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ANTIBES
02/07/04
© DR
Récital Salvatore Licitra
 

Musiques au coeur d'Antibes
Concert d'ouverture

Antibes, 2 Juillet 2004



Récemment adoubé comme "digne successeur" de Luciano Pavarotti, qu'il remplaça, au pied levé, en mai 2002 dans Tosca au Metropolitan Opéra de New-York, Salvatore Licitra conduit avec succès un début de carrière prometteur. Quelques disques scaligères avec Riccardo Muti (Trovatore, Tosca) ont trouvé leur public, le ténor est sympathique en diable, généreux : son double contre-ut véronais en 2001 est encore dans toutes les mémoires... Mais, volons à l'essentiel.

Avec deux fausses attaques pour Celeste Aida, on a pu un instant craindre le pire... Il est vrai que la pompeuse villa EilenRoc nichée au coeur de l'écrin de verdure du Cap d'Antibes surplombe la Grande Bleue et son taux d'humidité élevé. Ne cherchant pas midi à quatorze heures, le ténor italien, né à Genève, déploie dans Verdi (Aida, Rigoletto, Macbeth et Ballo) une voix vibrante, chaleureuse, et un engagement total. Un peu trop uniformément d'ailleurs. On est au concert et on y reste. Avec l'air d'entrée de Radamès, le si bémol final diminuendo passera aux oubliettes au profit d'un insolent impact sonore, certes plus efficace sur le public festivalier.

Les autres pages du Maître montreront une plus grande rigueur de style et une fraîcheur bien plus convaincante. Là où d'aucuns seraient tentés d'en rajouter, le Macduff de Licitra n'est que plénitude de son et de mots, un sommet de tendresse et de compassion. Et rattrape un Duc de Mantoue générique, sans sex-appeal. Avec Riccardo du Ballo in maschera, on revient à des sphères néo-belcantistes - aux évidentes filiations romantiques de vocalité "donizettienne", simplement réjouissantes. Inutile de préciser que Marco Guidarini et l'Orchestre Philarmonique de Nice déroulent pour le soliste un tapis chatoyant. Geste large ou recueilli, le chef génois dispense des couleurs fortement contrastées et un phrasé toujours très élégant.

C'est certainement avec l'opéra vériste que le public a été le plus comblé.
Comment, en effet, ne pas être conquis, transporté par cette voix solaire qui projette fièrement, hautement, dans la nuit antiboise les rêves morbides et étoilés de Calaf, Cavaradossi ou Chénier ? Un bémol par contre pour l'air de Don José, scolaire, au français approximatif et à l'aigu un rien poussé.

Une fois n'est pas coutume. Nous aimerions terminer sur le Philharmonique de Nice et son chef qui, en quatre préludes, nous disent combien ils aiment, sans différence, opéra et répertoire symphonique. L'interlude du 3ème acte de Carmen renvoie à juste titre à Gustav Mahler. Et rappeler combien le violon solo de la phalange n'en finit pas de nous surprendre et émouvoir. Vera Brodmann-Novakova réussit ce génial tour de force qui consiste à décaper la sirupeuse et faussement spirituelle Méditation de Thaïs qui devient ainsi un concerto pour violon à part entière dans la littérature du compositeur stéphanois. Inouï !
 
 

Christian COLOMBEAU
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