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FAURÉ, Caligula — Laon

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Spectacle
18 septembre 2022
Ainsi chantait Caligula

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Gabriel Fauré (1845-1924) : Caligula, suite op.52 pour choeur de femmes et orchestre (1889)

Marcelle Soulage (1894-1970) : Légende op.13 (1919) pour flûte, hautbois et harpe

Richard Strauss (1864-1949) : Ainsi parlait Zarathoustra (1898)

Magali Mosnier, flûte

Olivier Doise, hautbois

Nicolas Tulliez, harpe

Maîtrise de Radio France, dir. Sofi Jeannin (Fauré)

Orchestre philharmonique de Radio France

Direction musicale

Mikko Franck (Fauré, Richard Strauss)

Cathédrale Notre-Dame de Laon (Aisne) le 15 septembre 2022

La haute ville est quasiment déserte à moins d’une heure du concert d’ouverture du 34e Festival de Laon. La vaste nef de la cathédrale Notre-Dame sera pourtant bien remplie à 19 heures. Oui, 19 heures pour un concert sans entracte qui s’achèvera avant 20h30 ! Une idée pour les concerts à Paris et dans les grandes métropoles ?

Pour une fois, les inévitables discours d’entrée – le Maire, le président du festival – sonnent juste : il fallait une dose certaine d’audace et d’inconscience aux fondateurs de la manifestation, à commencer par son infatigable directeur artistique Jean-Michel Verneiges, pour lancer d’abord, et surtout maintenir au fil des décennies et des changements électoraux, un festival à l’ambition artistique avérée qui rassemble pour des programmes originaux la crème des ensembles vocaux et orchestraux français et prend appui, quasiment dès l’origine, sur un partenariat avec Radio France. Cette nouvelle édition ne déroge pas à la règle (voir le programme ci-dessous).

Ce sont justement deux des formations de Radio France, la Maîtrise dirigée par Sofi Jeannin, et l’Orchestre Philharmonique sous la houlette de son directeur musical Mikko Franck que l’on retrouvait ce 15 septembre (la veille de leur rentrée parisienne) dans un programme intrigant : deux raretés, un « tube ». 

Ainsi parlait Mikko Franck

Commençons par la fin, le tube : une semaine tout juste après avoir entendu le très jeune compatriote de Mikko Franck (43 ans), Klaus Mäkelä (26 ans) empoigner le poème symphonique de Richard Strauss Also sprach Zarathustra à la tête de l’Orchestre de Paris et en déployer les épisodes parfois bruyants dans la grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie, on pouvait se demander ce qu’allait donner la même oeuvre (bravo la coordination entre les orchestres parisiens !) dans une acoustique de cathédrale. Et quelle vision en livrerait Mikko Franck qui illustrera sa dilection pour le compositeur bavarois à plusieurs reprises au cours de la saison. On avait gardé un souvenir ébloui des débuts de Mikko Franck à la tête de l’orchestre philharmonique de Vienne, en juin 2014, où il dirigeait Till Eulenspiegel et une danse des sept voiles de Salome, vénéneuse à souhait. Mikko Franck tient la bride courte à un orchestre philharmonique de Radio France en grande forme : une fois passé le portique d’entrée (on perçoit la rumeur du public qui reconnaît la musique de 2001 Odyssée de l’espace) d’une majesté un rien démonstrative, le chef finnois va privilégier les épisodes chambristes, une narration qui évite les boursouflures d’une partition qui n’en est pas avare, au risque parfois d’en atténuer les contrastes. Là où on est placé, dans les premiers rangs, on est agréablement surpris par le rendu acoustique de ce grand orchestre (dont on a quand même rogné les effectifs de cordes) : la précision, la définition sont au rendez-vous. Les solistes, très sollicités, brillent de tous leurs feux : mention spéciale pour le violoncelle d’Eric Levionnois et surtout le violon solo du jeune Nathan Mierdl (24 ans), qu’on avait repéré dans les rangs de l’Orchestre national, et qui étrenne ce jeudi sa nouvelle position de premier violon super-soliste de l’Orchestre philharmonique de Radio France.

Soulage sans s et avec trio

Avant Richard Strauss, le programme proposait une rareté, dont on n’a pas bien perçu le sens, sauf à comprendre que Radio France se doit de faire une plus large place aux compositrices ? Personne autour de moi, ni moi non plus, ne connaissait  le nom de Marcelle Soulage (1894-1970), professeur de solfège au conservatoire de Paris durant une vingtaine d’années après la Seconde Guerre mondiale. Mais c’était une très bonne idée de faire jouer sa Légende op.13, une brève pièce écrite en 1919, et d’y faire briller trois magnifiques solistes de l’Orchestre philharmonique de Radio France : Magali Mosnier à la flûte, Olivier Doise au hautbois et Nicolas Tulliez à la harpe.

