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VERDI, Il Lombardi alla prima Crociata – Parme (Festival Verdi)

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Spectacle
10 octobre 2023
Le bal des éclopés

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Dramma lirico en quatre actes de Giuseppe Verdi
Livret de Temistocle Solera à partir du poème du même nom de Tommaso Grossi

Création le 11 février 1843 au Teatro della Scala

Détails

Mise en scène, décors, costumes et vidéo
Pier Luigi Pizzi
Lumières
Massimo Gasparon
Chorégraphie
Marco Berriel

Arvino, figlio di Folco signore di Rò
Antonio Corianò
Pagano, figlio di Folco signore di Rò, poi Eremita
Michele Pertusi
Viclinda, moglie d’Arvino
Giulia Mazzola
Giselda, sua figlia
Lidia Fridman
Pirro, scudiero d’Arvino
Luca Dall’Amico
Un Priore della città di Milano
Ziahao Chen
Acciano, tiranno d’Antiochia
William Corrò
Oronte, suo figlio
Antonio Poli
Sofia, moglie del tiranno d’Antiochia
Galina Ovchinnikova

Violon soliste
Mihaela Costea

 

Filarmonica Arturo Toscanini
Orchestra Giovanile della Via Emilia
Coro del Teatro Regio di Parma
Chef du chœur
Martino Faggioni
Directeur musical
Francesco Lanzillotta

 

Festival Verdi, Parme, Teatro Regio, samedi 7 octobre 2023, 20h

Voilà une soirée placée sous le signe des chevilles en vrac. En début de concert, le chef Francesco Lanzillotta rejoint son pupitre en béquilles et dirige toute l’œuvre assis, puis, à la fin de l’acte 1, le tomber de rideau se transforme en entracte improvisé : Michele Pertusi s’est blessé et terminera la représentation assis… Cela ne l’empêchera pourtant pas de surnager dans une distribution pour le moins décevante.

La représentation d’une œuvre rare telle Il Lombardi alla prima Crociata (montée in loco pour la dernière fois en 2003 et 2009, déjà avec Michele Pertusi en Pagano !) suscite une certaine excitation. Las, le livret est loin d’être le plus réussi chez Verdi. Il faut dire que la tâche assignée à Temistocle Solera, consistant à créer une trame cohérente des 15 chants de Tommaso Grossi narrant les croisades des Lombards, relevait de la mission impossible.

Pagano avait tenté de tuer par jalousie son frère Arvino, qui avait eu le tort d’être préféré par Viclinda alors que Pagano la convoitait. Le voici de retour auprès de son frère quelques années plus tard, sous les traits du repenti. Mais Pagano est en réalité là pour se venger ; la vengeance échoue cependant et il tue son père au lieu de son frère. Rejeté par les siens, désespéré et repentant, le voici ermite alors que son frère part en croisade pour libérer Jérusalem. Giselda, fille d’Arvino et Viclinda, qui a été entre temps capturée par le tyran d’Antioche et enfermée au harem, tombe amoureuse du fils de son ravisseur, Oronte. Libérée par son père, elle le repousse pourtant, l’accusant d’avoir tué son amant. Elle fuit donc et se réfugie dans une grotte auprès d’un ermite (qui se trouve être … Pagano !) où elle est rejointe par Oronte. Mais le bonheur est de courte durée car Oronte est bientôt blessé à mort par les Lombards. Il expirera heureusement sauvé et béni par le bon ermite après avoir épousé in extremis la foi chrétienne. L’ermite aidera ensuite les Lombards à vaincre les mécréants avant de décéder lui aussi, révélant sa vraie identité, et trouvant à son tour le salut par son sacrifice.

Tout cela donne une histoire décousue, aux enjeux dramatiques bien lâches. Rien que le second acte regroupe trois tableaux dans 3 lieux différents (le palais du tyran, la grotte de l’ermite puis le harem).

La nouvelle production de Pier Luigi Pizzi renonce à affronter ces difficultés en misant sur un ascétisme certain. Le décor unique est très épuré, composé d’une estrade circulaire, dont l’utilité restera un mystère jusqu’à la fin de la représentation, mais qui sera source de gêne pour la circulation des protagonistes et du chœur. Le dispositif est complété d’un écran en fond de scène diffusant des vidéos permettant de situer l’action (palais, grotte dans le désert, harem…). Ces images purement utilitaires n’atteignent cependant ni en qualité ni en inventivité celles présentées par D-Wok pour Il Trovatore sur la même scène deux jours plus tôt. Pour le reste, le metteur en scène nonagénaire, qui vient saluer à la fin de la représentation, semble se contenter de régler l’entrée et la sortie des chanteurs. On ne pourra dénier une certain sens esthétique, avec l’utilisation des couleurs, du noir et blanc pour les Lombards, du bleu ou violet pour les musulmans ou des effets d’ombres chinoises, mais cela semble mille fois déjà vu ; la seule idée un peu originale consiste à inviter sur scène des instrumentistes solistes, flûte et hautbois au premier acte puis violoniste et harpe, ce qui n’apporte rien sur le plan dramatique. Et l’on achèvera le spectacle sur un poncif, avec deux jeunes enfants qui apparaissent au final pour symboliser la réconciliation.

