Forum Opéra

VERDI, Otello — Bordeaux

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
24 novembre 2013
Effectivement, Iago lui va pas trop mal

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe VERDI Otello Opéra en 4 actes (1887)
Livret d’Arrigo Boito d’après le drame de Shakespeare.

Coproduction Opéra National de Bordeaux, et Staatstheater Nürnberg Mise en scène
Gabriele Rech
Décors
Dieter Richter
Costumes
Gabriele Heimann
Lumières
Thomas Schlegel

Otello
Carlo Ventre
Iago
Laurent Naouri
Cassio
Benjamin Bernheim
Roderigo
Xin Wang
Lodovico
Mischa Schelomianski
Montano
David Ortega
Desdemona
Leah Crocetto
Emilia
Svetlana Lifar
Le Héraut
Davide Ronzoni

Chœur de l’Opéra National de Bordeaux
Direction
Alexander Martin
Jeune Académie Vocale d’Aquitaine
Direction
Marie Chavanel

Orchestre National Bordeaux Aquitaine
Direction musicale
Julia Jones Opéra National de Bordeaux, Grand-Théâtre, dimanche 24 novembre, 15h

 

« J’ai l’intuition que Iago est un rôle qui me va pas trop mal… » nous confiait Laurent Naouri, à l’aube des représentations bordelaises d’Otello. L’épreuve de la scène le confirme. Evidemment, il aurait fallu régisseur plus épris de théâtre que Gabrielle Rech pour que le baryton français puisse transformer ce coup d’essai. La metteuse en scène semble s’être préoccupée davantage de visuel que de gestuelle. Son travail, respectueux, du livret à quelques fantaisies près – le passage au cirage du maure à la fin du 3e acte et son suicide sur la dernière mesure de l’opéra en contradiction avec la musique – veut d’abord donner à l’ultime drame lyrique verdien un cadre digne de son propos. Monumentaux, les décors de Dieter Richter usent de faux-marbre et de perspectives. Sans forcer le trait, les costumes de Gabriele Helmann suggèrent une transposition de l’intrigue à l’époque mussolinienne. Une mise en abyme du plateau au troisième acte sert de prétexte à un inutile usage de la vidéo. Plus marquant est l’« Esultate » d’Otello, lancé du balcon tandis que le chœur sur scène, les bras ballants, affronte la tempête. Même si elle sont la plupart du temps plantées sur le plateau, tels des piquets, les forces de l’Opéra National de Bordeaux se présentent musicalement à leur avantage dans une œuvre qui les sollicite souvent.

Et Laurent Naouri ? Patience… Si Verdi avait un temps songé à appeler son opéra Iago, il n’en est pas le seul protagoniste. Avantagé également par une partition dont on sait la profusion d’effets instrumentaux, l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine montre une cohésion remarquable. Dans une salle aux dimensions « normales », la fosse flamboie sans que l’incendie ne nuise à l’équilibre des volumes. Attisé par quelques pupitres – les cuivres notamment – le feu sonore couve ou crépite d’un bout à l’autre de l’opéra, de l’orage initial au thème du baiser qui referme sur la pointe des pieds un récit rendu haletant par la direction de Julia Jones. Les seconds rôles tiennent aussi leur rang, même si plus modeste. Benjamin Bernheim est un Cassio moins charmant que présent et Sveltlana Lifar une Emilia qui fait regretter que Verdi n’ait pas voulu l’épouse de Iago plus prolixe.
 
Et Laurent Naouri ? Il faut pour apprécier son interprétation prendre auparavant la mesure de ses partenaires. Pas tant Desdemona avec laquelle Iago a finalement peu d’interactions, qu’Otello. Le rôle-titre est ici doublement écrasant, par l’exigence de l’écriture et par la personnalité vocale tout d’un bloc de son titulaire, Carlos Ventre. Le chanteur uruguayen n’est pourtant pas un ténor à scier du bois, comme pourrait le laisser craindre un duo d’amour sur lequel il s’emploie à déposer une chape de son. La subtilité n’est pas son fort, soit. Mais la solidité du chant finit par imposer le respect, d’autant que l’expression gagne peu à peu en intensité. Outre les notes, notre incroyable Hulk finit même par trouver les accents qui rendent son maure humain et donc émouvant.
Face à un tel Otello, il faut exister. La leçon du duo d’amour apprise, c’est le défi que relève Leah Crocetto dont le soprano, ample et velouté, réussit à rendre Desdemona plus dégourdie que d’habitude.
C’est également l’un des paramètres que sait prendre en compte Laurent Naouri. Le bras de fer du deuxième acte voit le baryton ne rien concéder à son redoutable adversaire en termes de vaillance et de puissance. Son Iago cependant semble plus fragile que d’autres : plus pleutre, moins héroïque, un peu raide scéniquement mais vocalement tout aussi efficace avec une volonté d »intonation et de couleur qui donne à chacun des mots le poids imposé par la situation. Son « Credo », proféré seul face au public, sur l’avant-scène rideau baissé, est une expérience que l’on souhaite à tout amateur d’art lyrique.
 
 

 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

❤️❤️❤️❤️❤️ : Exceptionnel
❤️❤️❤️❤️🤍 : Supérieur aux attentes
❤️❤️❤️🤍🤍 : Conforme aux attentes
❤️❤️🤍🤍🤍 : Inférieur aux attentes
❤️🤍🤍🤍🤍 : À oublier

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe VERDI Otello Opéra en 4 actes (1887)
Livret d’Arrigo Boito d’après le drame de Shakespeare.

Coproduction Opéra National de Bordeaux, et Staatstheater Nürnberg Mise en scène
Gabriele Rech
Décors
Dieter Richter
Costumes
Gabriele Heimann
Lumières
Thomas Schlegel

Otello
Carlo Ventre
Iago
Laurent Naouri
Cassio
Benjamin Bernheim
Roderigo
Xin Wang
Lodovico
Mischa Schelomianski
Montano
David Ortega
Desdemona
Leah Crocetto
Emilia
Svetlana Lifar
Le Héraut
Davide Ronzoni

Chœur de l’Opéra National de Bordeaux
Direction
Alexander Martin
Jeune Académie Vocale d’Aquitaine
Direction
Marie Chavanel

Orchestre National Bordeaux Aquitaine
Direction musicale
Julia Jones Opéra National de Bordeaux, Grand-Théâtre, dimanche 24 novembre, 15h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

L’arbre généalogique de Wagner
CDSWAG

Les dernières interviews

Les derniers dossiers

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Synesthésie du sacré
Cyril AUVITY, Romain BOCKLER, Anouk DEFONTENAY
Spectacle