de la voix de tête me demande beaucoup plus d'efforts physiques que pour un soprano féminin, même si cela ne s'entend pas forcément.


C'est ce qui est merveilleux...

Je dois être cependant vigilant, car cette tessiture extrême ne doit pas altérer ou fatiguer ma voix. Le choix de mes engagements est donc toujours une jonglerie entre l'envie de chanter certaines pièces et la nécessité de me préserver.


Prenons le rôle de Néron dans l'Agrippina de Haendel [une prise de rôle cette saison] : même si certains contre-ténors l'ont déjà interprété [par exemple Derek Lee Ragin], c'est une partie assez tendue pour une voix de contre-ténor, mais pas pour la vôtre...

Le rôle de Néron est je crois , dans l'oeuvre de Haendel, assez idéal pour moi actuellement, tant par la tessiture que par le côté juvénile du personnage.


Et Sesto ? 

Ce rôle me plaît énormément et j'espère avoir le bonheur de le chanter bientôt.


J'aimerais que nous reparlions du Couronnement de Poppée, qu'on vous voyait répéter sous la direction de Jean-Claude Malgoire, dans une émission d'Ève Ruggieri. Le public est plutôt habitué à un mezzo dans le rôle de Néron ou même à un ténor, les transpositions n'étant pas rares. Or, avec la fraîcheur et la délicatesse de votre timbre, le personnage prend un relief inédit et tout à fait particulier...

C'est ce qui intéressait Jean-Claude Malgoire : dans sa conception du Couronnement, tous les personnages sont très jeunes, même Octavie. Dans cette jeunesse qu'on peut apporter au rôle de Néron, on peut sentir encore l'emprise d'Agrippine, qui est morte, mais depuis peu de temps. C'est un personnage au sortir de l'adolescence qui se révolte contre Sénèque, découvre les jeux du pouvoir et de l'amour. Je pense qu'il est beaucoup plus intéressant de montrer la folie naissante au troisième acte que d'en faire un personnage caricatural dès le début de l'opéra.


On le voit souvent sous un jour exclusivement négatif et réducteur ...

Oui, alors que je pense que c'est un personnage beaucoup plus complexe, sensible, poète.


Le personnage est moins approfondi chez Haendel, en tout cas, il est assez différent...

Oui, ici c'est tout simplement un adolescent capricieux et fourbe, comme sa mère. Pour moi Agrippina, c'est l'opéra-comique de Haendel et sûrement l'un des plus amusants à mettre en scène, grâce à la finesse, à l'humour et au rythme du livret.


Aujourd'hui, une partie du public et de la critique refuse, a priori, la présence des sopranistes et des contre-ténors dans les rôles écrits pour des castrats, ce qui était le cas de Selim dans La Verità in Cimento. Comment composer avec ce rejet ?

Je ne crois pas que le contre-ténor, quand il passe une audition et qu'il est en concurrence avec des femmes, soit forcément en mauvaise posture. Cela dépend énormément des chefs et des metteurs en scène. Quand j'ai passé l'audition pour La Verità in Cimento, le metteur en scène [Christian Gangneron] n'imaginait même pas auditionner un sopraniste pour Selim, car il ne pensait absolument pas à un homme pour ce rôle. Mais la couleur vocale et l'intérêt d'avoir les deux frères ennemis interprétés par des hommes sur scène ont fini par le séduire.


C'est assez curieux, sinon paradoxal : aujourd'hui, c'est le réalisme de certains metteurs en scène qui vous permet d'aborder des rôles de castrats, alors que ce même réalisme est aux antipodes de l'esthétique de l'opera seria, dans laquelle la féminité et la masculinité étaient stylisées, abstraites...

Oui, d'ailleurs l'ambiguïté sexuelle fascinait dans les deux sens : des femmes contraltos jouaient des rôles d'homme, alors que des sopranos masculins interprétaient parfois des femmes.


Dans une sérénade de Hasse, Vittoria Tesi campait Antoine et Farinelli, Cléopâtre ...
Le chant touche au plus profond, au plus intime de l'être et à notre conception de l'identité sexuelle... Depuis le dix-neuvième siècle, nous avons oublié que le mot soprano est masculin et nous l'associons à une diva. Les contre-ténors et les sopranistes remettent en question des choses fondamentales et c'est peut-être pour cela qu'ils fascinent, mais créent aussi un malaise ...

De toute façon, j'ai toujours remarqué, par exemple dans la Verità in Cimento, que lorsque j'entrais en scène et chantais les premières notes, je sentais un léger malaise dans le public. Cette conception des répartitions vocales est tellement loin de notre époque.


