Forum Opéra

Kévin Amiel, Backstage

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CD
15 juin 2025

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe Verdi (1813–1901)
La Traviata
« Lunge da lei… De’ miei bollenti spiriti… O mio rimorso »
Rigoletto
« Ella mi fu rapita!… Parmi veder le lagrime »
Gaetano Donizetti (1797–1848)
Lucia di Lammermoor
« Tombe degli avi miei… Fra poco a me ricovero »
Giuseppe Verdi (1813–1901)
Macbeth
« O figli miei!… Ah, la paterna mano »
Rigoletto
« La donna è mobile »
Giacomo Puccini (1858–1924)
Gianni Schicchi
« Avete torto!… Fire,ze è come un albero fiorito »
Gaetano Donizetti (1797–1848)
Il duca d’Alba
« Inosservato, penetrava in questo… Angelo casto e bel »
Charles Gounod (1818–1893)
Roméo et Juliette
« L’amour… Ah ! Lève-toi, soleil ! »
Giacomo Puccini (1858–1924)
La bohème
« Che gelida manina! »
Léo Delibes (1836-1891)
Lakmé
« Lakmé ! Lakmé ! Lakmé ! Ah ! viens dans la forêt profonde »
Jules Massenet (1842-1912)
Werther
« Toute mon âme est là !… Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps ? »
Charles Gounod (1818–1893)
Mireille
« Mon cœur est plein d’un noir souci… Anges du paradis »
Gaetano Donizetti (1797–1848)
L’Elisir d’amore
« Una furtiva lagrima »
Gioachino Rossini (1792-1868)
La danza
Salvatore Cardillo (1874-1947)
« Core ‘ngrato »
Franz Lehár (1870-1948)
Le pays du sourire (version française de Das Land des Lächelns)
« Je t’ai donné mon coeur » (version française de « Dein ist mein ganzes Herz »)

Kévin Amiel, ténor
Orchestra sinfonica G. Rossini
Direction musicale
Frédéric Chaslin

1 CD Aparté AP358
Durée : 68′
Enregistré à Fano, Teatro de la Fortuna, en juin 2024.
Parution : 23 mai 2025

La France (et la Belgique) furent longtemps terres de ténors. Le baroque français inventa la haute-contre, Joseph Legros fut son plus célèbre représentant. Le romantisme vit Adophe Nourrit briller au firmament lyrique (il créa le Comte Ory, Arnold dans Guillaume Tell, Robert le Diable, Raoul des Huguenots, Eléazar dans La Juive), avant que ne vienne le détrôner Gilbert Duprez, le fameux « inventeur »  du contre-ut de poitrine qui stupéfia le public dans Guillaume Tell. Les ténors légers, les demi-caractères, les lyriques sont légions, l’opéra-comique, qui est un genre typiquement français, ayant sans doute favorisé leur développement. Parmi les artistes dont les enregistrements ont conservé la voix (qu’on peut notamment retrouver en repiquage chez Malibran-music), et qui avaient souvent une diffusion internationale, on pourra citer Victor Capoul, Émile Scaremberg, Fernand Ansseau, Edmond Clément, Louis Cazette, Edmond Gluck, Charles Fontaine, David Devriès, Albert Vaguet, Léon Campagnola, Robert Lassalle, André d’Arkor, Raymond Berthaud, Émile Marcelin, Lucien Muratore (qui fit une seconde carrière avec des films musicaux), Gaston Micheletti, Georges Liccioni, Henri Legay, Michel Cadiou, André Mallabrera (et on en oublie forcément) jusqu’à Charles Burles, voire plus tard Michel Sénéchal un peu vite recyclé dans les rôles de caractère où il excellait. Sans oublier bien sûr l’immense Alain Vanzo, internationalement reconnu. Pour rappel, ces typologies sont avant tout théoriques : nombre de ces artistes, comme Charles Friant par exemple, ont chanté tout aussi bien Le Jongleur De Notre-Dame que Paillasse. Jules Gauthier chantait à l’Opéra-Comique Gérald, Don José, des Grieux, Rodolfo, Turiddu, Vincent… avant d’être engagé à l’Opéra pour Samson, Raoul, Arnold, Faust !

