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WAGNER, Götterdämmerung – Bayreuth

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Spectacle
22 août 2025
L’amour se conjugue au futur

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Der Ring des Nibelungen

Dritter Tag : Götterdämmerung
Drame musical en trois actes et un prologue
Musique et livret de Richard Wagner

Création le 17 août 1876 à Bayreuth

Détails

Mise en scène
Valentin Schwarz

Décors
Andrea Cozzi

Costumes
Andy Besuch

Dramaturgie
Konrad Kuhn

Lumières
Nicol Hungsberg, Reinhard Traub

Vidéo
Luis August Krawen

Chef des Chœurs
Thomas Eitler-de Lint

 

Brünnhilde
Catherine Foster

Siegfried
Klaus Florian Vogt

Hagen
Mika Kares

Gunther
Michael Kupfer-Radecky

Alberich
Olafur Sigurdarson

Waltraute
Christa Mayer

Gutrune
Gabriela Scherer

Norne 1
Noa Beinart

Norne 2
Alexandra Ionis

Norne 3
Dorothea Herbert

Woglinde
Katharina Konradi

Wellgunde
Natalia Skrycka

Flosshilde
Marie Antoinette Reinhold

Festspielorchester
Chœur du Bayreuther Festspiele

Direction musicale
Simone Young

Bayreuth, mercredi 20 août 2025, 16h

 

 

 

 

 

