La publication par Testament, en 2006, du Ring enregistré à Bayreuth au cours de l’été 55 fit l’effet d’une bombe. Voilà qu’était disponible, dans une stéréo très convenable, un témoignage majeur de l’âge d’or du Nouveau Bayreuth. On avait fini par oublier jusqu’à l’existence même de ces bandes, que d’obscures raisons juridiques avaient refoulé dans les limbes. Le choc est immense : dans un confort d’écoute inespéré, voilà que l’on redécouvre, officiant in situ, Hans Hotter, Astrid Varnay, Josef Greindl, Ramon Vinay, Gustav Neidlinger et tant d’autres, tous captés à leur absolu zénith, génération bénie des dieux communiant en Wagner avec un génie et une humilité qui forcent le respect. La direction de Joseph Keilberth, puissamment charpentée, mais aussi très théâtrale, n’est pas pour rien dans ce ravissement. Certes, ce chef et ces chanteurs, on les connaissait tous déjà, mais c’était soit à travers une mono qui écrase et appauvrit, ou bien dans un studio qui aseptise. Ici, outre les qualités vocales et dramatiques majeures des individualités (les Adieux de Hotter, l’Immolation de Varnay, c’est pleinement et définitivement la légende), il y a l’urgence de la scène et la force du collectif soudé été après été sur la Colline sacrée.
Astrid Varnay (Brünnhilde), Hans Hotter (Wotan), Josef Greindl (Fafner, Hunding, Hagen), Wolfgang Windgassen (Siegfried), Ramon Vinay (Siegmund), Gré Brouwenstijn (Sieglinde), Gustav Neidlinger (Alberich))
Joseph Keilberth, Chœurs et orchestre du Festival de Bayreuth ;
Testament – 14 disques – Date de parution : 2006 ; enregistré en 1955.