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Cinq questions à Nicola Alaimo

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Interview
14 novembre 2011

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Avec Fra Melitone dans La Forza del destino, Nicola Alaimo fait ses débuts à l’Opéra de Paris. L’occasion de mieux connaître la carrière et les projets de ce jeune et sympathique baryton, l’un des plus doués de la génération montante..

 

 

 

Vous êtes issu d’une famille de musiciens. Quand avez-vous pris conscience que vous aviez une voix qui pouvait vous permettre de vous lancer dans cette carrière ?

 

J’en ai pris conscience il y a une vingtaine d’années. J’ai toujours aimé chanter depuis ma plus tendre enfance parce que, comme vous l’avez dit, je suis né dans une famille de musiciens. Ma grand-mère, en plus d’être une mezzo-soprano est une excellente pianiste, c’est elle qui m’a enseigné les bases de la musique : le piano, le solfège, le chant. Ensuite grâce à mes oncles, Simone et Vincenzo et aussi à ma sœur, qui a étudié au conservatoire, j’ai appris à connaître ce type de musique qu’est l’opéra et à l’aimer profondément.

Je suis né en 1978 et en 1980, Simone Alaimo, mon oncle, a remporté le concours Maria Callas, qui était retransmis à la télévision. J’étais tout petit alors mais je m’en souviens. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à essayer de l’imiter en chantant tout ce qu’il avait interprété à ce concours, « La calunnia », par exemple. Puis vers l’âge de 13 ou 14 ans, ma passion pour l’opéra ne cessant de croître, j’ai voulu étudier le chant de façon sérieuse et je suis entré au conservatoire de Palerme mais je ne m’y suis pas trouvé très à mon aise alors j’ai poursuivi mon apprentissage avec mon oncle Simone et son épouse Vittoria. Avec Vittoria, j’ai approfondi ma technique tandis qu’avec Simone, je travaillais sur les partitions et l’interprétation des personnages. Ensuite, à partir de l’âge de 16 ans, j’ai commencé à chanter de façon professionnelle, à gagner mes premier concours. À 17 ans, j’ai remporté le concours di Stefano à Trapani et c’est à partir de là que j’ai fait, tout doucement, mes premiers pas de chanteur d’opéra. Je considère que j’ai eu beaucoup de chance.

 

Le bel canto –et en particulier Rossini- tient une large place dans votre répertoire : quelles sont vos affinités avec cette musique ?

 

Le bel canto est parfait pour mes cordes vocales, d’ailleurs je me considère comme un baryton belcantiste dans la mesure où, pour moi, le legato est primordial, notamment dans les ouvrages de Donizetti. Vous avez mentionné Rossini mais c’est l’écriture de Donizetti qui est la mieux adaptée à mes moyens, celle des grandes œuvres que sont Poliuto, par exemple, ou Parisina, Lucia aussi, bien sûr, dans laquelle j’ai récemment débuté à Palerme, ainsi que Belisario. Ces œuvres qui, hormis Lucia, ne sont pas des opéras de répertoire, sont pourtant extraordinaires et elles sont idéales pour ma voix.

Rossini, je l’ai aimé parce que j’ai commencé ma carrière avec lui. J’ai fait mes débuts avec La Cenerentola, ce qui m’a permis de travailler sur l’agilité vocale, un travail que j’approfondis toujours car on n’a jamais fini d’apprendre, c’est une chose fondamentale. J’ai énormément chanté Rossini, y compris ses opere serie comme Moïse et Pharaon que j’ai interprété sous la direction de Riccardo Muti, d’abord à La Scala puis à Salzbourg et à Rome. Ce type d’ouvrage est également parfait pour ma voix. Et puis, il y a Verdi, mais Verdi est un caprice, je le chante de temps en temps mais c’est un caprice.

 

Vous vous êtes fait connaître essentiellement à travers des rôles bouffes, comme Falstaff ou Don Pasquale, qui sont en général chantés par des barytons en fin de carrière : comment parvenez-vous à entrer dans la peau de ces personnages, souvent bien plus âgés que vous ?

