Deux ans après la Passion selon Saint Jean, les Écossais du Dunedin Consort reviennent à La Chaise-Dieu pour une Messe en si d’exception. Difficile de rendre compte dans le détail d’un tel concert tant les 10 chanteurs et les instrumentistes forment un tout d’une grande cohérence et donnent son sens plein au terme d’« ensemble ». Dirigés depuis le clavecin par John Butt, ou plutôt accompagnés, tant l’osmose semble parfaite entre le chef et ses interprètes, tous se montrent totalement investis au service d’un immense chef-d’œuvre dont chaque ligne se dessine dans toute sa clarté : les départs sont toujours limpides, l’articulation nette, rendant lisible la polyphonie la plus complexe (quelle maîtrise dans le tourbillon du « Sanctus », par exemple !). Les nuances exquises permettent l’expression d’une intense intériorité, ainsi dans le « Kyrie » initial, dont le piano délicat met immédiatement en lumière l’équilibre du chœur. Mais l’ensemble sait se faire brillant quand il le faut, notamment dans un « Gloria » enivrant.
Peut-être qu’à de rares moments, l’alto puissant d’Alexander Chance, par ailleurs bouleversant dans l’« Agnus Dei », ressort un peu trop du chœur. Peut-être que le soprano riche et rayonnant de Rowan Pierce domine un peu dans le duo du « Domine Deus » sur le medium de Jessica Cale, délicieuse dans le « Laudamus te ». Et peut-être que le timbre chaud de la basse Matthew Brooke est plus à son aise dans le « Quoniam » que dans la légèreté du « Et in Spiritum Sanctum », mais comme le ténor Guy Cutting dont le dialogue avec la flûte de Rosie Bowler dans le « Benedictus » fut un moment de grâce absolu, tous font preuve d’une expressivité remarquable, avec une diction parfaite et une présence scénique magnétique, comme les 5 autres chanteurs. La communion est parfaite avec un orchestre inspiré comme avec le public. Un très grand moment.