Forum Opéra
LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE

 

Les brèves... 




(Juillet 04)

 

21/07/04

Carlos Kleiber : disparition d'une légende

Rares sont ceux qui ont la chance de l'avoir vu diriger mais rares aussi sont les amateurs d'opéra qui ne connaissent pas son nom. Carlos Kleiber appartient à la légende. Son refus d'assumer une popularité qui lui revenait de droit, sa discrétion ont contribué à la façonner. En ce sens, il est à la direction d'orchestre ce que Greta Garbo est au cinéma. Né en Allemagne en 1930, fils d'Erich Kleiber, l'un des plus grands maestros de la première moitié du XXème siècle, Carlos tenta de construire sa propre carrière à l'ombre de ce géant. Cette omniprésence de l'image paternelle explique vraisemblablement son imprévisibilité et sa misanthropie. Les orchestres, les théâtres lyriques pourtant le réclamaient. Le public l'adulait. Les chanteurs aussi. Après un Chevalier à la rose à Vienne, Natalie Dessay déclarait être prête à tout pour chanter de nouveau sous sa direction. Reste sa discographie, pirate ou officielle, avec pour le versant lyrique de cette dernière, deux sommets incontournables : l'extatique Tristan und Isolde de René Kollo et Margaret Price et La Traviata avec Lleana Cotrubas, Placido Domingo et Sherill Milnes. Il existe effectivement meilleurs Violetta, Alfredo et Giorgio Germont mais aucune autre version de studio ne parvient à un tel équilibre dramatique. Et s'il n'en fallait choisir qu'une, finalement ce serait celle-là. On réalise ainsi le poids d'une telle baguette et on s'incline tristement. [CR]

Christian Thielemann l'a dans le dos

Tristan annulé à Vienne en début de saison, Cappricio déserté au Palais Garnier, la création de L'upupa de Henze abdiquée, Le chevalier à la rose au Festival de Salzbourg abandonné, la bataille des subventions perdue à Berlin, le Deutsche Oper délaissé dans la foulée, Christian Thielemann en a plein le dos. Au sens figuré comme au sens propre. "J'ai le dos fragile, c'est parfois terrible, vous faites un faux mouvement et vous ne pouvez plus diriger pendant un mois" déclare-t-il. De ce fait, le chef d'orchestre privilégie désormais la carrière symphonique. "J'ai passé 26 ans dans un théâtre, c'est plus de la moitié de mon existence. Trop de choses vous y détournent de la musique". En attendant, le maestro dirige Tannhäuser au Festival de Bayreuth du 26 juillet au 28 août. Le lyrique a tout de même bon dos. [CR]


20/07/04

Baugé, le Glyndebourne français

Les Anglais, installés en France, n'hésitent pas à importer leurs traditions. Quand il s'agit de Glyndebourne, le mélomane ne peut que s'en réjouir. Ainsi, à Baugé (Maine-et-Loire), dans leur propriété des Capucins, Bernadette et John Grimmet organisent pour la deuxième année consécutive un festival lyrique et champêtre qui ne cache pas ses origines. Deux opéras se partagent l'affiche cet été : Les pêcheurs de perles,les 24, 25, 26 juillet et, rareté sur le sol français, Martha de Flotow, les 30, 31 juillet et 1er août. Comme l'exige la coutume, à l'entracte, le parc arboré, bordé par un ruisseau, invite au pique-nique tandis que les irréductibles gaulois peuvent se réfugier dans le restaurant gastronomique qu'abrite le château. Mais, contrairement à l'original, il est inutile d'attendre 20 ans pour avoir le bonheur de participer ; une simple adhésion à l'association (12 euros en 2004) donne priorité pour l'achat des billets. Faute de site Internet, un numéro de téléphone permet d'obtenir toutes les informations utiles : +33 (0)6 13 25 32 83. La publicité ne ment pas : "Le bonheur, c'est simple comme un coup de fil". [CR]

Quoi de neuf chez Opera Rara ? 

