Pour le week-end d’inauguration de ses nouveaux espaces, notre chère Maison de la Radio a plutôt bien fait les choses. Au terme de cinq années de travaux, on pouvait enfin découvrir l’Auditorium de 1400 places, tout de bois vêtu. Certes, le tout premier concert fut exclusivement symphonique, associant les deux formations orchestrales maison pour un programme mi-français (Ravel, Dutilleux), mi-allemand (Mozart, Wagner, Richard Strauss), et même un peu russe avec Prokofiev. Le lendemain matin, Myung-Whun Chung expliquait la Symphonie fantastique aux enfants et à leurs parents. Et le samedi soir, des voix autres que parlées allaient enfin résonner dans cette acoustique à la fois nette et enveloppante, où l’auditeur a le sentiment d’être réellement au cœur de la musique. Le 16 novembre à 20 heures, étaient réunis l’Orchestre national de France, le Chœur de Radio France et la Maîtrise de Radio France. Daniele Gatti dirige à grande vitesse l’ouverture de Carmen, après quoi Marie-Nicole Lemieux fait son entrée en robe violette pailletée d’or pour proposer une Habanera tendance Marilyn Horne, mais très sobre, sans effets de voix déplacés. La chanteuse est fort à son aise dans un air qu’elle semble n’avoir qu’à déclamer. Avec l’entrée des invités de Tannhäuser, changement d’atmosphère : le tempo lent et majestueux choisi par le chef donne un côté plus Meyerbeer que jamais à cette page – après tout, on n’entre pas en gambillant à la Wartburg – et la masse vocale offerte par le chœur vous en met plein les oreilles, comme il se doit. Retour de la contralto québécoise pour « Mon cœur s’ouvre à ta voix » où le vibrato se fait davantage entendre, avec un refrain certes très sensuel, mais pris dans un tempo exagérément étiré. Heureuse initiative ensuite : le début de l’acte II du Trouvère est donné dans la version française établie par Verdi pour l’Opéra de Paris. Le chœur de l’enclume vante les charmes de « la Bohémie-e-enne », après quoi Marie-Nicole Lemieux lance un « La flamme brille » (plus connu sous le nom de « Stride la vampa ») totalement maîtrisé, plus qu’à Salzbourg en août dernier. Les voix juvéniles de la Maîtrise interprète ensuite « Salut printemps » d’un presque aussi juvénile Debussy, et c’en est fini pour le chant. Viendront encore un superbe Apprenti sorcier, grand moment de magie instrumentale, et un réjouissant Américain à Paris. Pourtant, les voix ne se feront pas longtemps attendre puisque dès ce dimanche après-midi, le Chœur de Radio France donne un concert à cappella, suivi du Noye’s Fludde de Britten interprété par des choristes amateurs.
Ouf, la Maison de la Radio n’a pas oublié la voix !
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Brève
16 novembre 2014
Ouf, la Maison de la Radio n’a pas oublié la voix !
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