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PESARO

22/08/02

L'Equivoco Stravagante
Opéra en deux actes de Gioacchino ROSSINI

Direction musicale: Donato RENZETTI
Mise en scène : Emilio SAGI

Ernestina: Silvia TRO SANTAFE
Gamberotto: Bruno PRATICO
Buralicchio : Lorenzo REGAZZO
Ermanno : Antonino SIRAGUSA
Rosalia : Natalia GAVRILAN
Frontino : Stefano FERRARI

Choeur de chambre de Prague
Orchestre du Festival de Pesaro

Auditorium Pedrotti, Pesaro, 22 août 2002



Deuxième spectacle proposé dans le cadre du festival de Pesaro, cet Equivoco Stravagante aura laissé le spectateur sur sa faim, d'autant qu'il supporte mal l'inévitable comparaison avec la splendide Pietra del Paragone donnée la veille.

Malgré le grand intérêt que présente la découverte d'une oeuvre de jeunesse si rarement jouée, force est de reconnaître que la partition n'est pas ce que Rossini a fait de meilleur, même si certains ensembles, comme le duo Ernestina-Buralicchio ou le quintette du deuxième acte (que Rossini reprendra, justement, dans la Pietra del Paragone) sont plus dignes de son génie.

La mise en scène, quant à elle, fut complètement ratée, Emilio Sagi ayant sacrifié à la tendance actuelle qui veut que les opéras soient systématiquement et sans discernement transposés à notre époque. Or une telle transposition est, par définition, impossible dans le cas de l'Equivoco Stravagante. En effet, comment peut-on admettre à l'heure actuelle qu'un homme, fût-il aussi niais que Buralicchio, puisse croire qu'un quidam dans le besoin fasse castrer son fils unique dans le but d'en faire un chanteur avant de le déguiser en fille pour qu'il échappe au service militaire ? Or, toute l'histoire tourne autour de ce quiproquo, qui donne son titre à l'oeuvre. De plus, le metteur en scène trahit les intentions de Rossini et de son librettiste, notamment avec le personnage de Buralicchio, homme riche mais ridiculement sot, transformé en play-boy devant lequel s'extasient toutes les femmes. Ajoutez à cela des décors d'une laideur à faire peur et vous comprendrez la déception légitime des spectateurs.

Sur le plan musical, rien d'extraordinaire non plus, avec un chef, Donato Renzetti, le nez plongé dans sa partition, et subissant l'orchestre plutôt que le dirigeant. Déception également avec Silvia Tro Santafè, dans le rôle d'Ernestina. Certes, elle n'a aucune difficulté avec la vocalità rossinienne, elle est charmante et interprète le rôle à la perfection, mais son timbre acide devient par moment franchement désagréable. L'autre mezzo (Natalia Gavrilan / Rosalia) était, en revanche, très correcte, à l'instar des deux ténors, très convaincants, l'un dans son rôle d'amoureux transi (Antonino Siragusa / Ermanno), l'autre en serviteur rusé (Stefano Ferrari / Frontino). Mais ce sont les deux basses, absolument parfaites, tant vocalement que scéniquement, qui ont dominé la soirée. Néanmoins, au vu de leurs timbres et de leurs physiques respectifs, une inversion des rôles eût été souhaitable, nous imaginions plutôt Bruno Praticò en amant niais et Lorenzo Regazzo en père parvenu et imbu de sa personne. Ceci étant, l'un comme l'autre auront contribué à relever le niveau de la soirée. 


Antoine Bernheim
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Lire aussi  la critique de la Pietra del Paragone (Pesaro, 21 Août 2002) et de Il Turco in Italia (Pesaro, 23 Août 2002)

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