Inlassablement, Opera Rara s'emploie à justifier son nom. Après les Donizetti oubliés, les Meyerbeer retrouvés, les Mayr et Mercadante révélés, le label britannique vient d'exhumer La prigione di Edimburgo, oeuvre de Federico Ricci, créée avec succès à Trieste en 1838. Epoque romantique oblige, l'opéra, dont le livret s'inspire évidemment d'un roman de Walter Scott, propose son air de folie pour soprano. C'est Nuccia Focile qui s'y colle tandis que le baryton Christopher Purves récupère l'autre tube de la partition  "Sulla poppa del mio brich". L'ouvrage resta aux répertoires des grands opéras européens et latino-américains jusqu'à la mort du compositeur en 1877. Son écoute offre une nouvelle occasion de jeter un pont entre les belcantistes et Verdi. Et puisqu'on évoque le maître de Busseto, il faut rappeler que les versions originales de Macbeth et Simon Boccanegra figurent désormais au catalogue d'Opéra Rara, l'un et l'autre dirigés par John Matheson, avec, pour le premier, Peter Glossop et Rita Hunter en couple infernal, et pour le second, Sesto Bruscantini dans le rôle titre. [CR]

Callas toujours et pour toujours...

Les mythes ne se mesurent pas à la même échelle que le commun des mortels. Ils sont intemporels. Eternels. Maria Callas appartient désormais à cette catégorie. Elle aurait eu 80 ans, elle a quitté la scène il y a 30 ans, elle est morte en 1977. Ces chiffres ne veulent rien dire. Seules nous parlent infiniment ses Norma, Tosca, Lucia, Violetta... Les hommages successifs entretiennent le divin souvenir. Ainsi, le Centre lyrique d'Auvergne (www.centre-lyrique.com) consacre une exposition à sa période française, de 1958 à 1977. Photographies, affiches, programmes et autres témoignages provenant de la Bibliothèque nationale, de la Médiathèque Gustave Mahler et des archives d'EMI Classics sont présentés jusqu'au 1er septembre au Musée du Ranquet à Clermont Ferrand. [CR]


16/07/04

Les contes d'Hoffmann retrouvés

La nouvelle, révélée par le Figaro, est sensationnelle : on a retrouvé la partition manuscrite des Contes d'Hoffmann. Elle dormait profondément dans une malle du Palais Garnier alors qu'on la croyait brûlée dans l'incendie de la salle Favart en 1887. Ce sont désormais les éditions Choudens, Oeser, Kayle et Keck, publiées au fil du temps pour tenter d'établir une version définitive du chef-d'oeuvre de Jacques Offenbach, qui vont aller au feu. Mais est-ce bien certain ? Car, l'acte de Venise, supprimé par le directeur de l'Opéra-Comique, Léon Carvalho, après la générale, est toujours porté disparu. De plus, les coupes, acceptées ou non par le compositeur doivent-elles être rétablies ? Comment reconnaître les passages biffés avec l'assentiment du maître ? L'enthousiasme retombe un peu, le scoop a du plomb dans l'aile. Reste l'aventure du manuscrit. On imagine immédiatement une histoire fantastique à l'image des personnages qui peuplent le livret. On ne serait d'ailleurs pas surpris de croiser dans la foulée le Fantôme de l'Opéra revenu expressément pour l'occasion de Londres où il sévissait il y a peu (lire les brèves de juin). Las, la réalité est plus prosaïque. Une fois l'ouvrage retiré de l'affiche après sa création, Léon Carvalho, à moins que ce ne soit Ernest Guiraud, emporte la partition avec lui. Elle est ensuite régulièrement utilisée jusqu'à la publication de l'édition Choudens qui entraîne en toute logique sa mise au placard. Francis Reynal, chargé il y a deux ans de réorganiser les archives de l'Opéra de Paris, la redécouvre par hasard. Hugues Gall, ému, essuie une larme. A quelques jours de son départ, pouvait-il rêver d'un plus beau cadeau d'adieu ? [CR] 

Joyeux anniversaire, Monsieur Bacquier !

