C O N C E R T S 
 
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MULHOUSE
18/06/05

© Alain Kaiser
Jean-Philippe RAMEAU

LES BOREADES

 Tragédie en musique en cinq actes de Jean-Philippe Rameau
Livret attribué à Louis de Cahusac
Créé en concert au Queen Elizabeth Hall,
South Bank Centre, à Londres, le 14 avril 1975
Création scénique le 21 juillet 1982 au festival díAix-en-Provence

Les Boréades oeuvre postume de Jean-Philippe RAMEAU, 1764,
Origine: Manuscrit Bibliothèque Nationale de France, Paris. Res.Vmb Ms4
© 1982 Alain VILLAIN, Editions STIL, Paris

Alphise : Anne Lise Sollied
Abaris : Paul Agnew
Calisis : Eric Laporte
Borilée : Nicolas Cavallier
Borée : Andrew Foster Williams
Sémire : Delphine Gillot
Apollon et Adamas : Thomas Dolié
Nymphe : Kimy McLaren
Polymnie : Luandra Siqueira

Mise en scène : Laurent Laffargue
Chorégraphie : Antonis Foniadakis

Choeurs de L'Opéra National du Rhin
Chef de choeur : Michel Capperon

Ballet de l'Opéra National du Rhin

Concert d'Astrée
Direction musicale : Emmanuelle Haïm

La Filature, le 18 juin 2005


Décidément, l'Opéra du Rhin nous aura gâtés pendant cette saison 2004-2005. Après une Lulu théâtralement très forte il y a à peine quelques jours, il clôt cette saison avec Les Boréades de Rameau. Et encore un triomphe, un ! Créées en 1964 (!) en version de concert par l'ORTF, ces Boréades n'ont connu leur première représentation scénique qu'en 1982 à Aix-en-Provence. C'est dire si Rameau ne les a jamais vues ! Mais gageons qu'il aurait aimé cette nouvelle mise en scène très inventive : le décor représente l'intérieur d'un grand chapiteau de cirque rouge sombre à l'intérieur duquel les princes et les dieux sont des dompteurs (et des chasseurs) vêtus de rouge dont le gibier sont les hommes (les danseurs). Alphise elle-même est vêtue en dompteuse, mais avouons que dans ce costume elle ressemble plus à la Grande-Duchesse de Gerolstein qu'à une reine grecque !

Anne Lise Sollied - Paul Agnew
© Alain Kaiser

Tous les hommes sont habillés du même costume de dompteur, à l'exception d'Apollon qui, étant le dieu de la lumière, est vêtu de jaune, et de Abaris, qui, n'appartenant pas à cette communauté, est vêtu d'un simple costume couleur crème et a le visage peint en blanc. Belle idée de théâtre, vraiment, bien qu'au bout de plus de trois heures de spectacle la mise en scène devienne un peu ennuyeuse à force de ne prendre appui que sur le monde du cirque et ses rituels : faute de renouvellement, une certaine monotonie s'installe parfois.

Par bonheur, le niveau musical de la soirée fait oublier cette menue réserve. Les femmes sont superbes, en particulier Alphise, incarnée par la norvégienne Anne Lise Sollied qui trace le portait d'une reine meurtrie . Vocalement, cette soprano possède une voix pleine d'autorité, presque un peu trop charnue pour ce répertoire. On regrettera toutefois des carences dans la diction, si importante chez Rameau. Delphine Gillot, pour sa part, incarne une belle Sémire. Dans les courts rôles de Nymphe et Polymnie, Kimy McLaren et Luandra Siqueira s'acquittent honorablement de leur tâche.Incontestablement, ce sont les hommes qui se taillent la part du lion dans ce spectacle, à commencer par le superbe Borée de Andrew Foster Williams. Dramatiquement fabuleux, le baryton anglais offre un portrait parfaitement haïssable du dieu des vents auquel il offre sa belle voix puissante qui "passe" sans effort l'orchestre et les choeurs. Les deux prétendants, Calisis et Borilée trouvent en Eric Laporte et Nicolas Cavallier des chanteurs à leur mesure. Laporte fait preuve de belles demi-teintes, quoiqu'un peu en difficulté dans les vocalises rapides. Cavallier, quant à lui, confère à l'infâme Borilée des accents sombres parfaitement inquiétants.


© Alain Kaiser

Thomas Dolié est une révélation. gé de seulement 26 ans, ce jeune baryton français a déjà interprété brillamment Papageno à l'Opéra du Rhin en janvier. Ici, il est Adamas et Apollon. Deux rôles qui lui vont merveilleusement bien. Mais le véritable héros de cette soirée, c'est Paul Agnew. Ici, il se surpasse - si c'est possible - en terme de couleurs et de nuances. Son air, après l'enlèvement d'Alphise par Borée, est tout simplement prodigieux tant Agnew y est tendre et poignant. Scéniquement, il arbore une sécurité et une prestance dignes du héros qu'il incarne. Tant d'aisance vocale et physique, c'est confondant. 


© Alain Kaiser

A la fois gibier de chasse, attraction pour la reine Alphise et même vents sous la domination de Borée, les danseurs sont omniprésents. Leurs chorégraphies sont constamment inventives, délibérément contemporaines - un parti pris surprenant, mais assumé avec assez de talent pour convaincre.

Sonorités superbes, phrasés inouïs, le concert d'Astrée est superbement dirigé par une Emmanuelle Haïm visiblement amoureuse de cette oeuvre. Le public ne s'y est pas trompé est a réservé à la "cheffe" et à ses musiciens un triomphe mérité.
 
 

Nicolas Grienenberger


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Prochaines représentations :

18, 21 Juin : Mulhouse - La Filature 
28, 29 Juin, 1er, 2, 4 juillet 2005 : Strasbourg - OpéraÝ 

www.opera-national-du-rhin.com/
 

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