Dernière journée, voici venu le crépuscule des dieux et de la soif de puissance.
Le public retrouve l’appartement qu’on croyait destiné à Siegmund et Sieglinde (avec les rideaux bleu blanc rouge) mais finalement dévolu à Brünnhilde et Siegfried. Dans la proposition de Valentin Schwarz, les désaccords opposent les amants : il y a de l’eau dans le gaz. Siegfried veut partir vers d’autres aventures, qu’on sait non héroïques, car il porte un costume banal. Il abandonne donc femme et enfant – cette petite blonde issue de leur union, une des incarnations de l’or du Rhin, qu’on se dispute depuis le début de la tétralogie. La proposition de V. Schwarz poursuit ici son œuvre de rapetissement du chef-d’œuvre, sans davantage parvenir dans cette dernière journée à apporter du sang neuf à l’exégèse wagnérienne (si on excepte une belle conclusion).
Auparavant, au prologue, trois Nornes déguisées en boule stroboscopique disco ne nous ont guère intéressés. Leurs voix magnifiques ne sont pas en cause, ni l’importance de leurs récits révélant passé, présent et avenir (le crime de Wotan avant Rheingold, les traités, les exploits de Siegfried, le Walhalla prêt à brûler, et même déjà en feu, « Zu End’ ewiges Wissen », (L’éternelle Science touche à sa fin). La direction de Simone Young aux tempi toujours étirés dans certaines scènes, aux motifs épelés, donne l’impression que le Prologue se prolonge au-delà du nécessaire (l’acte I dépasse largement les deux heures). L’orchestre peine en effet à nous envoûter, avec une texture souvent trouée. Des arrière plans parfois poétiques surgissent ; mais le discours musical déploie quelquefois des plans sonores peu architecturés (depuis Rheingold) qui laisse penser que la cheffe australienne soigne certes les détails mais ne propose peut-être pas une vision. Wagner voulait certes faire disparaître l’orchestre, le vouer à une fonction illustratrice, mais on est en droit de ne pas le prendre trop au sérieux, puisque l’écriture musicale déploie uniment ses sombres prestiges. Alors que retentit la page symphonique du « Voyage de Siegfried sur le Rhin » (beau travail des cordes, des bois puis des cuivres avec la « Fanfare de l’or »), le décor du château des Gibichungen glisse du fond du plateau jusqu’au milieu de scène pendant que l’appartement bourgeois disparaît dans les cintres. C’est le début de l’acte premier. Gunther (Michael Kupfer-Radecky, parfait en faible, pantin cocaïné et peroxydé) et son demi-frère Hagen (Mika Kares dans le costume du jumeau de Siegfried de la précédente journée), duo des plus divertissants, traînent leur ennui dans une villa où domine une immense photo d’Alberich avec eux enfants, posant devant le cadavre d’un zèbre (qu’ils ont abattu à la chasse) – et dont la peau désormais orne le sol. A la fascination de la mort des fils Nibelungen répond la vulgarité de Gutrune (décolleté proéminent, ensemble vert anis très voyant, perruque de peep show, pauvre Gabriela Scherer, rôle caractérisé dans la fosse par les bois aigus) signale sans doute l’impossibilité de l’aimer sans breuvage magique (qui va se trouver être le sang de l’un d’entre eux). Ce sont des gosses de riches, oisifs et tarés, complètement manipulés par Hagen, leur proposant des fiançailles. Après le toast éclatant de Klaus Florian Vogt à Brünnhilde, ce dernier se lie par pacte avec un Gunther inconséquent et comique. Lors de sa veille, le soliloque sinistre de Hagen (Mika Kares monstrueusement talentueux) trouvera des accents d’une force rare dans son « Wachtgesang », aussi inquiétant que pathétique (« Hier sitz‘ ich zur Wacht »). Il dynamite le théâtre de boulevard de V. Schwarz.
Dans la dernière scène, après le face à face avec Waltraute (valeureuse Christa Mayer), la Brünnhilde de Catherine Foster (une des toutes premières Brünnhilde de notre époque) montre quelques signes de fatigue avec un vibrato peu agréable, une rondeur de timbre parfois gâchée par un registre aigu un peu acide, mais qui ne cède rien ni en projection ni en puissance expressive, alors que Siegfried la trahit et que Gunther la viole. La mise en scène a viré à nouveau au reality show. On enlèvera la pauvre Walkyrie avec sa fille, trésor du Rhin.
Avec ses chœurs, l’acte deux mis en scène sur un plateau unique, nu, encadré de panneaux lumineux, offre ses scènes de foule bienvenues. Mais auparavant, Hagen, un personnage noble, torturé de jalousie et amoureux de Brünnhilde, jumeau malheureux de Siegfried dans cette production, s’entraîne sur un punching-ball quand Alberich survient et le rappelle à ses noirs desseins (puissant Olafur Sigurdarson). Après l’appel magnifique du cor dans la fosse, Siegfried s’explique auprès de la Gutrune de Gabriela Scherer, au chant bien orné dénotant la superficialité du personnage.
Le chœur des vassaux répondra à l’appel extraordinaire du Hagen (avec ses « Hoïho » d’une tonalité très sombre, d’une puissance délectables). Le tableau est sobre, la pénombre servant le dramatisme de la scène. Deuxième et belle intervention du chœur des vassaux pour sommer Siegfried de jurer sur son honneur que Hagen a menti. Les imprécations de Brünnhilde, qui suivront, coupent le souffle. Elle a pris lentement conscience de l’oubli et de la trahison de son héros. Après des accents d’une impressionnante véhémence, la Walkyrie devenue femme révèle le défaut d’invincibilité de Siegfried et embrasse Hagen, dont le plan de vengeance et de mort est en train de réussir. Là sera la grandeur du misérable, alors que la noce de Gutrune et Siegfried offre des scènes de fête déjantée (vues cent fois ailleurs).
De vieilles ondines aguicheuses au début de l’acte trois s’élancent après la sonnerie des cors de toute beauté. Mais les appels des Filles du Rhin restent lettre morte alors que Siegfried est en pleine partie de pêche. Le piège de Hagen (avec son breuvage rendant la mémoire) donnera l’occasion à Klaus Florian Vogt, un des plus merveilleux interprètes du rôle décidément, de nous offrir un récit fabuleux du passé de Siegfried, plein d’une allégresse puis d’un lyrisme qui suspendent le temps.
La Trauermarsch est d’une très belle pâte, dont on savoure les coups fatals aux cordes graves et aux timbales, la solennité des trompettes et des cors. Quels pupitres ! Quel crescendo ! Nous voilà emportés sur les cimes de l’épopée. Un morceau de bravoure que réussit la cheffe australienne. La tragédie peut toucher à sa fin. Le Finale grandiose de l’immolation de Brünnhilde (« Starke Schreite ») témoignera encore des moyens colossaux de Catherine Foster (jusqu’aux hautes notes de sa tessiture) mais ne communiquera que peu d’émotions. Mise en scène dans un cul de basse fosse censé abriter le Rhin (un lieu ici réservé aux marginaux et aux maudits pourchassés depuis le début de l’acte), surmonté de barrières de chantier, Brünnhilde s’aspergera d’essence. Un geste qui ne signale guère l’humanité du personnage.
Un mur parsemé de néons (le Walhalla) monte aux cintres en fond de plateau (Wotan s’est pendu) alors que la fosse flambe en un tutti éblouissant.
L’enfant de Brünnhilde et Siegfried prend le chapeau texan de sa mère devant leurs cadavres. Incarne-t- elle l’espoir d’une victoire de l’amour sur le désir de puissance (sexuelle et matérialiste chez V. Schwarz) ? Pas vraiment, car elle ne sort pas de la fosse. Alors que la musique chante la paix retrouvée, la vidéo finale rime par antithèse avec celle du Prologue de Rheingold. Au terme de plus de quinze heures de musique les bébés s’enlacent tendrement dans l’utérus maternel. Grâce au sacrifice de Brünnhilde, les descendants d’Alberich et Wotan, de Hagen et Siegfried ne seront plus frères ennemis. Ce finale ouvre alors une échappée lumineuse : l’amour se conjugue au futur.

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Der Ring des Nibelungen

Dritter Tag : Götterdämmerung
Drame musical en trois actes et un prologue
Musique et livret de Richard Wagner

Création le 17 août 1876 à Bayreuth

Détails

Mise en scène
Valentin Schwarz

Décors
Andrea Cozzi

Costumes
Andy Besuch

Dramaturgie
Konrad Kuhn

Lumières
Nicol Hungsberg, Reinhard Traub

Vidéo
Luis August Krawen

Chef des Chœurs
Thomas Eitler-de Lint

 

Brünnhilde
Catherine Foster

Siegfried
Klaus Florian Vogt

Hagen
Mika Kares

Gunther
Michael Kupfer-Radecky

Alberich
Olafur Sigurdarson

Waltraute
Christa Mayer

Gutrune
Gabriela Scherer

Norne 1
Noa Beinart

Norne 2
Alexandra Ionis

Norne 3
Dorothea Herbert

Woglinde
Katharina Konradi

Wellgunde
Natalia Skrycka

Flosshilde
Marie Antoinette Reinhold

Festspielorchester
Chœur du Bayreuther Festspiele

Direction musicale
Simone Young

Bayreuth, mercredi 20 août 2025, 16h

 

 

 

 

 

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