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PESARO

21/08/02

La Pietra Del Paragone
Opéra en deux actes de Gioacchino ROSSINI

Direction Musicale : Carlo RIZZI
Mise en Scène : Pier Luigi PIZZI
Marchesa Clarice : Carmen OPRISANU
Baronessa Aspasia : Laura BRIOLI
Donna Fulvia : Patrizia BICCIRE
Conte Asdrubale : Marco VINCO
Cavalier Giocondo : Raul GIMENEZ
Macrobio : Pietro SPAGNOLI
Pacuvio : Bruno DE SIMONE
Fabrizio : Dariusz MACHEJ

Coro da Camera di Praga
Orchestra del Teatro Comunale di Bologna

Palafestival de Pesaro, 21 Août 2002



Si le festival de Pesaro n'existait pas, il faudrait l'inventer, car sans lui, que de chefs-d'oeuvre rossiniens seraient injustement restés dans l'oubli !

Et c'est bien de chef-d'oeuvre qu'il s'agit lorsque l'on évoque cette Pietra del Paragone qui est sans conteste l'une des meilleures partitions de Rossini, à ranger au même niveau qu'une Italienne à Alger ou qu'une Gazza Ladra.

De plus, la production "pesarienne" a été une réussite totale, tant sur le plan musical, avec un chef, Carlo Rizzi, parfaitement rompu au style rossinien, dirigeant l'orchestre de Bologne avec toute la vivacité voulue et en phase avec l'ensemble des chanteurs, que de la mise en scène, signée Pier Luigi Pizzi, qui avait choisi de transposer l'oeuvre à l'époque actuelle, malgré tous les dangers qu'une telle option peut représenter.

Ainsi, le comte Asdrubale est devenu un play-boy recevant ses nombreux invités dans sa luxueuse villa, Giocondo et Macrobio s'affrontent en duo au sortir d'une partie de tennis, Pacuvio finit son air en tombant dans la piscine. Tout cela est fait avec un tel bon goût et un tel souci esthétique (comme par exemple ces superbes arbres géants qui entourent la villa) que jamais le spectateur n'a été gêné ni choqué par l'optique du metteur en scène, d'une fidélité absolue à l'esprit du compositeur et de son librettiste. Après tout, cet opéra se voulait une satire de la société bien-pensante de l'époque, et la charge demeure très actuelle, notamment les caricatures de l'écrivain minable et imbu de sa personne ou du critique littéraire mégalomane.

Le plateau vocal s'est lui aussi révélé enchanteur, dominé par Carmen Oprisanu qui, dans le rôle de Clarice, charme les auditeurs par sa voix chaude et sensuelle de contralto coloratura et son physique des plus avenants. Tout au plus pourra-t-on lui reprocher un léger manque de puissance, mais l'intelligent Pizzi a tout fait pour la mettre en valeur, s'arrangeant notamment pour qu'elle chante ses airs à l'avant-scène. Laura Brioli (la Baronne Aspasia) et Patrizia Biccirè (Donna Fulvia), délicieuses pimbêches, lui donnent la réplique de manière fort plaisante. Les hommes ne sont pas en reste, à commencer par le comte Asdrubale de Marco Vinco, magnifique basse dont le timbre n'est pas sans rappeler celui de Samuel Ramey, alliant une vocalità sans faille à un physique de Don Juan. Mais il faudrait aussi évoquer l'émouvant Giocondo de Raul Gimenez qui eut une véritable ovation au terme de sa romance, et les irrésistibles buffi, Pietro Spagnoli (Macrobio) et Bruno de Simone (Pacuvio), parfaitement en situation.

Bref, ce fut un spectacle enchanteur, tel qu'on en voit trop rarement. Souhaitons qu'il redonne à La Pietra del Paragone ses lettres de noblesse, amplement méritées. 


Antoine Bernheim
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Lire aussi  la critique de l'Equivoco Stravagante (Pesaro,, 22 Août 2002) et  Il Turco in Italia (Pesaro, 23 Août 2002)

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