 

Pour ce qui concerne Falstaff, je dois dire que j’ai eu beaucoup de chance parce que j’ai eu l’opportunité de le travailler à Berne avec un très grand metteur en scène, Eike Gramss, qui est un ancien acteur shakespearien. Avec lui, le travail était rigoureux et nous avons bénéficié de deux mois entiers pour étudier la partition dans ses moindres détails. Je connais donc Falstaff comme ma poche, c’est un de mes opéras préférés et je pourrais le chanter 365 jours par an ! Bien sûr, cela ne m’a pas été facile d’entrer dans la peau d’une personne âgée, mais j’y suis arrivé petit à petit grâce à ce long travail d’approfondissement du personnage sous la houlette de Gramss. Finalement, nous avons eu d’excellentes critiques et ce fut pour moi une très belle prise de rôle. Je rechanterai Falstaff, notamment au Metropolitan Opera dans deux ans. C’est un rôle qui me fascine, vraiment, d’ailleurs je trouve l’univers shakespearien merveilleux, et puis cet opéra résulte d’un triangle parfait : Verdi, Shakespeare et Boito, dont le livret est assez fidèle aux Joyeuses commères de Windsor. Ce sont eux qui nous ont facilité la tâche. En fait, je ne suis pas le seul, disons « jeune chanteur », à avoir commencé avec ce type de personnages, d’autres, parmi mes collègues, l’ont fait aussi.

Pour Don Pasquale, nous avons eu un mois et demi de répétitions très intenses et puis, débuter dans ce rôle avec un grand maestro comme Riccardo Muti m’a énormément aidé. Le travail avec lui est vraiment extraordinaire, exceptionnel même. Avec Muti, j’ai également fait un autre opéra, un petit bijou de Paisiello, Il Matrimonio inaspettato où j’incarnais encore un homme âgé, il Marchese Tulipano. Finalement, je pense que si on me propose ces rôles, c’est probablement parce qu’ils me réussissent assez bien et j’en suis content, vraiment.

 

L’été dernier vous avez été un formidable Francesco dans I Masnadieri à Montpellier. En dehors de Fastaff et Melitone, avez-vous d’autres projets concernant Verdi ?

 

Oui, j’ai des projets très intéressants parmi lesquels un Stiffelio à Monte-Carlo avec José Cura sous la direction de Maurizio Benini ainsi qu’une Luisa Miller à Liège en 2014. Il y aura aussi, à l’occasion de l’année Verdi, un Falstaff à la Scala dans lequel j’interprèterai Ford aux côtés d’Ambrogio Maestri dans le rôle-titre.J’ai aussi un autre projet mais il est encore trop tôt pour en parler parce que c’est un rôle exigeant et que je n’ai pas encore décidé si j’allais l’accepter ou non. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il s’agit d’un autre grand chef-d’œuvre shakespearien. Disons que j’y pense sérieusement mais je ne veux pas précipiter les choses…

 

 Et des projets pour Paris ?

 

Oui, La Cenerentola. Cet opéra revient régulièrement dans mon calendrier parce que je l’aime beaucoup. J’ai fait mes débuts dans le rôle de Dandini, je l’ai chanté l’année dernière à Pesaro et je suis ravi de venir le faire ici l’an prochain, d’autant plus que le rôle de Don Magnifico sera interprété par Alessandro Corbelli qui a été un immense Dandini. C’est pourquoi je pense que j’aurai beaucoup de choses à lui demander et qu’il me donnera d’excellents conseils. C’est pour moi un honneur de chanter aux côtés d’un grand artiste comme lui et j’en suis très heureux. Voilà pour l’instant mon projet pour Paris mais il y aura sûrement d’autres choses dans le futur.

 

Propos recueillis et traduits de l’italien par Christian Peter

Paris le 26 octobre 2011

Nicola Alaimo © DR 

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