Les voix plus dramatiques, quoique traditionnellement plus rares, ne manquent pas non plus. Au début du XXe siècle, alternant avec Jean de Reské (superstar de l’époque), Albert Alvarez défend Le Cid au Metropolitan Opera (on peut l’entendre ici piraté sur le vif en 1902) (ne vous fiez pas au patronyme hispanisant : il était né Albert-Raymond Gourron et était bordelais contrairement à Albert Lance, au nom bien français, qui était australien). Charles Dalmorès est, avant la première guerre mondiale, le ténor le plus payé au Met après Caruso (il meurt à Hollywood !). Ernest Van Dyck, dont l’histoire a retenu qu’il avait été le créateur de Werther, est régulièrement invité à Bayreuth. Charles Rousselière a une belle carrière internationale (Italie, Espagne, Portugal, Belgique, Amériques du Nord et du Sud). Paul Franz chante le répertoire français au Covent Garden mais c’est aussi un autre grand wagnérien, de même que l’inoxydable René Verdière, Paul Dangely est un remarquable défenseur du répertoire français. Pierre Cornubert connait lui aussi  une brillante carrière internationale. Le marseillais Marius Gilion fait essentiellement carrière en Italie avant de revenir dans le sud de la France. Pour Léon Escalaïs, Le trouvère est une telle promenade de santé que, lors d’une tournée aux Etats Unis, il en donne 7 fois la cabalette : 2 fois en français (« Supplice infâme »), 2 fois en italien (« Di quella pira »), 2 fois en anglais (« As From That Dread Pyre »), 1 dernière fois en français. A l’occasion de l’inauguration de l’Opéra d’Oran, il avait donné 7 fois « Supplice infâme ». Agustarello Affre est surnommé le Tamagno français (lequel Tamagno étant le créateur de l’Otello de Verdi alors qu’il chantait également Arnold : parlez-moi des typologies vocales !). César Vezzani est sans doute l’un des plus grands ténor de tous les temps. La première guerre mondiale ruine hélas sa carrière internationale (il devait faire des débuts à Chicago) : il restera cantonné presque exclusivement à la province, victime de la jalousie parisienne puis de la maladie. Paul Finel ne chante guère lui non plus hors des frontières, comme Valentin Jaume, Georges Imbart de la Tour. Plus près de nous, Gustave Botiaux électrise la Salle Favart dans Cavalleria rusticana tandis que Tony Poncet (d’origine espagnole) rivalise d’intensité dans le Pagliacci qui lui succédait. Georges Thill est un peu inclassable en raison de l’étendue de son répertoire. José Luccioni est loué par rien moins que Giacomo Lauri-Volpi qui déclara à la fin des années 70 : « Le ténor Corse n’avait pas seulement été le dernier grand Otello français, mais un Maure de loin supérieur à ces ténors italiens qui ont voulu s’attaquer au rôle ces dernières années ». Puis le filon semble se tarir : parmi les chanteurs ayant eu une envergure internationale, on citera Guy Chauvet, ou encore Gilbert Py (qui changea son nom en Max Eggert en fin de carrière avant de reprendre finalement son patronyme original : le public français de l’époque avait développé une allergie inexplicable envers les chanteurs nationaux). Ensuite, c’est un peu le désert et, à part Roberto Alagna dont le répertoire a évolué d’Alfredo à Otello (sans qu’il ne renonce jamais complètement à ses premiers rôles), il n’y a pas grand monde.

