C O N C E R T S 
 
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STRASBOURG
Parc des Expositions

14 mai 2002

 
8e symphonie

Gustav MAHLER

Nouvelle production
Inga Nielsen, soprano I
Gabriele Fontana, soprano II
Christiane Boesiger, soprano III
Birgitta Svenden, alto I
Anette Bod, alto II
Stuart L. Sketon, ténor
Eike Wilm Schulte, baryton
Peter Mikulas, basse

Choeur des Bamberger Symphoniker
(direction: Rolf Beck)
Grand Choeur du Conservatoire national de région de Strasbourg
(direction: Catherine Bolzinger)
Choeur de St-Guillaume
(direction: Erwin List)
Maîtrise de garçons de Colmar
(direction: Arlette Steyer)

Orchestre Philharmonique de Strasbourg

direction
Jan Latham-Koenig

 


Strasbourg est, cette saison, une des 3 villes du monde à présenter cette 8° symphonie de Mahler, c'est dire l'événement que ce concert représentait.

Surnommée "symphonie des mille" (et ce, à l'insu de Mahler, qui était furieux de cette dénomination), elle fut exécutée à Strasbourg par 500 exécutants, et pour un seul soir. C'est pourquoi fut choisi le "Hall Rhénus" du Parc des expositions de Strasbourg pour le concert. Ce hall permet en effet d'accueillir 6000 personnes et il était archi comble !

On pourra regretter que le concert ne fut pas plutôt donné plusieurs fois dans une salle plus petite, car le Hall Rhénus n'est bien sûr nullement adapté pour un tel concert. Mais la salle habituelle des concerts de l'Orchestre Philharmonique n'aurait pu accueillir toute cette masse de musiciens qu'au prix d'aménagements de la scène, et il aurait fallu jouer l'oeuvre au moins 3 fois pour accueillir autant de spectateurs, d'où des coûts plus élevés... Vaste problème. 

Ce qu'on pouvait apprécier par contre, c'était une acoustique étonnamment sèche pour un lieu si immense. Une légère sonorisation ainsi que des écrans géants permettaient aux personnes placées loin de la scène de mieux percevoir le concert. Malgré ces efforts louables, le son était bien faiblard depuis le fond et les côtés du hall, et ne permettait pas d'en profiter au mieux.
On pouvait donc craindre dans ces conditions, une bruyante interprétation, "à la hussarde", afin de remplir le vaste espace, mais il n'en a rien été, et ce grâce à la direction superbe de Jan Latham-Koenig qui a su offrir une lecture d'une grande maîtrise (pas une décalage entre l'orchestre, les solistes, les choeurs et l'orchestre "en coulisse"), d'une grande clarté et d'une grande finesse quand il le fallait. Jamais les impressionnants tutti n'étaient outrés, vulgaires, gratuits, tout était propre et surtout clair, ce qui n'est pas un mince exploit. Dans la partie lente et uniquement orchestrale de la deuxième partie, avec de nombreux soli instrumentaux, on avait parfois l'impression d'entendre de la musique de chambre jouée dans une petite salle. 
Il faut dire aussi l'excellent niveau des interprètes: des choeurs absolument superbes (très homogènes, et à noter, une Maîtrise remarquable), à l'orchestre qui sortait pourtant de 6 représentations du Prince Igor à l'Opéra du Rhin (voir critique) , et qui était en très grande forme, notamment les solistes.

Quant aux chanteurs solistes, ils apportaient toute satisfaction. Les sopranos brillaient par leur  engagement et leur endurance dans des parties d'une difficulté étourdissante, notamment Inga Nielsen, superbe et émouvante (elle remplaçait Renate Behle). On aura aussi remarqué la superbe Birgitta Svenden en 1° alto. Le ténor souffrait un peu dans les parties aiguës de sa partie, elle aussi extrêmement difficile, mais offrait un beau timbre et un réel engagement, tout comme le baryton et la basse.

Au final, une interprétation tout à fait remarquable, qui alliait puissance, finesse et émotion, de cette oeuvre imposante. Un "très beau cadeau aux auditeurs de la région", comme le dit justement Jan Latham-Koenig dans le programme. 
 

Pierre-Emmanuel Lephay
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