Sa truculence lui confère une éternelle jeunesse et pourtant Gabriel Bacquier a soufflé le 17 mai ses 80 bougies. Accord/Universal annonce en guise de cadeau d'anniversaire une anthologie de deux CD. Souhaitons que ce recueil sache dresser un portrait complet du baryton français, Scarpia cruel et sensuel, Golaud déchiré mais aussi désopilant Fra Melitone, Falstaff énorme, sanguin, païen même. Ces grandes figures d'opéra ne doivent pas masquer les burlesques silhouettes d'opérette que Gabriel Bacquier composa comme nul autre pareil. Car Il possède ce talent comique de provoquer l'hilarité par sa seule présence sur scène. Il suffit d'appeler à la barre son roi Agamemnon de La belle Hélène, son Brissac des Mousquetaires au couvent pour nous en convaincre. Etre chanteur mais aussi acteur, n'est-ce pas la marque des plus grands ? [CR]

Gérard Mortier, officialisé dans son titre

Gérard Mortier a été nommé officiellement, lors du dernier conseil des ministres, directeur de l'Opéra de Paris. Il n'était auparavant que directeur "désigné". La passation des pouvoirs avec Hugues Gall aura lieu le 24 juillet. A cette date, son mandat prendra effet pour 6 ans, renouvelable par tranche de 3 ans. Mais l'age de Gérard Mortier, 61 ans, devrait le contraindre à écourter son séjour à Paris. En effet, un chef d'entreprise publique française ne peut travailler au delà de 65 ans. Amis du répertoire français, inconditionnels de Puccini, ennemis de la modernité imposée comme dogme, latins, ne vous réjouissez pas trop vite, l'adoption du projet de loi concernant EDF-GDF changerait la règle et le nouveau directeur de l'Opéra de Paris pourrait, en toute légalité, effectuer son mandat de 6 années et même le renouveler. J'entends des dents grincer. [CR]

Une idée de lecture pour l'été

Sur la plage, on ne peut pas lire n'importe quoi. Les inconditionnels de Marie Higgin Clark ont la part belle mais les autres ? L'autobiographie d'Elisabeth Schwarzkopf, "Les autres soirs", parue il y a peu (lire plus bas) leur avait donné l'espoir de parvenir à ne pas bronzer idiots. Hélas, le bouquin se révèle, à la lecture, plutôt soporifique. Frédérique Jourdaa, journaliste au Parisien, offre une alternative avec "A l'opéra aujourd'hui" publié chez Hachette Littérature. Il s'agit du fruit d'une enquête de trois années menée à l'Opéra National de Paris. L'auteur dresse non seulement le portrait des deux grandes maisons, le Palais Garnier et l'Opéra Bastille, mais aussi des hommes qui les habitent, de la couturière au technicien sans oublier, évidemment, le chef d'orchestre et la diva. Le sujet se prête aux anecdotes et Frédérique Jourdaa a le bon goût de ne pas nous en priver. On est en vacances, que diable ! [CR]


12/07/04

Les Chorégies, c'est parti !

Quelques gouttes d'eau ont donné samedi dernier le départ des Chorégies d'Orange. Rien de grave, juste de quoi décaler d'un petit quart d'heure la première représentation de Nabucco et laisser le temps aux retardataires de trouver leur place (ce qui n'était d'ailleurs pas une mince affaire compte tenu de la confusion qui régnait autour du numéro des sièges). L'édition 2004 débute à peine que déjà les festivaliers se voient remettre, à leur arrivée, le programme de l'année prochaine : reprise des Contes d'Hoffmann dans la mise en scène de Jérôme Savary, direction Michel Plasson avec Marie-Ange Todorovitch, Désiré Rancatore, Inva Mula, Béatrice Uria-Monzon, Marcus Haddock, Laurent Naouri, et Gilles Ragon (9 et 12 juillet) puis, pour la première fois dans le théâtre antique, La bohème de Puccini avec Angela Gheorghiu et Roberto Alagna sous la baguette de Jésus Lopez-Cobos, scénographie de Nicolas Joël (30 juillet et 2 août). Mais les impatients n'auront pas si longtemps à attendre pour retrouver leur ténor favori. Il sera dans quelques jours, au même endroit, le bouillant Don José. Ceux qui ne pourront pas alors se trouver au pied du mur d'Auguste, se planteront devant leur téléviseur. Cette Carmen est retransmise en direct sur France 2 le 7 août. [CR]

L'été des festivals parisiens...

Et celui qui ne part pas en vacances ? Le mélomane parisien, par exemple, qui déclare, dans les dîners en ville, que la capitale n'a de charme qu'au mois d'août quand, abandonnée de ses habitants, livrée aux touristes, elle prend des airs de vacancière... Les théâtres lyriques fermés, comment comblera-t-il sa soif d'opéra ? Les Serres d'Auteuil offrent le plus rafraîchissant des écrins mais hélas, ne proposent que de la musique instrumentale. Même refrain pour les festivals Chopin à Bagatelle et Classique au vert. Désespéré, il cherchera son salut dans l'église de Saint-Louis-en-l'Île où il s'abreuvera jusqu'au 6 septembre du Requiem de Mozart, de chants orthodoxes et bulgares et, véritable oasis dans cette traversée du désert lyrique, d'un récital de James Bowman le 15 et 17 août. Epuisé, assoiffé, un jour, en passant devant le Palais Garnier, il lui semblera entendre un air d'opéra français. Mais hélas, il ne s'agira que d'un mirage. A Paris, notre répertoire n'a que rarement droit de cité. Bonnes vacances, monsieur Mortier. [CR]

www.jules-massenet.com, une adresse à recommander...

Peut-on mesurer la valeur d'un compositeur ou du moins sa renommée à l'aune de son site officiel sur le Net ? A ce petit jeu, la position de Jules Massenet dans l'histoire de la musique s'en trouverait bouleversée car l'adresse www.jules-massenet.com porte haut les couleurs de l'auteur de Manon. Le fond ne cède en rien à la forme. L'internaute navigue confortablement sur une mer riche d'informations : oeuvres, biographie, bibliographie, discographie, photos, programmes et nouvelles fraîches. On apprend ainsi qu'un enregistrement de La Vierge paraîtra à l'automne prochain sous la direction de Jean-Pierre Loré et que Patrick Garayt annonce un disque d'airs d'opéra français incluant des extraits du Mage et de Kassya, opéra inachevé de Léo Délibes mais terminé par Massenet. Moins sérieusement, on peut vérifier, via les statistiques, que le père de Werther est toujours bien considéré en Amérique du Nord (les Etats-Unis et le Canada arrivent juste après la France dans le hit-parade des pays connectés), se distraire avec un quiz en ligne ou élire son compositeur favori. Le résultat des votes ne manque d'ailleurs pas de surprendre puisque, pour le moment, le vainqueur est... Mozart. [CR]

Une épitaphe pour William Christie...

Après Rolando Villazon, c'est au tour de William Christie, porté par son Hercules d'Aix-en-Provence, de subir le feu des questions. Ainsi, il avoue que la musique est longtemps restée pour lui un violon d'Ingres et qu'il avait au départ plutôt l'intention de devenir médecin ou chercheur. Il ne regrette rien aujourd'hui car il "exerce un métier qui aide et qui soigne... La musique peut soulager ceux qui traversent des passes difficiles ; en tout cas, elle ne fait pas de mal". C'est pour cette raison que le chef d'orchestre aimerait voir graver sur sa tombe : "Il n'a fait de mal à personne". Et parfois même, beaucoup de bien, faudrait-il ajouter... [CR]


09/07/04

Les bons plans de Radio France...

Bonne nouvelle, Radio France (www.radiofrance.fr) n'abandonnera pas la saison prochaine ses "figures". Il s'agit d'une série de concerts organisés autour d'un thème un week-end par mois de septembre à mai. Par exemple, les "Figures animales" offriront à Nicolas Rivenq, le 19 décembre, l'occasion d'interpréter "Le Bestiaire" de Francis Poulenc. Les "Figures françaises", le 19 mars exhumeront "La reine Morte", ouvrage de Daniel-Lesur défendu par Laurent Naouri, Béatrice Uria-Monzon et Thierry Félix. Les "Figures légendaires" débuteront le 15 avril par "Il duca d'Alba" de Gaetano Donizetti avec Carlos Guelfi dans le rôle-titre. Le lendemain, Anna-Caterina Antonacci chantera accompagnée par Donald Sulzen au piano. Enfin, le 29 mai, les "Figures tragiques" verront Marie-Nicole Lemieux et l'ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi jouer les "Scènes tragiques pour Anna Giro" : des extraits de Farnace, Bajazet et d'Orlando furioso d'Antonio Vivaldi. La preuve est faite, le lyricomane saura y trouver son compte et le compte sera bon puisque ces concerts sont gratuits. [CR]

Un nouveau directeur pour l'opéra de Rennes...

La valse des directeurs des maisons d'opéra en France se poursuit. On apprend à peine la nomination d'Eric Chevalier à Metz que tombe celle d'Alain Surrans à Rennes. Il remplacera Daniel Bizeray à la fin de l'automne 2004. En attendant, il reste jusqu'au 31 juillet conseiller de communication interne du directeur de l'Opéra de Paris, Hugues Gall. Il a auparavant dirigé plusieurs institutions : le Festival de Lille en 1988, l'association Ile-de-France Opéra et Ballet de 1989 à 1993, le Centre national d'action musicale en 1993 et 1994, l'auditorium Maurice-Ravel de 1994 à 1998. Il fut aussi conseiller pour la musique à la direction nationale de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles (DMDTS) au ministère de la Culture de 1998 à 2001et directeur artistique des éditions musicales Salabert de 2001 à 2003. A ce titre, il participa à l'exhumation et à l'enregistrement, il y a un an, du "Polyphème" de Jean Cras. On ne manquera pas de lui en être gré et on suivra avec d'autant plus d'intérêt ses prochaines programmations. On se prépare même à accourir dare-dare si jamais il avait la bonne idée de faire monter le cyclope sur la scène bretonneÖ [CR]

L'été des festivals provençaux...

Voici donc la région de cocagne, l'eldorado lyrique des festivals français, le paradis du vacancier mélomane... Tout a commencé à Antibes le 2 juillet avec un récital de Salvatore Licitra. Une semaine plus tard, le 9, c'est Inva Mula qui donne la réplique à Rolando Villazon. Entre temps, Annick Massis et Doris Lamprecht ont fait "L'amour en scène" le 5 juillet tandis que Denis Sedov et Norah Amsellem se produisaient le 7. Tout se terminera le 11 juillet avec un "Orlando" de Haendel. Mais, pas de panique car déjà Lacoste prend la relève : "La flûte enchantée" le 16 et le 18 juillet, Inva Mula et Rolando Villazon - on ne s'en lasse pas - le 13 et l'interrégional Philippe Jarrousski le 19. Sisteron méritera le détour le 22 juillet pour une Messe en ut de Mozart dirigée par Michel Corboz. Orange sera dans la ligne de mire avec "Nabucco" le 10 et 13 juillet, "Carmen" le 31 juillet et le 7 août, Barbara Hendricks avec Dmitri Hvorostovsky le 16 juillet et le concert de Natalie Dessay le 2 août. Et puis, Aix-en-provence étincellera tout le mois de juillet. Inutile de revenir sur sa programmation, nous la connaissons déjà tous par coeur, de "L'amour des trois oranges" à "Hercules" en passant par "La Traviata" avec Mireille Delunsch. Nous nous attarderons en revanche sur la salle fermée que chevauchera en 2007 "La Walkyrie" ("L'or du Rhin" se fera en plein air l'été précédent dans le Théâtre de l'Archevêché). L'appel d'offres pour sa direction va être lancé. Le festival devrait être naturellement associé à la gestion de ce nouveau lieu. Ses activités s'en trouveraient même étalées de début juin à fin août sans crainte des caprices de la météo et un nouveau pan de répertoire serait alors abordé. Enfin, les coproductions avec les grandes maisons d'opéra pourraient être multipliées. La nomination de Stéphane Lissner à la direction musicale du Festival de Vienne ne serait d'ailleurs pas étrangère à un partenariat privilégié avec l'Autriche. On le voit, la Provence n'est pas prête d'abandonner à une autre région française son maillot jaune lyrique. [CR]

Les lectures de Rolando Villazon...

Les projecteurs sont braqués sur lui. D'autant plus qu'il chante en ce moment Alfredo à Aix-en-Provence. Que boit Rolando Villazon ? Que mange-t-il ? Qu pense-t-il ? Que lit-il ? Pour cette dernière question, il est facile de répondre car l'homme est un passionné de littérature. Son histoire d'amour avec les livres débuta à l'age de 10 ans par "L'appel de la forêt" de Jack London gagné à une tombola. Suivirent alors "Le loup des steppes" de Hermann Hesse, tout Zweig, "L'étranger" de Camus, "La montagne magique" de Thomas Mann, "Jouvence" d'Aldous Huxley, Joyce, Kafka, Hemingway et même Kazanzakis. Au rythme d'un livre par semaine, il se paye même le plaisir de les relire. "C'est passionnant car cela devient un autre livre, tout comme à l'opéra où, même en revoyant le même ouvrage, c'est différent à chaque fois... J'aime les livres pour leur musique." Qui osera dire encore "bête comme un ténor" ? [CR]


05/07/04

Le choix de Ciofi...