Il fallait que ça cesse !!! Depuis quelques années, alors qu’on nous explique que l’opéra n’intéresse pas les jeunes, et tandis que bien des municipalités coupent les budgets du lyrique au profit de la culture à la mode du jour, une nouvelle génération de ténors français talentueux semble naitre (comme disait Laetitia Bonaparte à popos des succès de son rejeton : « Pourvou qu’ça doure ! »). Au sein de celle-ci, Kévin Amiel, natif de Toulouse, incarne à merveille ce nouvel élan. Pour ceux qui n’auraient pas encore eu l’occasion de découvrir ce chanteur sur scène, cet enregistrement en offre un portait assez fidèle du jeune ténor, lauréat de plusieurs concours (Voix Nouvelles 2018, Vienne 2019, Opéra de Marseille, Marmande, Béziers…), très tôt distingué par l’ADAMI et l’AROP et qui aura bénéficié du soutien de la Fondation Luc Walter. Initialement programmé avant le COVID et finalement enregistré l’année passée, ce disque se voulait à l’origine un hommage à Luciano Pavarotti (« en toute humilité ! » comme il le précisait lorsque Forumopera.com l’avait rencontré). Si les deux timbres des deux artistes n’ont pas grand chose en commun (à l’inverse de celui de Pene Pati), les influences sont évidentes. On sent chez Kévin Amiel cette recherche du beau son, de la luminosité, du soleil, qu’on associe souvent à l’italianité. La voix est bien conduite, avec une largeur certaine, homogène sur l’ensemble de la tessiture et très à l’aise dans l’aigu. On retrouve aussi les limites du tenorissimo avec son phrasé parfois un peu mécanique. Chez Donizetti et dans le jeune Verdi, il manque quelques variations de couleurs, un legato plus imaginatif, un brin de rubato  : l’écoute d’Alfredo Kraus et de Carlo Bergonzi dans ces répertoires serait sans doute profitable. Comme chez Pavarotti, les Puccini sont remarquables et, à l’écoute de l’extrait de Gianni Schicchi, on se dit qu’on va parfois chercher bien loin des chanteurs insuffisants quand on en a d’excellents sous la main. Le chanteur toulousain offre un aigu spectaculaire et généreux (long contre-ut à la fin de la cabalette d’Alfredo dans La Traviata, cadence à l’ut dièse dans la scène d’Edgardo de Lucia di Lammermoor). Surtout, les suraigus de cet enregistrement ne sont pas des artifices de studio puisque l’artiste les reproduit sans effort apparent à la scène (deux contre-ut ajoutés dans l’acte II de Carmen par exemple). Contrairement à Luciano, Kévin Amiel maîtrise excellemment le registre mixte, et sait en user à bon escient avec musicalité, ce qui lui permet de renouveler une page ultra rebattue comme « Una furtiva lagrima » de L’Elisir d’amore. Dans l’opéra français, on retrouve par ailleurs le naturel et la diction parfaite d’un Roberto Alagna. Le Roméo et Juliette, parfaitement phrasé, est conclu par un beau si bémol. En revanche, bien que l’air soit joliment exécuté, on sent que la voix est déjà un peu trop lourde pour le rôle de Gérald dans Lakmé, voire pour le Vincent de Mireille. On préfèrera ici la poésie délicate d’un Alain Vanzo. Le Macbeth est en revanche parfait, en phase avec le répertoire naturel du chanteur. Le disque se termine un peu à la manière d’un récital public, avec une Danza rossinienne pleine d’allant et d’humour suivi d’un sympathique « Core ‘ngrato » et enfin un « Je t’ai donné mon coeur » qui semble un peu incongru. Frédéric Chaslin dirige avec expérience l’Orchestra sinfonica G. Rossini sans vraiment apporter de frisson supplémentaire. À quelques réserves près, cet enregistrement est une belle carte de visite pour le jeune chanteur, et on ne peut qu’engager le lecteur d’aller vite le découvrir sur scène.

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Kévin Amiel Backstage recto

Note ForumOpera.com

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❤️❤️❤️❤️🤍 : Supérieur aux attentes
❤️❤️❤️🤍🤍 : Conforme aux attentes
❤️❤️🤍🤍🤍 : Inférieur aux attentes
❤️🤍🤍🤍🤍 : À oublier

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Giuseppe Verdi (1813–1901)
La Traviata
« Lunge da lei… De’ miei bollenti spiriti… O mio rimorso »
Rigoletto
« Ella mi fu rapita!… Parmi veder le lagrime »
Gaetano Donizetti (1797–1848)
Lucia di Lammermoor
« Tombe degli avi miei… Fra poco a me ricovero »
Giuseppe Verdi (1813–1901)
Macbeth
« O figli miei!… Ah, la paterna mano »
Rigoletto
« La donna è mobile »
Giacomo Puccini (1858–1924)
Gianni Schicchi
« Avete torto!… Fire,ze è come un albero fiorito »
Gaetano Donizetti (1797–1848)
Il duca d’Alba
« Inosservato, penetrava in questo… Angelo casto e bel »
Charles Gounod (1818–1893)
Roméo et Juliette
« L’amour… Ah ! Lève-toi, soleil ! »
Giacomo Puccini (1858–1924)
La bohème
« Che gelida manina! »
Léo Delibes (1836-1891)
Lakmé
« Lakmé ! Lakmé ! Lakmé ! Ah ! viens dans la forêt profonde »
Jules Massenet (1842-1912)
Werther
« Toute mon âme est là !… