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CAVALLI, Pompeo Magno – Paris

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Spectacle
5 octobre 2025
Cavalli pump

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Dramma per musica en trois actes (Venise, 1666, Teatro San Salvatore)
Musique de Francesco Cavalli
Livret de Nicolò Minato

Détails

Pompeo
Max Emanuel Cenčić 

Issicratea
Mariana Flores  

Mitridate
Valerio Contaldo 

Sesto / Principe cavaliero
Logan Lopez Gonzalez  

Farnace / Amor
Aloïs Mühlbacher 

Harpalia / Genio di Pompeo
Kacper Szelążek 

Cesare / Principe cavaliero
Victor Sicard 

Claudio / Principe cavaliero
Nicholas Scott 

Giulia
Lucía Martín-Cartón 

Servilio / Principe cavaliero
Valer Sabadus 

Crasso
Jorge Navarro Colorado 

Atrea
Marcel Beekman 

Delfo
Dominique Visse 

Cappella Mediterranea
Leonardo García-Alarcón, direction 

Théâtre des Champs-Elysées, Mercredi 1er octobre 2025, 19h30

On est venu un peu à reculons : trois heures de Cavalli en version de concert, même les plus ardents baroqueux hésitent, et les balcons clairsemés semblaient nous donner raison. On avait tort. D’abord, parce que cette production arrive tout droit du Festival Baroque de Bayreuth, et cela s’entend et se voit : la mise en espace restitue beaucoup de ce que la mise-en-scène a pu offrir — les chanteurs investissent l’avant, l’arrière de l’orchestre et même la salle, sans partition, avec un jeu corporel expressif, souvent teinté d’humour (la dispute autour de la fiole de poison, l’ivresse de Sesto ou encore le chœur chaloupé du lieto fine). Même les bougies qui tapissent la scène, loin d’être décoratives, prennent tout leur sens dans l’acte nocturne. 

Ensuite, parce que les artistes réunis savent que cette musique exige que l’on apporte beaucoup de soi pour compléter la maigre partition qui nous est parvenue. Leonardo García-Alarcón, en tête, a probablement écrit plus de notes que Cavalli lui-même pour reconstruire ce Pompeo Magno. Certains lui reprocheront une orchestration trop foisonnante — xylophone, clochettes, tambours, harpe, deux trombones, flûtes de toutes sortes et même des sifflotements d’un claveciniste ! La basse continue aussi déborde : théorbes ou chitarrones, deux clavecins, violoncelle, violes de gambe, orgue et basson. Le tout assaisonné d’effets comiques parfois anachroniques. Et pourtant, quel plaisir ! Quelle luxuriance dans les sinfonie, quelle animation et quel soutien permanents des chanteurs, dans les dialogues comme dans les airs. En total alignement avec la nouvelle manière du compositeur, plus spectaculaire et foisonnante après son séjour à la cour de Louis XIV, même si celui-ci s’est soldé par un échec. Le chef est tellement soucieux d’embarquer le public qu’il commence le spectacle par une longue introduction parlée : admettant que l’équipe elle-même était « totalement perdue » dans les méandres du livret pendant les trois premiers mois de répétition, il prend soin d’introduire chaque personnage et sa place dans l’action. Facilitant ainsi grandement la compréhension des enjeux. Ce dernier opéra représenté du vivant de Cavalli à Venise mêle intrigues amoureuses et politiques avec des scènes bouffe de la Commedia dell’Arte, jusqu’à faire coexister le noble Mitridate avec la servante Harpalia, qu’il assassine sur scène, chose rarissime à l’époque. Bien sûr l’œuvre a été coupée (les ballets surtout) pour se conformer aux conditions d’écoute moderne, mais à aucun moment on ne sent l’effet de ces coupes tant le résultat est équilibré. 

Le plateau vocal est étincelant : même s’ils ont peu à chanter Victor Sicard et Jorge Navarro Colorado en rajoutent en autorité virile pour les interventions de César et Crassus. Valer Sabadus chante toujours de façon aussi vaporeuse et monochrome, mais ce qui nous irrite ailleurs est ici bien adapté au caractère inconstant voire agaçant de Servilio. Un Dominique Visse aussi inoxydable que ratatiné et un Marcel Beekman gargantuesque à la santé vocale aussi débordante que sa poitrine forment un duo comique mémorable qui brûle les planches.  Nicholas Scott d’abord uniquement vociférant et grimaçant en Claudio prouve dans les notes piquées de son air de dépit quel chanteur discipliné et précis il sait aussi être. Nouvelle venue par rapport à Bayreuth, Lucía Martín-Cartón se glisse très élégamment dans la poignante déploration de Giulia. Tout comme Logan Lopez Gonzalez dont on jurerait par son aisance scénique qu’il faisait partie de la distribution bavaroise, notamment dans un superbe « Datte senso a questi marmi ». Regrettons cependant des problèmes de justesse dans les forte : justifiés dans la scène de l’ivresse, désagréables ailleurs. Même gêne devant le chant très investi et sonore mais souvent bancal d’Aloïs Mühlbacher: son Farnace manque de grâce. Kacper Szelążek multiplie les stridences et cris pour la mégère Harpalia, faisant montre d’une assurance technique remarquable qui lui permettra de conférer une noblesse altière au Génie de Pompée. Valerio Contaldo est bien plus à sa place dans ce siècle que dans le suivant: son ténor de caractère fait merveille dans ce Mitridate vindicatif et jaloux. Mariana Flores connaît son Cavalli sur le bout des doigts et passe avec bonheur de la plainte intense au sarcasme jaloux. Mais une tessiture un peu tendue la pousse à abuser de la mezzo voce : ces fins de phrases étouffées de la reine tirent vers un certain maniérisme. Producteur, metteur en scène et consul éponyme du spectacle Max Emanuel Cenčić s’applique à lui-même les hauts standards de qualité qu’il attend de ses collègues : le timbre est toujours aussi capiteux, l’écriture très centrale du rôle laisse toute latitude à son cantabile enjôleur et l’acteur se montre juste en permanence, que ce soit dans un très bel air du sommeil ou dans cette superbe scène de tiraillement entre son Génie et l’Amour. 

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❤️❤️❤️❤️🤍 : Supérieur aux attentes
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❤️❤️🤍🤍🤍 : Inférieur aux attentes
❤️🤍🤍🤍🤍 : À oublier

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Pompeo
Max Emanuel Cenčić 

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Mitridate
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Aloïs Mühlbacher 

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Théâtre des Champs-Elysées, Mercredi 1er octobre 2025, 19h30

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