Pour agrémenter les entractes du Tamerlano de Haendel présenté à Hambourg au théâtre am Gänsermarkt en ce mois de septembre 1725, on fait appel à Georg Philipp Telemann, qui choisit pour ce petit intermezzo un livret déjà utilisé par Albinoni près de vingt ans plus tôt et qu’avait écrit Petro Pariati, Pimpinone ou la Mésalliance. C’est Michael Praetorius, excusez du peu, qui adapte le livret pour Telemann, et le texte sera donc au moins en partie, bilingue, italien et allemand. L’argument est assez simple et on pourrait le résumer de manière un peu anachronique par une sorte de croisement entre La Serva padrona et Don Pasquale !
Il s’agit donc d’un barbon, Pimpinone (avec un nom pareil, évidemment…) qui prend pour maîtresse sa servante Vespetta (petite guêpe en italien…). Elle ne pouvait rêver mieux, puisqu’elle cherche un mari plutôt âgé, pas trop malin et surtout très riche. Elle prétexte que leur liaison choque la bonne société locale et qu’il faut régulariser leur situation au plus vite. Hop, le mariage est célébré sans délai et pour faire bonne mesure, Pimpinone laisse les clés de son coffre à la belle, qui ne pense qu’à sortir en ville sans qu’il ait intérêt à faire la moindre réflexion. Povero Pimpinone ! C’est méchant et malveillant mais ça marche terriblement, à tel point que ces trois intermezzi (qui correspondent à chacune des trois étapes de la déchéance de Pimpinone pour chacun des trois intermèdes de Tarmerlano, sera bien vite rassemblé en un seul opéra, l’un des grands triomphes de Telemann dans le genre, pour lequel il n’est pourtant pas le plus réputé. On entend dans la partition beaucoup de science musicale et d’invention au service de la farce, comme par exemple cet air du barbon, « Ella mi vuol confedere ».