Forum Opéra

OFFENBACH, Orphée aux enfers – Baugé-en-Anjou

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
15 août 2025
L’Olympe se dévergonde en Anjou

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Jacques Offenbach
Orphée aux enfers
Opéra bouffon en deux actes sur un livret de Henri Crémieux et Ludovic Halévy

Création à Paris, Théâtre des Bouffes-Parisiens, le 21 octobre 1858

Détails

Direction artistique
Bernadette Grimmett et Walter Hall

Lumières
Luke Cannon

Costumes
Juliette Frappier

 

Pluton / Aristée
Hoël Troadec

Orphée
Charles Mesrine

Jupiter
Olivier Trommenschlager

John Styx
Jean-Philippe Poujolat

Mercure
Alexandre Nervet-Palma

Bacchus
Xavier Triong-Fallai

Mars
Gheorge Palcu

Eurydice
Manon Auchère

Diane
Béatrice de Larragoïti

Junon
Marion Gleizes

l’Opinion publique
Anouk Molendjik

Vénus
Ruth Harey

Cupidon
Karlene Moreno-Hayworth

Minerve
Abigail Barker

Morphée
Timothée Moser

Cybèle
Lizzie Hawes

Pomona
Robyn Jones

Flora
Grace Oliver

Cérès
Sara Jouillat

Charon
Stephen Kennedy

Amphitrite
Elpiniki Zervou

Earchus
Ediz Ozturk

Minos
Ceri Davies

Rhadamanthus
Sam Mawrey-Yates

 

Orchestre de l’Opéra de Baugé

Konzertmeister
Nandor Szederkenyi

Direction musicale
Nicolas Bercet

 

Baugé-en-Anjou, Opéra de Baugé, Les Capucins, le 1er août 2025, 18h

 

 

 

 

Orphée aux enfers connut un début mitigé à sa création (*). Public et critiques se sentaient dépaysés par la parodie de la « sainte et glorieuse antiquité », mettant à nu les assises de la société du Second Empire… La polémique ayant tourné à l’avantage du compositeur et de Crémieux encouragea le succès, qui s’amplifia au cours des représentations. Depuis, jamais il ne s’est démenti. Ainsi, l’Opéra de Baugé, qui l’avait déjà offert en 2018 à son public, reprend-il l’ouvrage. La mise en scène s’est renouvelée, la distribution aussi pour ce crû 2025. Le choix s’est porté sur la malicieuse version en deux actes (1858) enrichie d’emprunts à la faveur d’une réorganisation, sensible au second, comme il est fréquent.

Oublions le décor, simple sinon simpliste, et ses changements à vue. Les costumes, par contre, nous plongent efficacement dans cette action débridée, censée se dérouler dans une antiquité factice. L’ouvrage, parodique, appelle d’aussi bons chanteurs que comédiens. Diction et sourire sont essentiels. Aussi le choix des premiers rôles s’est-il porté sur des voix francophones familières d’Offenbach, de sa verve, de son ironie, de sa bouffonnerie comme de sa légèreté et de sa grâce. Une authentique troupe dont la complicité est manifeste a été constituée pour la circonstance.

La direction communique une dynamique constante au chant et à l’orchestre, endiablée, fiévreuse, accentuée comme tendre, toujours efficace et attentive à chacun. Le chef, Nicolas Bercet, lui-même chanteur professionnel, connaît très bien l’ouvrage. Entre l’énergie captivante et le dévergondage assorti d’une mélancolie souriante, l’équilibre est réalisé. Les nombreux dialogues et mélodrames qui assurent la continuité de l’histoire sont truffés de calembours, d’allusions, de jeux de mots : l’ironie, l’outrance y règnent en maître. Autant le premier tableau, respectueux de la version originale, réjouit, autant la suite est-elle moins évidente, faisant un sort à plusieurs passages parlés. Les numéros chantés, réordonnés, s’enchaînent avec des liaisons qui, parfois, fleurent l’artifice.