Le communiqué de presse est tombé il y a peu : la programmation de La Fenice (http://www.teatrolafenice.it/indexf.jsp) en 2004-2005 se composera de neuf opéras : "La Traviata" de Giuseppe Verdi, "Morte dell'aria" et "il cordovano" de Goffredo Petrassi dont on célébrera ainsi le centenaire de la naissance, "Le roi de Lahore" de Jules Massenet, "Maometto secondo" de Gioachino Rossini, "La finta semplice" de Wolfgang Amadeus Mozart, "Parsifal" de Richard Wagner, "Pia de' Tolomei" de Gaetano Donizetti , "Daphné" de Richard Strauss et "La grande Duchesse de Gerolstein" de Jacques Offenbach. Côté distribution, on note en vrac les noms de Marcello Viotti, Lorin Maazel, June Anderson, Roberto Saccà, Laura Polverelli, Dmitri Hvorostovsky et, par deux fois, Patrizia Ciofi. La soprano italienne ouvre d'ailleurs le bal le 12 novembre en incarnant Violetta Valery. On peut légitimement se demander si, à ce stade de sa carrière, elle fait le bon choix en enchaînant ainsi rôle sur rôle. D'autres s'y sont brûlées les ailes. Nous n'aimerions pas intituler l'une de nos prochaines brèves : "les malheurs de Ciofi". [CR]

Eric Chevalier succède à Laurence Dale...

La Municipalité de Metz vient de désigner le nouveau directeur artistique de l'Opéra-Théâtre. Eric Chevalier, 44 ans, décorateur et metteur en scène, a pour lui, dixit le communiqué de presse, d'être homme d'expérience, homme de réseau et enfant de la balle. Sa carrière a débuté en 1978 au Theatre Design Course Of The English National Opera à Londres sous la direction de Margaret Harris (Motley) et Hayden Griffin. Il conçoit dès 1979 les décors des Saltimbanques à l'Opéra de Liège, entre au bureau d'études de l'Opéra de Paris en 1982 puis deux ans plus tard est nommé chargé de production dans cette même maison. Il poursuit conjointement son activité de décorateur et signe de nombreuses productions en France et à l'étranger. Il aborde la réalisation conjointe des décors et de la mise en scène en 1994 avec "Die Zauberflöte" pour Reims et Limoges. Parmi ses dernières réalisations figurent les décors de "Der Ring des Nibelungen" pour Liège, la création française de "Les bonnes" opéra de Peter Bengtson d'après Jean Genêt et les Huguenots à Metz. La boucle est bouclée. La mésaventure de Laurence Dale le prouve : sa marge de manoeuvre sera réduite. Nous souhaitons cependant qu'il parvienne à maintenir, dans la mesure du possible, la dynamique insufflée par son prédécesseur pour que tinte de nouveau à nos oreilles le "connais-tu le pays" qui, à Metz, signale aux spectateurs la fin de l'entracte. [CR]

Elisabeth Schwarzkopf a bonne mémoire...

Elle est plus qu'une autre la Maréchale et la Comtesse. Elisabeth Schwarzkopf lève un coin de rideau dans "Les autres soirs", l'autobiographie qu'elle publie aux éditions Tallandier. En 327 pages, elle retrace une carrière désormais mythique. On découvrira, entre autres anecdotes, qu'elle eut maille à partir avec Boris Christoff lors d'un "Faust" à La Scala. De manière inexplicable, la basse bulgare ne trouva rien de mieux, le soir de la générale, que de cracher sur la scène à l'endroit même où Elisabeth Schwarzkopf devait plus tard s'agenouiller. Comme à l'entracte, elle le priait de retenir sa salive une  prochaine fois, Madame Christoff prit furieusement la défense de son mari. Il s'en suivit un violent crêpage de chignons et les deux chanteurs ne s'adressèrent plus jamais la parole. Walter Legge se vengea en donnant le nom de Boris au moins commode de ses chiens. Plus calmement, c'est avec la première phrase de la Maréchale qu'elle essayait sa voix chaque matin : "Beklagt er sich über das, Quinquin ? (Est-ce qu'il s'en plaint mon Quinquin ?)". Non, il n'y a vraiment pas de raisons de s'en plaindre. [CR]

L'été des festivals aquitains...

