Forum Opéra
LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE

 

L'édito...
sylvain fort
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LE COEUR A L'OUVRAGE


On sait assez combien la profession de critique est vilipendée. Les critiques, dit-on, sont ceux auxquels une nature ingrate n’a pas permis de devenir artistes. On sait tout cela. C’est tellement vrai ! On en a vus, à Forum Opéra, de ces apprentis plumitifs de tous âges, venus nous présenter leur prose livide, où avec leurs petits ongles rongés ils tentaient misérablement de gratter un peu de la couche d’or qui couvre les grands artistes ! On en a vu, arriver la bave aux lèvres, désireux d’en découdre avec tout ce qui pousse la note, la plume en forme de crochet de boucher ! Sans parler de ceux qui puisaient dans leur ignorance encyclopédique des arguments de procureurs soviétiques, qu’ils émettaient avec une certitude d’airain. On en a même vu qui vous faisaient de l’émission vocale de tel ténor une analyse extrêmement précise où ils trouvaient la ressource de formuler non seulement des jugements, mais des conseils de haute école. C’est fou comme les grands ténors sont nombreux chez les critiques d’opéra.

Tristes sires, triste spectacle, pauvres de nous : nous les avons tous renvoyés à l’abreuvoir où boivent les bêtes de troupeau qui se prennent pour des lions.

Mais les critiques de Forum Opéra sont si attachants. Prenons notre ami Bernard Schreuders. En voilà un qui pratique la critique amoureuse. Si Philippe Jaroussky lit la critique consacrée par Bernard à son dernier disque, il sera, à n’en pas douter, pris de l’envie irrésistible de lui envoyer des tombereaux de roses, des bisous par milliers, et peut-être même songera-t-il à l’inviter dans son immense villa du Lubéron afin d’échanger plus avant sur le répertoire qui leur est cher. (Forum Opéra décline toute responsabilité sur ce qui pourrait alors s’ensuivre)

Et Clément Taillia ? Voici un garçon qui vous ferait croire que Wagner a écrit pour le jeunesse et fait rêver les teenagers plus efficacement que Walt Disney ou Harry Potter. Si j’étais Simon Rattle, j’inviterais Clément à l’ouverture de la Philharmonie de Berlin et je le ferai monter sur l’estrade, car on ne doit pas décevoir ceux qui vous aiment, surtout les enfants.

Voyez aussi notre rédacteur Yonel Buldrini, qui dans sa thébaïde verse des larmes de joie brûlante lorsqu’il entend Nelly Miricioiu rendre justice à son Donizetti tant aimé. Encore cela n’est-il rien comparé aux éructations orgasmiques de Placido Carrerotti lorsque Renata Scotto lui offre la grâce d’un sol aigu pas trop vrillé lors d’un de ses récitals d’adieux dont elle fait encore profiter quelques happy few fortunés sur des croisières confidentielles en mer de Chine.

Dans les livraisons les plus récentes, ne voyez-vous pas que Christian Peter serait prêt à élever une statue à Fabio Biondi, à faire barrage de son corps à tout offenseur qui lui dirait : « Fabio, tu joues trop fort et trop vite » ? N’est-il pas évident que Valery Fleurquin recueillera chez lui Annick Massis lorsqu’elle sera devenue grosse et impotente, lui préparant chaque jour des petits plats et lui offrant des gros bouquets de bégonias bleus ? A l’évidence, la vie de Juliette Buch défleurirait comme le jardin de Klingsor sans l’illumination constante qu’y apporte Anne-Sofie von Otter ! Quant à une Sophie Roughol sans Mozart, c’est comme un Sévag Tachdjian sans Delunsch, comme un Jean-Philippe Thiellay sans Nucci, comme une Audrey sans Jurowski, comme un Christophe Rizoud sans Minkowski, comme un Jean-Marcel Humbert sans Aida, comme un Benoît Berger sans DVD, comme une Lou sans papier à mettre en ligne, comme un Piem sans Monique Herzog, comme un Réal sans caribou, comme une Lise sans Adorno et sans sourire, comme un Geoffroy sans salutations distinguées, comme un Viet-Linh sans viole de gambe, comme un Maurice Salles sans virgule, comme un Xavier Luquet sans cadavre, comme un Vincent Deloge sans Res Musica, comme une Brigitte Cormier sans chat, comme un Camille de Rijck sans kebab frelaté…

Vraiment, le site qui ressemble le plus à Forum Opéra, c’est Meetic.fr. Car nous ne sommes rien d’autre qu’une congrégation d’individus isolés travaillés en tout sens par l’amour et le désir, des âmes éperdues de bonté et de beauté, des cœurs transis de passions radieuses, et qui tentent de leurs petits doigts boudinés de transcrire sur la surface iridescente de leur ordinateur une partie infime des sentiments qui les traversent et les bouleversent à chaque instant.

D’ailleurs, nous avons abandonné les conférences de rédaction depuis qu’une de nos rédactrices s’est sentie mal sous l’effet conjugué des effluves de patchouli, de la fumée de gros joint qui pique et des caresses langoureuses que tentait de lui faire subir le doyen du journal.

Une nouvelle année lyrique commence. Que la Paix et l’Amour soient sur vous.

Sylvain Fort
Rédacteur en chef

 

 
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