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PESARO

23/08/02

Il Turco in Italia
Opéra en deux actes de Gioacchino ROSSINI

Direction musicale : Riccardo FRIZZA
Mise en scène : Guido DE MONTICELLI

Selim : Ildar ABDRAZAKOV
Fiorilla : Patrizia CIOFI
Geronio : Alessandro CORBELLI
Narciso : Matthew POLENZANI
Prosdocimo : Roberto DE CANDIA
Zaida : Marisa MARTINS
Albazar : Alessandro CODELUPPI

Choeur de chambre de Prague
Orchestre du Festival de Pesaro

Teatro Rossini, Pesaro, 23 août 2002



Troisième et dernière oeuvre présentée cette année au festival de Pesaro (si l'on excepte un Viaggio a Reims proposé par l'Academia Rossiniana), ce Turco in Italia est également l'opéra le plus connu des trois. Et comme souvent, les productions données au Teatro Rossini demeurent très classiques. Pas question donc de faire de Selim un roi du pétrole ou de Prosdocimo un programmateur de logiciels, la mise en scène, dans un décor très dépouillé, est sans surprises, mais pas pour autant sans idées, et avec une excellente direction d'acteurs, spécialement dans les ensembles. Le point culminant en est la bagarre entre Fiorilla et Zaida dans le final du premier acte, véritable moment d'anthologie.

Excellente direction musicale d'un Riccardo Frizza fort inspiré, qui nous offre un Turco in Italia pétillant comme du champagne. Malheureusement, cette production a souffert d'un terrible handicap : la catastrophique Fiorilla de Patrizia Ciofi. Fiorilla est un rôle extrêmement difficile, il ne doit être confié qu'à des artistes qui possèdent une technique impeccable. Or, le timbre de Ciofi est voilé dans le médium, ses aigus criés, ses vocalises dans les épaules et sa respiration incontrôlée...

C'est d'autant plus triste que le reste de la distribution est, lui, franchement à la hauteur, avec une réserve toutefois concernant le Narciso de Matthew Polenzani, ténor au timbre ingrat ne sachant pas chanter pianissimo, mais néanmoins acceptable dans le rôle. Si Alessandro Codeluppi se tire honorablement de l'air (pas si facile) d'Albazar et Marisa Martins nous campe une fort charmante Zaida, c'est une fois de plus du côté des voix graves que nous trouvons notre principal sujet de satisfaction, avec l'impressionnant Selim interprété par le colosse bulgare Ildar Abdrazakov, basse profonde parfaitement à l'aise avec les vocalises rossiniennes, et l'excellent poète de Roberto De Candia que l'on aurait néanmoins souhaité un peu plus présent vocalement, comme il sied à celui qui tire toutes les ficelles dans l'opéra. J'ai gardé pour la bonne bouche l'extraordinaire Alessandro Corbelli (Geronio), qui domine toute la distribution de la tête et des épaules. Une voix magnifique, une technique parfaite et une présence telle qu'il éclipse tout le monde dès qu'il est sur scène : Corbelli valait à lui seul le déplacement.

Bref, en dépit de quelques faiblesses qui font que ce Turco in Italia reste légèrement en deçà de la Pietra del Paragone du premier soir, ce fut une superbe soirée ! 


Antoine Bernheim
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Lire aussi  la critique de la Pietra del Paragone (Pesaro, 21 Août 2002) et de l'Equivoco Stravagante (Pesaro, 22 Août 2002)
 

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