Un duo pour Caligula

Mais ce qui motivait notre présence à ce concert, c’était une autre vraie rareté, la suite tirée de la musique de scène écrite par Gabriel Fauré pour la pièce Caligula d’un enfant du pays, Alexandre Dumas. Alexandre Dumas est né à Villers-Cotterêts, à une soixantaine de kilomètres du chef-lieu de l’Aisne. Le Festival 2022 est placé sous les auspices de la future Cité internationale de la langue française, en cours d’installation dans le château où François 1er édicta en 1539 sa fameuse Ordonnance sur le fait de la justice qui stipule en ses articles 110 et 111 que le français devient la langue officielle du droit et de l’administration en lieu et place du latin.

A défaut de notices sur les oeuvres dans le programme remis au public, on emprunte au Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française ce qu’on doit savoir de l’oeuvre donnée en ouverture qui rassemblait ce jeudi le grand effectif de la Maîtrise de Radio France préparé par sa cheffe Sofi Jeannin et l’orchestre philharmonique de Radio France dirigé par Mikko Franck.

Le directeur du théâtre de l’Odéon, Paul Porel, reprend en 1888 la tragédie Caligula d’Alexandre Dumas, créée en 1837. Il sollicite Gabriel Fauré pour une musique de scène qui n’interviendra que dans le prologue et le 5e acte. La nouvelle production, créée le 8 novembre, connaîtra 34 représentations. Fauré arrange sa partition pour le concert, il remplace le petit ensemble instrumental par l’orchestre, mais ne change rien à la structure de sa musique de scène. La première de cette suite est donnée le 6 avril 1889 à la Société nationale de musique. 

Dans la pièce, la musique apparaît à la fin du prologue, les Fanfares annoncent l’arrivée de César, la Marche accompagne le cortège en l’honneur de Caligula, avant le Choeur des Heures, martial pour les « heures guerrières » et lyrique pour les « heures heureuses ». Le Quasi adagio est une marche qui annonce la mort de Lepidus. Mais ce sont surtout les morceaux du 5e acte qui, du vivant de Fauré, sont déjà des succès. L’Hiver s’enfuit est un choeur charmant tandis que l’Air de danse (orchestré avec Vincent d’Indy), cherche à « donner l’impression d’une danse de caractère antique » (une lettre de Fauré à son fils Philippe mentionne l’usage par le compositeur du mode lydien). Après le mélodrame avec violon et violoncelle solos, introduisant le choeur De roses vermeilles un mélodrame mystérieux annonce le choeur César a fermé la paupière (Source : Palazzetto Bru Zane).

On reconnaît immédiatement la patte de Fauré, dans des pages joliment descriptives, où n’affleure qu’allusivement le drame qui se joue sur scène. D’autant que la suite de concert ne fait que juxtaposer des éléments composites. La direction trop placide du chef, malgré le bel engagement de la Maitrise de Radio France, renforce ce sentiment d’une musique décorative sans grand relief. On réécoutera au retour le seul disque que nous connaissons de cette musique de scène – Michel Plasson et le Capitole de Toulouse – qui, par contraste, frôle presque l’agitation ! Mais c’était l’occasion ou jamais de ressusciter cette part méconnue de Fauré, à l’orée d’une édition 2022 d’un Festival qui promet encore bien des découvertes sous le signe des « Mots à la clef  ! »

Le concert du 16 septembre avec les mêmes interprètes à la Maison de la radio et de la musique à Paris est diffusé en direct et en podcast sur Francemusique.fr

Les prochains concerts du 34e Festival de Laon :
22/09 Le Poème Harmonique / Vincent Dumestre : Le Ballet des Jean-Baptiste de Poquelin à Lully
23/09 Ensemble Aedes, Les Siècles / Mathieu Romano : Janequin, Pärt, Poulenc
25/09 Orchestre de Picardie / Leo McFall : Mozart, Richard Strauss
27/09 Vanessa Wagner piano, Marianne Denicourt comédienne : La Nature et les oiseaux
30/09 Vannina Santoni soprano, Karolos Zouganelis, piano : Du Lied à l’opéra
02/10 Le Concert de la Loge, les Chantres de Versailles (CMBV), Stéphanie d’Oustra, Cyrille Dubois, Tassis Christoyannis, Jean-Sébastien Bou / Julien Chauvin : Glück Iphigénie en Aulide
04/10 Timothy Ridout alto / Frank Dupree piano : Prokofiev, Schumann 
07/10 Quatuor Asasello, Eva Resch soprano : Mozart, Verdi, Schoenberg
14/10 Octuor Talents et Violoncelles : Schubert, Hahn, Dvorak, Bizet
16/10 Choeur Les Eléments / Joël Suhubiette Julia Wischniewski soprano, Lise Nougier mezzo, Yu Shao ténor, Matthieu Heim basse : Rossini Petite messe solennelle
 

 

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Marcelle Soulage (1894-1970) : Légende op.13 (1919) pour flûte, hautbois et harpe

Richard Strauss (1864-1949) : Ainsi parlait Zarathoustra (1898)

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