A l’occasion de la Saint Valentin, nous posions à nos lecteurs la questions suivante : « quelle est selon vous la plus belle déclaration d’amour à l’opéra ? ». A cette question, il n’y pas de bonne réponse ou plutôt toutes les réponses sont bonnes. Le tirage au sort a désigné les trois répliques suivantes :
- « Tu n’es pas beau, tu n’es pas riche,
Tu manques tout à fait d’esprit ;
Tes gestes sont ceux d’un godiche,
D’un saltimbanque dont on rit.
Le talent, c’est une autre affaire :
Tu n’en as guère, de talent…
De ce qu’on doit avoir pour plaire
Tu n’as presque rien, et pourtant…
Je t’adore, brigand, j’ai honte à l’avouer ;
Je t’adore et ne puis vivre sans t’adorer. »
Jacques Offenbach, La Perichole (déclaration proposée par Antonin Durand, 94210)
- « Paminoutna videt’ vas,
Pavsioudou sliédavat’ za vami,
Oulybkou oust, dvijénié vzgliat,
Lavit’ vlioublionnymi glasami,
Vnimat’ vam dolga panimat’
Douchoï vsio vaché saviérchenstva.
Pret vami v strastnykh moukakh zamirat’,
Blednièt’ i gasnout’: vot blajenstva,
Vot adna metchta maïa adno blajenstva! »
(Vous voir à toute heure,
Veiller sur votre seuil, suivre
Votre sourire, vos pas, votre regard
Avec des yeux amoureux,
Vous écouter pendant des heures, saisir
En mon cœur votre perfection.
Périr devant vous de souffrances passionnées,
Blêmir et mourir : voilà ma joie,
Mon seul rêve, mon seul bonheur !)
Piotr Illich Tchaïkovski, Eugène Onéguine (déclaration proposée par Anne-Charlotte Errard, 45000)
- « Isolde : Doch uns’re Liebe, Heißt sie nicht Tristan und Isolde? Dies süße Wörtlein: und, Was es bindet, der Liebe Bund, Wenn Tristan stürb, zerstört’ es nicht der Tod?
Tristan : Was stürbe dem Tod, als was uns stört, Was Tristan wehrt, Isolde immer zu lieben, Ewig ihr nur zu leben?
Isolde : Doch, dieses Wörtlein: und, Wär’ es zerstört, Wie anders als mit Isoldes eig’nem Leben Wär’ Tristan der Tod gegeben?
Tristan : So starben wir, um ungetrennt, Ewig einig ohne End’, Ohn’ Erwachen, ohn’ Erbangen, Namenlos in Lieb’ umfangen, Ganz uns selbst gegeben, Der Liebe nur zu Leben! »
(Isolde : Mais notre amour ne s’appelle-t-il pas Tristan et Yseut ? Ce petit mot doux, et, avec ce qu’il lie, lien de l’amour, si Tristan mourait, la mort ne le détruirait-elle point ?
Tristan : Qu’est-ce qui succomberait à la mort, sinon ce qui nous gêne et s’oppose à ce que Tristan aime à jamais Yseut, éternellement vive pour elle seule ?
Isolde : Mais si ce petit mot – et – était aboli, comment la mort serait-elle donnée à Tristan autrement qu’à travers la vie même d’Yseut?
Tristan : Nous mourrions ainsi afin, jamais séparés, éternellement un, sans fin, sans réveil, sans angoisse, n’ayant plus de nom, étreints dans l’amour – entièrement l’un à l’autre – de vivre uniquement pour l’amour !)
Richard Wagner, Tristan und Isolde (déclaration proposée par Charis Woods, 75007)
Bravo aux heureux gagnants qui recevront à leur domicile Mademoiselle, le nouvel album de Julie Fuchs, et merci à tous les participants.