C O N C E R T S 
 
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LIEGE
26/09/06
 Werner Van Mechelen - Mandryka et Mireille Delunsch - Arabella
© Opéra Royal de Wallonie DR
Richard Strauss (1864-1949)

ARABELLA

Opéra en trois actes
Livret de Hoffmansthal

Arabella : Mireille Delunsch
Zdenka : Anne-Catherine Gillet
Adelaide : Hanna Schaer
Fiakermilli : Mélanie Boisvert
Une diseuse de bonne aventure : Christine Solhosse
Mandryka : Werner Van Mechelen
Matteo : Gilles Ragon
Le Comte Waldner : Tómas Tómasson
Le Comte Elemer : Steffen Schantz
Le Comte Dominik : Patrick Delcour
Le Comte Lamoral : Léonard Graus
Un valet de chambre : Marcel Arpots
Welko : Alexei Gorbachev
Djura/Jankel : Nicolas Mottart
Trois joueurs de cartes :
Pierre Gathier, Edwin Radermacher, Marc Tissons

Nouvelle coproduction Théâtre du Capitole de Toulouse
Opéra Royal de Wallonie

Orchestre et Chœurs de l'Opéra Royal de Wallonie
Direction musicale : Patrick Davin
Mise en scène : Pierre Médecin
Décors, costumes et lumières : Pet Halmen

Liège, mardi 26 septembre 2006

On avait adoré la création toulousaine de cette nouvelle coproduction Capitole/Liège, tant pour la lisibilité globale de son dispositif scénique que pour l’excellence de son plateau. On est heureux de constater qu’à la relecture, ce décor fonctionne toujours aussi bien, alternant avec simplicité l’intérieur d’un hôtel de luxe fait d’une immense volée de marches de marbre vert, et un supposé pan de mur où s’alignent les portes d’autant de chambres… Sous le portrait de François-Joseph, on s’agite, on court, on monte et on descend des marches, on peut même prendre l’ascenseur… Certains soldats se laissent aller à de surprenantes amours garçonnes, et l’on voit passer la vieille Autriche bicéphale (les deux aigles entrelacées) sous la coupe de l’aigle autrement totalitaire d’un nouveau Reich… Malgré la lourdeur de ces deux dernières chevilles, la scénographie reste des plus efficaces.

Mais c’est pour Mireille Delunsch que l’on faisait le déplacement, prise de rôle depuis longtemps attendue. L’audace de la gageure, malgré quelques inévitables cahots, aura été payante : certes, les deux premiers actes, avec leur écriture vocale terriblement tendue, ces phrases à n’en plus finir qui exigent de la soliste une longueur de souffle de grand orgue, et culminant souvent in fine sur des aigus insensés, ont ostensiblement éprouvé la chanteuse. Mais par quel miraculeux troisième acte n’a-t-elle pas racheté ces quelques faiblesses, retrouvant cette magie qui n’est qu’à elle, le moelleux d’un timbre d’ambre et de lait, l’éclat d’aigus charnus, la douceur poignante de sa mezza voce ? On est une fois de plus stupéfait devant la capacité de l’artiste à donner vie aux personnages qu’elle incarne, jamais indifférente, toujours habitée – même dans les costumes les moins seyants. On s’étonne dès lors de l’accueil poli mais sans réel enthousiasme que réserve le public liégeois à l’artiste. A ses côtés, Anne-Catherine Gillet recommençait l’exploit de sa Zdenka toulousaine, insolente de verve et de fraîcheur, voix facile, projetée avec une précision incroyable. Autre voix singulièrement bien projetée, Gilles Ragon trouve ici un rôle à son exacte pointure, semblant presque s’amuser des difficultés de sa tessiture avec l’éclat et le métal qu’on lui connaît – et ici totalement justifiés.


Tomas Tomasson - Graf Waldner - Werner Van Mechelen - Mandryka
© Opéra Royal de Wallonie DR


Le reste de la distribution est malheureusement fort en retrait, à commencer par un Mandryka manquant de volume et de mordant, bel et bon chanteur dans les moments les plus lyriques, mais débordé dans les élans de rusticité dont Strauss l’a constamment affublé… Et si Hanna Schaer arrive a sauver son personnage de l’indifférence, Tomas Tómasson, qui nous avait tant impressionné dans le récent Wozzeck de Nancy (juin 2006), fait du vieux Waldner une caricature assez sommaire et sans véritable relief. Mené avec un peu trop de fougue par Patrick Davin, l’orchestre de l’Opéra royal de Wallonie (dont il est le nouveau directeur musical depuis le début de l’année) a donné en énergie ce qu’il n’a pu trouver en qualité de timbres.
 
David Fournier
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