Pour en revenir aux questions de répertoire et d'authenticité, qui font encore couler beaucoup d'encre, que répondez-vous à ceux qui vous reprochent de chanter des motets de Couperin et de Charpentier, comme vous l'avez fait à Paris, alors que les falsettistes étaient très peu prisés par leurs contemporains ?

Honnêtement, ce sont des incursions pour moi, je sais que ma vraie spécialité est la musique italienne. Malheureusement, ma tessiture actuelle ne me permet pas de chanter les parties de haute-contre comme l'ont si bien fait Gérard Lesne ou Henri Ledroit. Mais j'aime beaucoup chanter des motets pour soprano, et il y avait d'ailleurs quelques castrats italiens attachés à la chapelle royale... De plus je ne suis pas un intégriste de l'authenticité historique.


J'ai été, a priori, surpris de voir un lamento de Barbara Strozzi dans le programme du concert que vous allez donner au Palais-Royal... Faut-il encore y voir le goût de l'ambiguïté ?

On sait qu'elle chantait elle-même ses oeuvres, mais il se trouve que la plupart des lamenti ont un texte "masculin" : je me l'approprie donc sans scrupule [Rires] parce que la musique est tout simplement sublime. 


Depuis le film de Gérard Corbiau, Farinelli est à la mode : des sopranistes comme Arno Raunig ou Angelo Manzotti se sont lancés dans son répertoire, René Jacobs vient d'ornementer quelques arias pour Vivica Genaux, Cecilia Bartoli prépare sa réplique...

Excellente nouvelle ! j'ai entendu sa magnifique interprétation du Son qual nave [de Hasse] en concert. J'attends son disque avec impatience.


Vous comptez également rendre hommage aux castrats, mais dans une autre optique...

Je trouve en effet dommage de réduire l'histoire des castrats à Farinelli, qui n'a pas créé beaucoup de chefs-d'oeuvre, et dont la carrière fut assez courte, alors qu'il y a eu d'autres chanteurs magnifiques. Je m'intéresse notamment à Caffarelli et à Carestini... 


N'évoluaient-ils pas justement dans une tessiture de mezzo ?

Caffarelli était soprano, écoutez Sesto dans La clémence de Titus [de Gluck], qui a été écrit pour lui. Mais je m'intéresse surtout à Carestini, car la couleur de la voix était certainement plus sombre. C'est lui qui a créé Ariodante, Ruggiero dans Alcina ... Tous les témoignages que j'ai pu voir de sa vocalité sont assez fascinants - le rôle d'Ariodante est sans doute le plus difficile qu'Haendel ait écrit pour un castrat. J'aimerais bien construire un programme autour d'un personnage plus méconnu comme lui et aussi composer un récital Hasse : il y là un vaste choix d'arias qui permettrait, un peu comme Bartoli l'a fait avec Gluck, de proposer un récital extrêmement intéressant, avec des récitatifs accompagnés magnifiques...


Et de rompre avec l'image réductrice du castrat essentiellement virtuose, induite, à tort, par la vogue de Farinelli, alors que les castrats étaient aussi réputés pour l'expressivité de leur chant...

 Beaucoup de témoignages de l'époque dénoncent en effet l'abus d'ornements qui finissait par desservir la musique au profit de la seule personnalité du castrat, mais beaucoup affirment, en effet, que leurs voix avaient un pouvoir émotionnel incroyable ( certains auditeurs s'évanouissaient même !)


Vous êtes conscient du potentiel érotique de votre voix ?

Pas vraiment. Comme je suis instrumentiste de formation, au départ, je voyais le chant de façon plus rationnelle. Mais j'ai un peu changé, justement en travaillant ces pièces du dix-septième qui sont d'un érotisme et d'une sensualité incroyables, j'ai alors essayé de développer cet aspect. Je pense avoir évolué depuis Il Sedecia [enregistré en 1999] : quand je l'écoute, j'entends plus un enfant : aujourd'hui je veux développer ma palette expressive. Cecilia Bartoli est incontestablement un très grand modèle pour moi, car elle va très loin dans ce domaine.


Philippe Sollers parle d'érotisation du chant à son égard, c'est presque de la sensualité à l'état pur...

Oui, c'est extraordinaire.... Avec un timbre de contre-ténor, c'est peut-être moins évident, en tout cas très différent.


Quand on entend Jacek Laszczkowski [ V.Discographie : Catone in Utica] filer des aigus pianissimo d'une impalpable douceur, on se dit que pas mal de sopranos doivent le jalouser...

