C O N C E R T S
 
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PARIS
17/05/2005

© DR
LUCIANO PAVAROTTI
Tournée d'adieux

Luciano Pavarotti
Tosti, La Serenata*
Non t'ami piu*
Malia*

Simone Todaro
Bellini, Vagaluna che inargenti*
Vanne, o rosa fortunata*

Luciano Pavarotti, Dolente immagine de fille mia*
Malinconia, Ninfe gentile*

Leone Maggiera
Mascagni, Cavalleria Rusticana, Intermezzo

Luciano Pavarotti
Puccini, La Bohème, Che gelida manina
Simone Todaro 
Si, mi chiamano Mimi

L.Pavarotti & S.Todaro
O Soave fanciulla

Luciano Pavarotti
Puccini, Tosca, Recondita armonia

Simone Todaro
Cilea, Adriana Lecouvreur, Io son l'umile ancella

Luciano Pavarotti
Puccini, Tosca, E lucevan le stelle

Leone Maggiera
Mascagni, L'Amico Fritz, Intermezzo

L.Pavarotti & S.Todaro
Suzel, buon di

Simone Todaro
Lehar, La Veuve Joyeuse**, Romance de Viljia
Le Pays du sourire**, Je t'ai donné mon coeur

Luciano Pavarotti
di Lazzaro, Chitarra romana
Bixio, La mia canzone al vento 
Leoncavallo, Mattinata
Lara, Granada***
Di Capua, O sole mio***

L.Pavarotti & S.Todaro
Verdi, Brindisi***, La Traviata

*  au piano, accompagné par Leone Maggiera
**  en italien
*** bis

Orchestre National d'Ile de France
sous la direction de Leone Maggiera

Paris, Bercy, le 17 mai 2005


SIC TRANSIT PAVAROTTI

Tels autrefois Mistinguett et Maurice Chevalier, Luciano Pavarotti n'en finit pas de faire ses adieux. 

On regrettera le format choisi ; une série de 40 concerts sonorisés dans des lieux qui n'ont rien de lyrique, et dans des villes qui n'ont pas franchement marqué la carrière du ténor (Prague, Belgrade... ou Dubaï !).

Les sceptiques diront qu'il s'agit de remplir une dernière fois la caisse plutôt que de satisfaire les mélomanes, mais c'est mal connaître Luciano. Certes, le chanteur n'a jamais dédaigné l'argent facile, mais s'agit-il ici "d'argent facile" ?

Le ténor italien est en effet miné par des ennuis de santé à répétition, enchaînant les opérations chirurgicales et les rechutes, se déplaçant avec difficulté : à 70 ans passés, une telle série de concerts constitue donc un véritable exploit physique. Ensuite, l'homme est effectivement resté simple (préférant le médiocre Lambrusco aux crus les plus fins, c'est dire !) ; il apprécie sincèrement l'ambiance de fête de ces grands concerts de masse.

Enfin, le chanteur cherche à se protéger (1) : sonorisation pour le souffle, prompter pour les trous de mémoire, tabouret pour le repos des genoux et public conquis d'avance, sont surtout des éléments de réassurance.

Il faut donc faire contre mauvaise fortune bon coeur : Pavarotti sur une scène d'opéra, c'est fini et il faut voir cette série de concerts comme l'opportunité d'un dernier adieu à l'une des plus grandes voix du siècle.

Le programme est généreux (16 morceaux pour Luciano) et diversifié (mélodies, airs d'opéra, chansons napolitaines et très peu de remplissage symphonique). La "technique" est moins riche qu'en 2001 en ce même lieu : un seul écran (mais sans Bill Viola) et une sonorisation correcte, mais pas aussi luxueuse.

La première partie est un peu décevante : le timbre de l'illustre ténor est toujours le même, lumineux et unique, mais sa voix se bat avec un chat dans la gorge et une note ou deux, parfois plus, craquent discrètement au milieu des airs.

A moitié assis sur un tabouret, il est partiellement caché par un piano qui lui-même dissimule un prompter.

Le chanteur demeure les yeux rivés sur son "aide-mémoire" de sorte que, sur l'écran géant, on ne voit guère ses yeux qu'aux saluts : on se croirait chez Bocelli !

Vocalement, les choses s'améliorent un peu au fil du concert, mais pas totalement et Pavarotti conclue sa "Gelida manina" sur un "si" très instable (une performance tout de même remarquable après 43 ans de carrière).

En fait, nous ne serons pleinement satisfait que par l'ultime morceau de la première partie : le duo "O soave fanciulla" (lui aussi transposé d'un demi-ton) est quasi parfait et couronné d'un splendide "si naturel" longuement tenu.

L'état vocal de Pavarotti s'améliore totalement pour la seconde partie : les deux airs de Tosca sont chantés comme il y a vingt ans et le "Duo des cerises" de L'Amico fritz est tout simplement sublime, justifiant à lui seul ce concert.

L'intérêt du lyricomane retombe un peu par la suite, le chanteur concluant son programme par des mélodies sirupeuses (à la grande joie du public, reconnaissons-le).

Un ultime bis nous ramène in extremis à l'opéra : c'est bien entendu l'inévitable brindisi de La Traviata, laborieusement repris par une salle satisfaite mais pas franchement délirante : c'est la rançon de ce type de spectacle qui attire davantage de curieux et de néophytes que de véritables passionnés d'opéra (2).

Aux côtés du tenorissimo, Simone Todaro (3) est un soprano correct mais sans éclat, enchaînant les airs sans génie particulier (entendre tous les aigus de "L'Umile Ancella" chantés forte, ça change... en moins bien).

La performance de l'Orchestre National d'Ile de France est quant à elle tout à fait honorable (4) : nous avons entendu récemment au Théâtre des Champs-Elysées des ténors célèbres moins gâtés par leur orchestre.

Une soirée en demi-teintes donc, à laquelle manque l'émotion née de la communion d'un artiste avec son public (5). C'est ainsi, "la plus belle voix du monde" ne peut donner que ce qu'elle a...
 
 
 

Placido Carrerotti

1. Rappelons-nous le fiasco des Tosca new-yorkaises de 2002 à l'occasion desquelles le chanteur avait préféré rester cloîtré plutôt qu'aller à la rencontre son public.

2. Beaucoup d'amateurs de Pavarotti ont d'ailleurs préféré rester chez eux avec leurs souvenirs. 

3. Simone Alaimo a récemment chanté La Bohême pour la réouverture du théâtre de Fano aux côtés de Luciano... metteur en scène !

4. A l'exception de l'innommable trompettiste qui canarde joyeusement l'entrée d' "O Sole moi" ! 

5. Parallèle saisissant : 2 jours plus tôt à New-York, Mirella Freni fêtait le cinquantième anniversaire de ses débuts dans une ambiance autrement émouvante.

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