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BIZET, Intégrale des mélodies

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CD
11 juin 2025
Bien plus que des brouillons

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Georges Bizet (1838-1875)

Vingt Mélodies, opus 21

Trois pièces de jeunesse

Feuilles d’album

Quatre mélodies inédites des années 1870

Quatre duos édités

Seize mélodies

Pièces de jeunesse inédites

Chants des Pyrénées

 

3 CD Harmonia Mundi, enregistrés en janvier et avril 2024, 3h32′

 

Détails

Marianne Croux

Soprano

 

Coline Dutilleul

Mezzo-soprano

 

Cyrille Dubois

Ténor

 

Guilhem Worms

Baryton-basse

 

Luca Montebugnoli et Eduardo Torbianelli, piano

A l’occasion des 150 ans de la création de Carmen et de la mort de son auteur, les organisateurs de concerts et les éditeurs s’intéressent au reste de l’oeuvre de Bizet. Si les autres opéras sont de mieux en mieux connu et défendus en scène, si la Symphonie en ut s’est inscrite au répertoire de beaucoup d’orchestres (en France et ailleurs), si les œuvres pour voix et orchestre ont récemment fait l’objet d’un enregistrement chez Glossa, il manquait encore une intégrale moderne des mélodies. Le Palazzetto Bru Zane et Harmonia Mundi ont uni leur force, et voilà ce coffret de 3 CD et 3h32 de musique. Il semble que l’on puisse enfin parler d’intégrale, puisque même des pièces inédites ont été exhumées.

L’amateur de Carmen sera sans doute curieux de déceler les prémisses du chef-d’oeuvre. Il sera servi. Dès les Trois pièces de jeunesse, de 1854, un compositeur de 16 ans fait entendre une voix personnelle : « Petite Marguerite » a déjà l’allure et le souffle des airs de Micaëla, et « La foi, l’espérance, la charité » ont une ardeur de ton et un brillant qui préfigurent irrésistiblement les rodomontades du toréador. A d’autres moments, on trouvera des espagnolades proches d’une habanera, ou plusieurs morceaux qui ont carrément été repris dans des œuvres ultérieures. Selon nous, le véritable intérêt est cependant ailleurs. Plutôt que d’y voir les prémisses de ses opéras, il faut voir de quelle façon Bizet a dynamité en douceur le genre de la romance et l’a en quelque sorte exfiltrée du salon pour en faire une vraie œuvre d’art, capable d’affronter un public plus large, assise sur des bases robustes. La voix se déploie avec naturel et lyrisme, les contrastes et les variations de volume excèdent largement le tout-venant de l’époque. Les accompagnements sont toujours intéressants : en vrai virtuose du clavier, Bizet sait que, pour maintenir l’intérêt du public, il faut que la partie de piano contienne aussi son lot de virtuosité ou de pittoresque.

Que ce soit par l’abondance de son invention mélodique ou son art harmonique très personnel, Bizet a porté l’art de la mélodie à un niveau qui laisse loin derrière lui Gounod et Saint-Saëns, et qui ne sera sans doute égalé que par Fauré, bien plus tard et dans un style complètement différent. Impossible de citer toutes les merveilles qui attendent l’auditeur. Mentionnons juste quelques exemples : « Adieux à Suzon », pressés et gorgés de vie comme un Lied de Schubert, « Le grillon » et son irrésistible sautillement, « Aubade » et son sentiment de matin primordial. Le coffret culmine avec les quatre duos, sur des poèmes de Jules Barbier et Théophile Gauthier. L’art de Bizet est stimulé par cette configuration, et il nous livre ici de vrais bijoux, surtout le « Rêvons » aux accents presque tristanesques.

Pour rendre justice à ces merveilles, il faut des chanteurs de premier plan et d’un goût parfait. Si les quatre protagonistes réunis ont tous une excellente diction et une culture musicale évidente, ils ne sont pas tous égaux sur le plan des moyens vocaux. On mettra tout en haut Cyrille Dubois. Son émission haut perchée, son timbre exquis, sa délicatesse sont ici parfaitement en situation. Comme ces lignes sont galbées, comme la respiration est dissimulée, comme le souffle paraît infini. Au même niveau d’excellence, Coline Dutilleul fait valoir un timbre moiré et pulpeux, qui sait aussi se faire plus affûté lorsqu’il s’agit de faire passer le texte. Guilhem Worms a des moyens généreux, mais il a tendance à pousser le son de manière parfois trop opératique, et met un peu de raideur dans ses parties. C’est impressionnant mais un peu trop tout d’une pièce. Reste le cas de Marianne Croux. On avoue être sensible à sa musicalité, et au soin qu’elle apporte à la clarté de sa diction, ce qui est loin d’être évident pour une soprano. Mais le timbre reste bien ingrat, et le vibrato est plus d’une fois gênant. Les riches parties de piano de Bizet sont à la fête, avec Luca Montebugnoli et Edoardo Torbianelli qui se montrent tous deux sûrs techniquement et capables de créer l’atmosphère idoine, de la joie primesautière à la contemplation de la nature, en passant par tous les stades de la passion amoureuse. L’usage de pianos d’époque renforce encore l’impression que les interprètes sont globalement parvenus à retrouver la couleur juste. A consommer sans modération, même lorsque l’année Carmen sera passée.

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Georges Bizet (1838-1875)

Vingt Mélodies, opus 21

Trois pièces de jeunesse

Feuilles d’album

Quatre mélodies inédites des années 1870

Quatre duos édités

Seize mélodies

Pièces de jeunesse inédites

Chants des Pyrénées

 

3 CD Harmonia Mundi, enregistrés en janvier et avril 2024, 3h32′

 

Détails

Marianne Croux

Soprano

 

Coline Dutilleul

Mezzo-soprano

 

Cyrille Dubois

Ténor

 

Guilhem Worms

Baryton-basse

 

Luca Montebugnoli et Eduardo Torbianelli, piano

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