A l'ouest, rien de nouveau et pas grand-chose d'autre pour l'amateur d'opéras On s'aventurera le 24 juillet dans le Périgord Vert pour un marathon baroque (http://www.itinerairebaroque.com) de 6 concerts successifs dans 6 églises. On y écoutera notamment les chanteurs Sophie Landy, Delphine Malik-Vernhes, Léopold Boualy-Engole, Johannette Zomer, Lisa Larsson dans des oeuvres de Monteverdi, Charpentier, Lambert, Mozart et compagnie. On retrouvera Johanette Zomer le lendemain lors du concert de clôture dans des motets de Vivaldi. Parmi "Les grands crus musicaux" du 20 au 27 juillet, on dégustera le 26 Alexia Cousin dans un programme Debussy, Duparc et Wolf. Enfin, on prétextera un requiem de Mozart à Bayonne le 7 septembre pour terminer ses vacances au Pays Basque, piquer une tête dans l'océan à Biarritz, se laisser rouler par les vagues puis dîner dans une auberge de l'arrière-pays à l'ombre d'un fronton de pelote en se régalant d'omelette aux piments, de piperade, de chipirons et de jambon. [CR]

Une cantate anti-tabac...

L'humour est britannique comme la crêpe bretonne ou la pizza italienne. L'orchestre Hallé nous en glisse la démonstration dans son dernier enregistrement dédié aux oeuvres de Sir John Elgar. Parmi les très sérieux concerto pour violoncelle et autres romances pour basson se trouve une oeuvrette inédite intitulée Smoking cantata. "I think it's the shortest work I have ever conducted... It made the orchestra laugh like mad when they played it through for the first time (Je pense que c'est l'oeuvre la plus courte que j'ai jamais dirigée... Elle a fait se plier de rire les musiciens de l'orchestre la première fois qu'ils l'ont jouée)" a déclaré le chef Mark Elder. Courte effectivement, elle ne dure pas plus de 50 secondes, mais ambitieuse, elle requiert un effectif wagnérien et un baryton de la carrure de Wotan, la cantate fut composée en 1919 lors d'un séjour d'Elgar dans la propriété du banquier Edward Speyer. Ce dernier, bon hôte au demeurant, n'avait qu'une exigence vis-à-vis de ses invités : qu'ils ne fument pas n'importe où dans la maison. "Kindly, kindly, kindly do not smoke in the hall or staircase (veuillez, veuillez, veuillez ne pas fumer dans le couloir ou l'escalier)". Sur ces paroles entendues à longueur de journée, Elgar, joyeusement agacé, composa une parodie de grand opéra. A l'effet désopilant s'ajoute aujourd'hui la modernité du texte. Il ne nous reste plus qu'à souhaiter sa diffusion régulière dans les lieux publics et les pubs irlandais. [CR]

Les trophées 2003-2004...

La saison s'achève. A l'exemple d'Orphée mais avec des conséquences moindres, les mélomanes jettent un regard en arrière pour "de la palme ou de l'anathème, faire la distribution". Ainsi, le syndicat professionnel de la critique de musique a décerné son grand prix aux Troyens de Berlioz, production du Théâtre du Châtelet sous la direction de John Eliot Gardiner. L'action du chef d'orchestre en faveur de la musique française a été aussi distinguée par les critiques musicaux français qui l'ont désigné "personnalité musicale" de l'année. Le forum n'est pas en reste et accorde en ligne  ses trophées. A chacun de donner son avis... [CR]


Carlos Kleiber (1930-2004)
(Brèves du 21/07/04)

(Offenbach)
Les Contes d'Hoffmann retrouvés...
(brèves du 16/07/04)

Gheorghiu - Alagna
à l'affiche du Théâtre d'Orange en ... 2005
(brèves du 12/07/04)

Anna Caterina Antonacci
("Les bons plans de Radio-France"
brèves du 09/07/04)

Patrizia Ciofi
("Le choix de Ciofi", 
brèves du 05/07/04)

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