Forum Opéra

PUCCINI, Tosca (distr. B) – Paris (Bastille)

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Spectacle
3 décembre 2025
Et l’étoile Tézier brillait…

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Mélodrame en trois actes de Giacomo Puccini
Livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica d’après la pièce de Victorien Sardou
Créé le 14 janvier 1900 à Rome (au Teatro Constanzi)

Détails

Mise en scène
Pierre Audi
Décors
Christof Hetzer
Costumes
Robby Duiveman
Lumières
Jean Kalman
Dramaturgie
Klaus Bertisch

Floria Tosca
Saioa Hernández
Mario Cavaradossi
Jonas Kaufmann
Il Barone Scarpia
Ludovic Tézier
Cesare Angelotti
Amin Ahangaran
Spoletta
Carlo Bosi
Il Sagrestano
André Heyboer
Sciarrone
Florent Mbia
Un carceriere
Bernard Arrieta
Un berger
Pablo Chagot Di Piero (CRR 93 d’Aubervilliers-La Courneuve)

Chœur et Orchestre de l’Opéra national de Paris

Chef des Chœurs
Ching-Lien Wu
Direction musicale
Oksana Lyniv

Paris, Opéra Bastille, mardi 2 décembre 2025,19h30

L’Opéra, théâtre en musique au confluent de toutes les expressions artistiques ; miroir de notre société – reflet de ses obsessions, de ses codes esthétiques, de ses urgences politiques ou sociales – ; laboratoire d’images, de lectures neuves, de tensions créatrices ; terrain d’expérimentation pour metteurs en scène disruptifs – et parfois, objet de déconstruction – ; champ de bataille où se confrontent partisans d’une fidélité scrupuleuse à l’esprit d’origine et promoteurs d’une interprétation revisitée. Certes, mais que serait l’Opéra sans les chanteurs ?

L’intérêt de cette reprise de Tosca à la Bastille ne tient pas à la remarquable épure réalisée par Pierre Audi, en dépit d’un troisième acte en deçà des deux premiers – la terrasse du château Saint-Ange transformée en bivouac envahi d’herbes folles, bof ! Ni à la direction d’orchestre de Oksana Lyniv, admirable par son sens du détail, sans que ce travail sur le motif n’enraye la pulsation dramatique. Non, ce qui affole le palpitant, électrise les mains, et coupe le souffle, ce sont les voix.

Tout au long de cette saison, plusieurs distributions de Tosca déversent sur la scène de la Bastille leur pluie d’étoiles. Christian Peter nous relatait la première d’entre elles il y a quelques jours. La représentation du 2 décembre amorce une série de trois dates qui réunit Jonas Kaufmann et Ludovic Tézier autour de Saioa Hernández. Rien de nouveau sous le soleil de Rome – aucun des trois protagonistes n’effectue une prise de rôle – mais le retour du ténor bavarois sur notre première scène nationale après cinq ans d’absence, une des titulaires reconnues de Tosca aujourd’hui, et le roi des barytons : c’est assez pour remplir Bastille et affoler l’applaudimètre.

Jonas Kaufmann ne se présente pourtant pas sous son meilleur jour. Souvent comparé à un chocolat chaud, le timbre, s’il a conservé son inimitable sapidité, apparaît moins onctueux. La conduite du chant semble fragile, la ligne hésitante, la zone de passage périlleuse, l’accident – léger – surviendra d’ailleurs au premier acte. Demeurent sinon les qualités chères aux admirateurs du ténor : l’ardeur romantique, le magma sombre, la modulation en quelques mesures du murmure à l’éclat – du « Tosca, sei tu » tenu longtemps sur le fil de la voix au « Vittoria » héroïque, asséné comme un coup de poing –, les notes exhalées, proches du détimbrage, qui semblent soupirs de l’âme. C’est dans cette étoffe soyeuse qu’est taillé « E lucevan le stelle », non exempt cependant du malaise que l’on ressent tout au long de la soirée.

Peut-être parce qu’à ses côtés, Saioa Hernández est une Tosca insolente de santé, de puissance, proche de la virago et à ce titre, inscrite dans une esthétique vériste alla Tebadi, efficace mais peu subtile. Plus que l’attention portée au texte, prévaut la violence des couleurs – les grenats, les indigos, les carmins jetés sur la toile sonore comme un tableau de Sam Francis.

Que serait cependant Tosca – non seulement le rôle mais l’opéra – sans l’art du mot, sans la précision qui donne à chaque réplique son juste poids, sans la science de la diction, seule apte à ciseler la menace, sculpter la passion et mettre les nerfs à vif ? Ludovic Tézier l’a compris, lui qui use d’une palette inépuisable d’intentions pour composer un Scarpia écrasant de perversité, dont on ne sait si la jouissance vient de la manipulation, de la torture psychologique ou de l’exercice d’un pouvoir absolu – les trois sans doute. Sur les sommets qui sont aujourd’hui les siens, la voix obéit sans faillir à l’injonction du théâtre, à même donc de puiser ses teintes dans un nuancier illimité, de couler la phrase dans un legato de bronze, de noircir le grave et de cingler l’aigu, de parler, d’écumer, de gronder, de tonner avec une liberté scénique totale. C’est pour cela d’abord que l’on aime l’Opéra.

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❤️❤️❤️❤️❤️ : Exceptionnel
❤️❤️❤️❤️🤍 : Supérieur aux attentes
❤️❤️❤️🤍🤍 : Conforme aux attentes
❤️❤️🤍🤍🤍 : Inférieur aux attentes
❤️🤍🤍🤍🤍 : À oublier

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Mélodrame en trois actes de Giacomo Puccini
Livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica d’après la pièce de Victorien Sardou
Créé le 14 janvier 1900 à Rome (au Teatro Constanzi)

Détails

Mise en scène
Pierre Audi
Décors
Christof Hetzer
Costumes
Robby Duiveman
Lumières
Jean Kalman
Dramaturgie
Klaus Bertisch

Floria Tosca
Saioa Hernández
Mario Cavaradossi
Jonas Kaufmann
Il Barone Scarpia
Ludovic Tézier
Cesare Angelotti
Amin Ahangaran
Spoletta
Carlo Bosi
Il Sagrestano
André Heyboer
Sciarrone
Florent Mbia
Un carceriere
Bernard Arrieta
Un berger
Pablo Chagot Di Piero (CRR 93 d’Aubervilliers-La Courneuve)

Chœur et Orchestre de l’Opéra national de Paris

Chef des Chœurs
Ching-Lien Wu
Direction musicale
Oksana Lyniv

Paris, Opéra Bastille, mardi 2 décembre 2025,19h30

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