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Mort de David Rendall

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Brève
22 juillet 2025

Infos sur l’œuvre

Détails

Né en octobre 1948, le chanteur britannique s’est éteint à l’âge de 76 ans. Ténor mozartien typique, s’appuyant beaucoup sur la voix mixte, David Rendall offrait un timbre lumineux et une splendide musicalité. Doté d’une excellent technique, il savait rendre justice à quelques unes des pages les plus exigeante du compositeur. On peut l’entendre ici, vocalisant impeccablement, dans la version non coupée de « Fuor del Mar » (Idomeneo). Grâce à une belle projection, David Rendall a pu également aborder avec succès l’opéra français (Faust, La Damnation de Faust, Les Contes d’Hoffmann, Carmen, Manon).  L’aigu pouvait être à l’occasion retentissant comme en témoigne cet extrait de Faust, où le registre mixte s’estompe en partie. Il était également un excellent Lenski. Ses moyens lui permettent même de s’aventurer jusqu’à Wagner (Lohengrin en 1994 à Nancy par exemple) ou même Canio dans I Pagliacci.

Après des études à la Royal Academy of Music de Londres, David Rendall fait ses débuts officiels en 1975 avec la Glyndebourne Touring Company dans Così fan tutte (la compagnie itinérante reprend, avec de jeunes artistes, les productions du Festival de Glyndebourne et tourne dans les théâtres de province britanniques). Le chanteur se produira très vite au festival et à l’English National Opera. Il débute au Covent Garden avec le chanteur italien du Rosenkavalier (1975). Parmi ses rôles notables au Royal Opera, on citera Don Ottavio dans Don Giovanni (1976), Almaviva du Barbiere di Siviglia (1978), Rodrigo dans la Donna del lago (1986) ou le Chevalier des Grieux dans Manon (1988). Il débute au Met dans Don Pasquale (1980) et il y chante plus de 130 représentations jusqu’en 1988, à New York et en tournée : Die Zauberflöte, Don Giovanni, La Traviata, Così Fan Tutte, Arabella, Die Entführung aus dem Serail, David des Meistersinger von Nürnberg, Eugène Onéguine, Idomeneo, Alfred dans Die Fledermaus et La Clemenza di Tito. Il était également un interprète de lied.

En France, on a pu l’entendre dans le répertoire mozartien au tournant des années 80, au Théâtre des Champs-Élysées (Die Zauberflöte, 1987) dans le cadre de l’éphémère Festival Mozart (créé par Daniel Barenboim lorsqu’il était à la tête de l’Orchestre de Paris). À l’Opéra de Paris, il a interprété Cosi fan tutte (Garnier, 1980), Die Zauberflöte (trois saisons à Bastille, 1991 & 1993), Les Contes d’Hoffmann (Bastille, 1993). On a pu l’entendre notamment dans La Damnation de Faust à Lyon sous la baguette de Serge Baudo (1983) ou à Pleyel (1991), dans La clemenza di Tito à Aix (1988). À l’occasion de cette série de représentations, David Rendall racontait l’histoire suivante sur son blog : voulant profiter d’un trou de cinq jours entre deux représentations, il était parti dès la fin du spectacle (vers minuit et demi) pour rejoindre sa future seconde femme, Diana Montaigu. Celle-ci chantait en effet Cherubino… à Salzbourg. Rendall conduit toute la nuit. Il contracte une infection du larynx (on est étonné…). Ne se rétablissant pas, il contacte le festival pour les prévenir qu’il devra annuler la représentation à venir (deux jours plus tard) et produit un certificat médical. Aix exige une contre-experise du médecin du festival, et sur place ! Les compagnies aériennes n’ont plus de billets ? Qu’à cela ne tienne : on lui envoie un jet privé pour le ramener à Aix le soir du spectacle et on le force à chanter en le menaçant de lui facturer les coûts d’annulation s’il refuse. Rendall arrive au théâtre à 20h15 pour un lever de rideau à 21h, l’avion ayant été retardé par le mauvais temps. Diminué, le ténor chantera, mais pas à pleine voix. Il retrouvera ses moyens pour les soirées suivantes. À la fin des représentations, quand il ira toucher son cachet à la comptabilité, il aura la mauvaise surprise de découvrir que 40 000 francs en ont été déduits pour rembourser le jet privé commandé par le festival…

Par ailleurs, David Rendall avait figuré bien malgré lui à la rubrique des faits-divers : en 1998, à l’occasion d’une répétition d’I Pagiacci à Florence, il avait involontairement poignardé son collègue Kimm Julian lors de la scène finale, la lame du couteau étant restée bloquée. En 2005, c’est à son tour d’être victime d’un accident, suite à l’effondrement d’un décor à Copenhagen et il ne reviendra à la scène que plusieurs années plus tard. David Rendall était remarié à l’excellent mezzo-soprano Diana Montague, toujours en activité à 72 ans (on a encore pu l’entendre dans une magnifique Comtesse de La Dame de Pique à Garsington cet été). Leur fils, Huw Montague Rendall, mène une prometteuse carrière de baryton.

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