Ah oui ! Il y en a beaucoup ! [Rires]. C'est quelqu'un d'éminemment virtuose et de très extraverti, comme je n'ai pas sa tessiture ni sa virtuosité, je me tourne naturellement vers des choses plus intérieures. J'aime cependant beaucoup le répertoire virtuose de l'opera seria pour les possibilités de variations qu'il offre dans les Da capo


L'ornementation, qui est fondamentale dans la musique baroque et pas seulement dans la virtuosité, exige des chanteurs libres, qui ont de l'imagination et de la personnalité et s'impliquent, ce que vous faites dans La Morte delusa, par exemple...

Oui, c'est vrai qu'une oeuvre comme La Morte delusa de Bassani, qui est très belle, a demandé un travail de recréation qui s'est révélé passionnant. 


Dans un répertoire plus connu, vous allez interpréter le Stabat Mater de Pergolesi aux côtés de Salomé Haller et le Nisi Dominus de Vivaldi, une oeuvre hérissée de difficultés et que très peu de contre-ténors osent chanter en concert...

C'est, en ce qui me concerne, une oeuvre dans laquelle je me sens très à l'aise, beaucoup plus que dans le Stabat Mater de Vivaldi, qui, lui, est souvent donné par les contre-ténors. Cela vient du fait que le Nisi est écrit pour un alto plutôt aigu, je pense notamment au "Cum dederit". Je l'ai chanté plusieurs fois cet été avec l'ensemble Matheus et également avec Jean-Claude Malgoire à Reims, avec, toujours, un plaisir immense.


Le "Cum dederit" est d'une rare sensualité...

C'est une pièce qui ne ressemble à aucune autre et qui suscite toujours beaucoup d'émotions dans le public. C'est aussi redoutable pour tous les chanteurs !


Les Trois Soeurs d' Eötvös en témoignait encore récemment, depuis le renouveau des contre-ténors amorcé au vingtième siècle, les compositeurs s'intéressent aux voix masculines très aiguës, est-ce que la création vous attire ?

Oui. Je pense qu'une voix de contre-ténor comme la mienne, avec une certaine largeur dans l'aigu, pourrait intéresser des compositeurs, d'autant que la musique contemporaine sollicite beaucoup les extrêmes. Il y a des projets en cours, notamment la création d'une pièce de Nicolas Bacri, avec l'ensemble Matheus.


Vous êtes sur le point d'enregistrer votre premier disque en soliste...

Oui, il sera entièrement consacré à Benedetto Ferrari. 


Un compositeur que l'on découvre à peine...

Oui, car nous avons malheureusement conservé peu de choses de son oeuvre : ses trois livres de Musiche varie et un oratorio, Il Sansone, enregistré par Alan Curtis [chez Virgin] ; nous avons aussi le duo final du Couronnement de Poppée [de Monteverdi]. Ses trois livres sont extraordinaires : d'une complexité, d'une variété et d'une richesse fabuleuses.


On en connaît que quelques pièces...

Il y a quelques disques récents. Une heure de musique de Ferrari, c'est un travail immense, dans la préparation du continuo, de la déclamation, etc. Donc, je me suis entouré de personnes avec lesquelles j'avais envie de travailler, j'ai choisi les pièces... C'est passionnant, parce que c'est en quelque sorte mon premier bébé et que la maison de disques m'a fait entièrement confiance. C'est un projet très personnel, car je n'avais pas trop envie de sortir la dernière compilation d'arias de Haendel ni de projeter l'image du dernier contre-ténor à la mode...


C'est important de se distinguer, dès le départ, en particulier face à cette vogue...

Oui, je pense que j'ai tout le temps pour enregistrer des pièces plus célèbres, et qui sont déjà très bien défendues dans la discographie.


Ce récital sortira chez Ambroisie ?

Oui, probablement en mars, ce n'est pas encore sûr.


(Photo : Philippe Jaroussky)













Seriez-vous d'accord pour changer de style et vous lancer... dans le questionnaire de Proust ?

Ça va être amusant ! J'avoue que c'est mon premier...


Quel est le principal trait de votre caractère, Philippe Jaroussky ?

La détermination. N'ayons pas peur.


La qualité que vous désirez chez un homme ?

La franchise.


Et chez une femme ?

La sensibilité.


Ce que vous appréciez le plus chez vos amis ?

De pouvoir leur faire confiance ; c'est peut-être pour ça qu'on a peu d'amis dans la vie, de vrais amis.


Votre principal défaut ?

L'impatience ; qui est peut-être aussi la conséquence de la détermination.


Quel serait votre plus grand malheur ?

De ne plus pouvoir chanter du jour au lendemain, je pense que ce serait très dur.


Votre occupation préférée ?

Être en compagnie de mes amis.


Votre rêve de bonheur ? 

Ce n'est pas évident. Peut-être de pouvoir m'entourer de tous les gens que j'aimerais avoir à mes côtés et de faire de la musique avec eux, le plus longtemps possible.


La couleur que vous préférez ?

Le vert. 


La fleur que vous aimez ?

L'orchidée.


L'oiseau que vous préférez ?

La chouette.


Vos auteurs favoris en prose ?

Parmi les auteurs actuels, j'aime beaucoup Amélie Nothomb.


Vos poètes préférés ?

Verlaine.


Vos compositeurs préférés ?

Haendel et Chostakovitch.


Vos héros dans la fiction ?

Lorenzaccio.


Vos héros dans la vie réelle ?

Bartoli [Rires]


Ce que vous détestez par dessus tout ?

L'hypocrisie.


Quel est le don de la nature que vous aimeriez avoir ?

Si je n'avais pas été musicien, j'aurais adoré être peintre.


Votre devise ?

Je n'en ai pas. [Rires] 
 
 
Propos recueillis par Bernard Schreuders

Philippe Jaroussky à l'affiche...

21 octobre 2002, Théâtre du Palais-Royal, 20h30
"L'Italie baroque" (Ferrari, Frescobaldi, Monteverdi ,Strozzi), avec Yoko Nakamura (clavecin), Christine Plubeau (viole de gambe) et Nanja Bredijk (harpe) Claire Antonini ( théorbe)

6 novembre 2002, Quartz de Brest, 20h30
Vivaldi, airs et duos d'opéra, avec Veronica Cangemi (soprano) et l'Ensemble Matheus, Jean-Christophe Spinosi, dir.

21, 22 et 23 novembre 2002
église de Genes les Carmes (Clermont-Ferrand), 20h30 : Preisner, Requiem, avec Liliana Faraon, Sandrine Rondot et Renaud Delaigue

28 et 29 novembre 2002, Théâtre Gyptis (Marseille) : L'Incoronazione di Poppea,Jean-Marc Aymes, dir.

Du 23 au 26 janvier 2003, Nantes
Les Folles Journées : Vivaldi, Nisi Dominus

2 février 2003, Théâtre du Châtelet, 11 h
Pergolesi : Stabat Mater ; Vivaldi : Nisi Dominus, avec Salomé Haller, La Grande Écurie et la Chambre du Roy, Jean-Claude Malgoire, dir.

6, 8 (Saint-Quentin-en-Yvelines) ; 12 (Orléans) ; 16 (Clermont-Ferrand) ; 21, 23 (m), 25 (Tourcoing) ; 29 mars (Théâtre des Champs-Élysées, version de concert) ; 1er (Brest); 5, 6 (m), 8 avril 2003 (Rennes)
Haendel, Agrippina, avec Véronique Gens, Donata d'Annunzio-Lombardi, Nigel Smith, Thierry Grégoire, Fabrice di Falco, Bernard Deletré, Alain Buet, Jean-Claude Malgoire, dir.

12 avril 2003, Sablé-sur-Sarthe, centre culturel, 20h30 : Vivaldi, Pärt, Chants polyphoniques corses, Bacri (avec les ensembles Matheus et A Cumpagnya)

4 juin 2003, Quartz de Brest, 20h30 : idem



... et au disque

Giorgio Bassani, La morte delusa, La Fenice, Jean Tubéry, dir., Opus 111/Naïve

Pierre Menault, Vêpres pour le Père Lachaise, La Fenice, Jean Tubéry, dir., K 617

Claudio Monteverdi, L'Incoronazione di Poppea [Mercurio, Famigliare di Seneca], Coro Antonio Il Verso, Ensemble Elyma, Gabriel Garrido, direction et réalisation musicale, K 617

Alessandro Scarlatti, Il Sedecia, Il Seminario Musicale, Gérard Lesne, dir., Virgin Classic

Antonio Vivaldi, Catone in Utica, La Grande Écurie et la Chambre du Roy, Jean-Claude Malgoire, dir., Dynamic

A paraître, chez Ambroisie : un récital consacré à Benedetto Ferrari
chez Naïve : La Verità in cimento de Vivaldi avec l'ensemble Matheus
 

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