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BIZET, Carmen — Toulon

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Spectacle
27 novembre 2009
Dépassionnée

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Carmen (Bizet, Carella – Toulon)

Georges BIZET (1838-1875)

 

CARMEN

Drame lyrique en quatre actes

Livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy

D’après la nouvelle de Prosper Mérimée

Version avec récitatifs d’Ernest Guiraud

 

Production de l’Opéra de Toulon Provence Méditerranée

 

 

   

Mise en scène, Frédérique Lombard

Chorégraphie, Erick Margouet

Décors, Gerardo Trotti

Costumes, Llorenç Corbella

Lumières, Marc-Antoine Vellutini

 

Carmen : Giuseppina Piunti

Don José : Roman Shulackoff

Micaëla :  Nathalie Manfrino

Escamillo : Franco Pomponi

Frasquita : Anna Kasyan

Mercedes : Karine Motika

Zuniga : Leandro Lopez Garcia

Morales : Christophe Gay

Le Dancaïre : Mathieu Abelli

Le Remendado : Willem Van der Heyden

 

Orchestre, chœur et ballet de l’Opéra de Toulon Provence Méditerranée

Chœur d’enfants du CNR de Toulon Provence Méditerranée

 

Chef de chœur, Catherine Alligon

 

Direction musicale, Giuliano Carella

 

Toulon, le 27 novembre 2009

 

 

Dépassionnée

 

Précautions d’un soir de première ? Cette Carmen, malgré sa distribution internationale qui avait sagement fait choisir la version sans dialogues, nous a semblé manquer un peu d’accents, aussi bien musicalement que vocalement.

 

Le spectacle se déroule en deux parties, un seul précipité séparant les actes un et deux et trois et quatre. Le parti pris est celui du réalisme et de la couleur locale, à en juger par les décors (Gerardo Trotti), qui reconstituent l’architecture composite d’une ville andalouse, remparts, églises, arcs outrepassés, jusqu’aux tuiles vernissées, puis des montagnes escarpées, une toile peinte (Xavier Etienne) montrant l’arène du dernier acte. Dommage cependant qu’au premier acte leur importance dans l’espace réduise les mouvements de foule à un minimum parfois proche de l’entassement. Pour les costumes Llorenç Corbella semble hésiter entre la modernisation – Mercedes et Frasquita en demi-mondaines années trente ( ?) – et le folklore – cigarières en robes à volants. Les couleurs vives dont il anime l’acte des contrebandiers – par définition cherchant à passer inaperçus -, le décolleté de Micaëla, et l’habit masculin de Carmen au premier et au troisième acte, autant de choix qui semblent chercher l’effet facile plus qu’une pertinence indiscutable.

 

Au premier acte la mise en scène de Frédérique Lombard fait craindre le pire. Cette Micaëla presque aguicheuse, cette foule confuse qui prive de sens l’écho conservé dans le livret de l’essai d’ethnologie proposé par Mérimée, quand les soldats, probablement originaires d’autres régions d’Espagne, regardent les Andalous comme « ces gens-là », les enfants rangés en bord de scène… Sans doute l’espace mangé par le décor et la faible caractérisation des costumes y sont-ils pour quelque chose, car pour les trois actes restants la lecture est efficace et convaincante, en particulier la dernière scène, quand Don José poignarde Carmen.

 

Faut-il avoir le tempérament de Carmen pour incarner le personnage ? Physiquement très séduisante, Giuseppina Piunti porte avec la même élégance les costumes masculins et féminins qui lui sont attribués et participe avec grâce à la danse dans la taverne. Mais sa femme fatale manque singulièrement de sensualité, soit scéniquement quand elle apparaît après une Micaëla pulpeuse au décolleté généreux, soit vocalement malgré un chant probe et propre. Le soin qu’elle apporte à la diction, rarement prise en défaut, y est probablement aussi pour quelque chose. Son Don José, lui, est pataud à souhait. Roman Shulackoff inquiète un peu au début tant il semble désireux de prouver que sa voix a la puissance et l’éclat qui ne seront requis qu’ultérieurement, mais au moins tient-il la distance pour ce qui est de la vaillance. Obligé de se concentrer lui aussi sur l’épreuve du français, avec parfois des nasalisations peu agréables, il perd un peu de musicalité mais, scrupuleux; équilibre puissance et demi-teintes.

 

Du coup la présence de Micaëla et d’Escamillo semble presque surabondante. Eloignée du personnage de la jeune fille timorée traditionnelle, avec sa jupe en toile de jean, ses bottes et sa désinvolture, Nathalie Manfrino dont le vibrato semble maîtrisé et dont un seul aigu flirte avec la justesse impose sa grande voix. Même impression d’aisance physique et vocale avec Franco Pomponi ; grâce à sa haute stature et à son baryton sonore du grave à l’aigu il campe le torero avec tout l’aplomb souhaitable du macho, et une aisance linguistique notable. Cette dernière remarque vaut aussi pour Anna Kasyan et Karine Motyka, respectivement Frasquita et Mercedes, la première démontrant de vigoureux aigus dans les ensembles. Si Leandro Lopez Garcia est un Zuniga sans relief vocal particulier, Christophe Gay, Mathieu Abelli et Willem Van der Heyden donnent le maximum d’éclat aux petits rôles de Morales, du Dancaïre et du Remendado.

 

Après avoir signalé l’exhibition du ballet de l’Opéra qu’Erick Margouet fait danser sur les rythmes de Bizet, rendons un hommage particulier aux prestations chorales dirigées par Catherine Alligon. Les enfants ne font pas un numéro mais semblent chanter avec un naturel rare. Leurs aînés, dans une œuvre qui les sollicite autant et de façon si diverse, sont d’une précision et d’une musicalité dignes d’éloges. On pourrait se féliciter au même titre de la prestation des musiciens, si l’orchestre nous avait donné la même impression d’engagement. L’exécution est sans défaut, mais la direction de Giuliano Carella, précise et veillant aux équilibres et aux rythmes, nous a semblé moins attentive aux accents qui donnent à Carmen sa vibration. D’où peut-être cette impression paradoxale de mesure plus que de passion ? Au rideau final, succès général mais Carmen, Micaëla et Escamillo l’emportent sur Don José en termes d’ovations.

 

Maurice Salles

 

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