C O N C E R T S 
 
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VIENNE
05/01/05
© Festspielhaus.de
NORMA

version de concert

Livret de Felice Romani, 
Musique de Vincenzo Bellini

Norma: Edita Gruberova
Pollione: Salvatore Licitra
Adalgisa: Nadia Krasteva
Oroveso: Dan Paul Dumitrescu
Clotilde: Inna Los
Flavio: Marian Talaba

choeur et orchestre du Staatsoper
direction : Marcello Viotti

Vienne, le 5 février 2005

Cela faisait une quinzaine d'années que Norma n'était pas à l'affiche à Vienne. Ajoutons à cela que la diva se produisait devant son public et on aura compris à quelle vitesse les billets se sont vendus. Depuis plusieurs années, Edita Gruberova se plaint de certaines mises en scènes, de la "dictature" à laquelle presque tous les chanteurs doivent se soumettre. Lors de la reprise de Don Giovanni quelques jours plus tôt, elle déclarait que la production de Zefirelli, même vieille, tenait plus la route que certaines propositions modernes. Nous n'aurons donc pas à critiquer de mise en scène pour aujourd'hui.

Le mélomane aimerait parfois assister à une représentation avec une oreille vierge de toute référence. Ceci est possible quand un théâtre propose des raretés, mais comment assister à une représentation de Norma sans avoir en mémoire les illustres incarnations passées de la druidesse?

Celui qui écrit ces lignes n'est ni un fanatique ni un contempteur d'Edita Gruberova. La soprano slovaque possède des qualités et des défauts qui ne laissent pas indifférents. Parmi les qualités, citons une voix d'une intégrité miraculeuse à son âge. Ce n'est pas manquer de respect que de rappeler qu'elle chante depuis bientôt 37 ans. Qui l'écouterait "en aveugle" ne pourrait deviner l'âge de l'interprète. Cette intégrité nous permet de l'entendre chanter "Casta diva" dans la tonalité originale de sol ou le duo du deuxième acte avec Adalgisa en fa. Autre qualité : une technique à toute épreuve l'autorisant à tenir de longues phrases sur le souffle (Ah! padre! un prego ancor"), à émettre des pianissimi impalpables (fin du "Casta diva", fin du "Qual cor tradisti", "son io"...) et des vocalises brillantes. Voilà pour les qualités.

Il est juste d'aborder les défauts. Certains maniérismes bien connus entachent le phrasé : ports de voix (limités, heureusement), coups de glotte. Pour éviter de poitriner et d'être accusée de froideur dans les passages graves ou dramatiques, la diva voile son émission dans les graves ou se met à susurrer là où d'autres chantent à pleine voix. Elle abandonne le chant pour "parler" à 2 ou 3 reprises, ne chante pas les trilles demandés sur "Adalgisa fia punita" et conclut son duo avec Pollione sur une avant dernière note tellement fausse qu'on ne peut parler de contre-mi bémol pour la désigner. Pour synthétiser, disons que certains procédés tournent à l'artifice systématique. C'est parfois très beau, parfois irritant, très habile mais factice. Le personnage est-il vraiment émouvant ?

Le Pollione de Salvatore Licitra se défend bien, même si la voix devrait être mieux chauffée dans son air d'entrée. L'Adalgisa de Nadia Krasteva est honorable à défaut d'être mémorable, tout comme sa Favorite de septembre dernier. A l'instar de Pollione avant elle, elle écrête la partition de Bellini de tous les contre-ut qui sont pourtant écrits. Oroveso et les choeurs sont satisfaisants. La direction de Marcello Viotti est vive, attentive aux chanteurs, jamais vulgaire. Autant la Lucia ou la Donna Anna de Gruberova nous avait convaincus (voir forumopera 7/11/2001), autant sa Norma laisse une impression d'artifice. Pour l'émotion, on préfèrera le souvenir laissé par une chanteuse moins connue (voir forumopera 19/12/2004).
 

Valery FLEURQUIN
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