Mort du ténor Gegam Grigorian

Le ténor arménien Gegam Grigorian est décédé ce 23 mars d’un cancer à l’âge de 65 ans. Après des débuts dans Lucia di Lammermoor à l’Opéra d’Erevan en 1976 (il avait 25 ans), Gegam Grigorian aurait rapidement enjambé les marches de la renommée si les communistes alors au pouvoir ne lui avait interdit, pour une raison inconnue, de quitter l’Union Soviétique. Invité en 1989 par Valery Gergiev à chanter au Mariinsky Theatre, il peut enfin envisager la carrière internationale qui lui avait été refusée dix ans auparavant : Concertgebouw d’Amsterdam en 1990 (Gennaro dans Lucrezia Borgia de Donizetti), Covent Garden en 1993 (Lenski dans Eugène Onéguine), Metropolitan Opera de New York en 1995 (Herman dans La Dame de Pique), etc. En France, les Chorégies d’Orange l’accueillirent régulièrement. YouTube conserve notamment le souvenir d’un Radamès indéboulonnable dans Aida, où l’arrogance de l’émission et l’égalité de la voix compensent l’éclat métallique du timbre (voir ci-dessous). Plusieurs enregistrements dirigés par Valery Gergiev témoignent de son art : Iolanta, La forza del destino dans sa version de 1862, Sadko… En 2000, il avait été nommé au poste de directeur artistique du théâtre national académique d’opéra et de ballet Alexandre Spendarian. Ces dix dernières années, il s’était consacré à l’enseignement du chant. Sa fille, Asmik Grigorian, que l’on a pu applaudir à Gand notamment dans La Juive, avait été son élève.