© Roberto Ricci

Les réussites et l’inspiration sont heureusement davantage au rendez-vous du côté de l’orchestre et du chœur.

Le chœur d’un Teatro comunale di Bologna est de quasiment toutes les scènes, et semble aussi à l’aise dans les chants guerriers que dans le beau chœur patriotique du denier acte, qui rappelle que ces Lombards font suite à Nabucco et qui a valu un beau succès à Verdi lors de la création. On retrouve la rigueur rythmique, les sonorités jamais agressives et les beaux phrasés dont les artistes du chœur ont fait preuve tout au long du festival. Les orchestres Filarmonica Arturo Toscanini et Orchestra giovanile della Via Emilia réunis ce soir dans la fosse du Teatro Regio di Parma séduisent également par leurs couleurs chaudes et brillantes. La direction inspirée de Francesco Lanzillotta rend justice à la partition qui recèle bien des beautés, alternant airs avec cabalettes, ensembles, maintenant la pulsation du cœur verdien jusqu’au pardon final.

Mais un Verdi de jeunesse ne saurait fonctionner sans des gosiers éprouvés qui peuvent rendre justice à une écriture qui conjugue les contraires, chant orné et un vrai héroïsme.

Silhouette longiligne soulignée par une robe longue fluide blanche, Lidia Fridman (Giselda) semble incarner la quintessence de l’héroïne romantique, pure et vaillante. Pourtant elle ne parvient pas à rendre totalement justice au profil vocal très exigeant du rôle. Si la voix est bien projetée et possède la vigueur suffisante dans les cabalettes guerrières, l’on recherche en vain toute trace d’italianité dans ce soprano à l’émission droite, un peu tubée et au timbre mat. Plus grave, le suraigu est parfois malaisé et la souplesse en berne, laissant la chanteuse russe en perdition dans la prière « Salve Regina », hérissée de notes arrachées et aigus craqués.

Son amant, Oronte (Antonio Poli), a pour lui un timbre riche et rayonnant, dans ce rôle qui a été interprété par les ténors les plus illustres, attirés par le tube « La mia letizia infondere » (on pourra notamment citer Pavarotti dans l’enregistrement datant de 1996 paru chez Decca). Pourtant ces qualités naturelles sont gâchées par une émission systématiquement en force et, là encore, une virtuosité limitée.

Malgré son accident scénique, Michele Pertusi (Pagano) n’a pas de mal à s’illustrer dans ces conditions. Si le timbre a quelque peu blanchi, la voix a gardé toute sa vigueur, sans vibrato particulier, et possède la profondeur nécessaire pour illustrer les failles de ce personnage complexe. On reconnaîtra au Arvino d’Antonio Corianò une vraie intégrité stylistique, compensant un volume sonore parfois limité.

Le reste de la distribution ne marque guère, ce qui est plutôt inhabituel dans le cadre du Festival Verdi, et finit de laisser un fort goût d’inachevé à cette soirée.

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Dramma lirico en quatre actes de Giuseppe Verdi
Livret de Temistocle Solera à partir du poème du même nom de Tommaso Grossi

Création le 11 février 1843 au Teatro della Scala

Détails

Mise en scène, décors, costumes et vidéo
Pier Luigi Pizzi
Lumières
Massimo Gasparon
Chorégraphie
Marco Berriel

Arvino, figlio di Folco signore di Rò
Antonio Corianò
Pagano, figlio di Folco signore di Rò, poi Eremita
Michele Pertusi
Viclinda, moglie d’Arvino
Giulia Mazzola
Giselda, sua figlia
Lidia Fridman
Pirro, scudiero d’Arvino
Luca Dall’Amico
Un Priore della città di Milano
Ziahao Chen
Acciano, tiranno d’Antiochia
William Corrò
Oronte, suo figlio
Antonio Poli
Sofia, moglie del tiranno d’Antiochia
Galina Ovchinnikova

Violon soliste
Mihaela Costea

 

Filarmonica Arturo Toscanini
Orchestra Giovanile della Via Emilia
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Chef du chœur
Martino Faggioni
Directeur musical
Francesco Lanzillotta

 

Festival Verdi, Parme, Teatro Regio, samedi 7 octobre 2023, 20h

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