La plus sollicitée musicalement, Eurydice, « la femme dont le cœur rêve », est confiée à Marion Auchère. La voix est gourmande, corsée, impertinente. L’agilité est manifeste aux vocalises sur l’air final « Bacchus ! mon âme légère », archétype du futur can-can. Chacun de ses nombreux airs appellerait un commentaire, de ses couplets du berger joli  à sa bacchanale dyonysiaque (elle finira transformée en bacchante par Jupiter), en n’oubliant pas la redoutable invocation à la mort où l’orchestre se montre sous son jour le meilleur. L’agilité, les aigus aisés et un engagement scénique constant sont bien là. Orphée, essentiel au premier acte, se fait beaucoup plus discret ensuite. Charles Mesrine y déploie tout son talent de chanteur et de comédien, dont la diction est d’une rare qualité. Le duo du concerto rend le personnage sympathique. D’Olivier Trommenschalger, Jupiter, on retiendra l’abattage et le savoureux duo de la mouche. La voix est solide pour imposer le dieu volage, et son dialogue avec Pluton (qui lui a ravi Eurydice) réjouissant. Pluton / Aristée est irrésistible au travers du chant et du jeu d’Hoël Troadec, voix sûre, bien colorée, claire, projetée et toujours intelligible. Le registre de fausset, sonore, est exploité avec bonheur dans la chanson d’Aristée. Le Pluton dissimulateur, dans son dialogue avec Jupiter, n’appelle que des éloges. L’Opinion publique, parodie du chœur antique, est Anouk Molendjik, beau mezzo assorti de solides graves, chaleureux, qui brille dans ses couplets, même si son ampleur ne peut que gagner. « Ne regarde pas en arrière », avec le chœur en fait la preuve, parfaitement chanté. Jean-Philippe Poujolat est John Styx, dont les couplets « Quand j’étais roi de Béotie » démontrent les qualités vocales et celles du jeu. Son dialogue avec Eurydice est remarquable. Du trottinant Mercure (Alexandre Nervet-Palma) on retiendra le rondo-saltarelle « Eh hop ! Place à Mercure », enlevé comme il se doit. Karlene Moreno-Hayworth, fidèle à Baugé, nous vaut un délicieux Cupidon. Le faux trio qu’elle forme avec Mars (Gheorge Palcu) et Vénus (Ruth Harley) est un bonheur musical comme scénique… Au risque d’être injuste, nous n’énumérerons pas tous les dieux, demi-dieux et figures allégoriques qui participent à cette cohorte impressionnante composant de beaux tableaux, en plus d’illustrer de leur chant et de leur jeu un ouvrage plus sérieux qu’il n’y paraît. Les ensembles, parfaitement réglés sont un régal, le chœur « Vive le vin », puis l’ultime menuet et galop infernal, où Diane (Béatrice de Larragoïti) vocalise fort bien, en sont les meilleurs exemples. Le chœur, auquel participent tous les personnages allégoriques, se montre irréprochable d’entrain et de précision. Les six danseuses, certainement non-professionnelles, font de leur mieux, avec bonheur.

Une soirée qui a enflammé le public ravi de l’Opéra de Baugé, dont les rappels sont incessants.

(*) cf. Siegfried Kracauer, Jacques Offenbach ou Le secret du Second Empire, Klincksiek, pp. 188 sqq.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

2

❤️❤️❤️❤️❤️ : Exceptionnel
❤️❤️❤️❤️🤍 : Supérieur aux attentes
❤️❤️❤️🤍🤍 : Conforme aux attentes
❤️❤️🤍🤍🤍 : Inférieur aux attentes
❤️🤍🤍🤍🤍 : À oublier

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Jacques Offenbach
Orphée aux enfers
Opéra bouffon en deux actes sur un livret de Henri Crémieux et Ludovic Halévy

Création à Paris, Théâtre des Bouffes-Parisiens, le 21 octobre 1858

Détails

Direction artistique
Bernadette Grimmett et Walter Hall

Lumières
Luke Cannon

Costumes
Juliette Frappier

 

Pluton / Aristée
Hoël Troadec

Orphée
Charles Mesrine

Jupiter
Olivier Trommenschlager

John Styx
Jean-Philippe Poujolat

Mercure
Alexandre Nervet-Palma

Bacchus
Xavier Triong-Fallai

Mars
Gheorge Palcu

Eurydice
Manon Auchère

Diane
Béatrice de Larragoïti

Junon
Marion Gleizes

l’Opinion publique
Anouk Molendjik

Vénus
Ruth Harey

Cupidon
Karlene Moreno-Hayworth

Minerve
Abigail Barker

Morphée
Timothée Moser

Cybèle
Lizzie Hawes

Pomona
Robyn Jones

Flora
Grace Oliver

Cérès
Sara Jouillat

Charon
Stephen Kennedy

Amphitrite
Elpiniki Zervou

Earchus
Ediz Ozturk

Minos
Ceri Davies

Rhadamanthus
Sam Mawrey-Yates

 

Orchestre de l’Opéra de Baugé

Konzertmeister
Nandor Szederkenyi

Direction musicale
Nicolas Bercet

 

Baugé-en-Anjou, Opéra de Baugé, Les Capucins, le 1er août 2025, 18h

 

 

 

 

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

Les dernières interviews

Les derniers dossiers

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

De l’art du casting
Ariunbaatar GANBAATAR, Ewa VESIN, Dmitry ULYANOV
Spectacle
Pas besoin de pyramides
Christina NILSSON, Henning VON SCHULMAN, Krysztof BACZYK
Spectacle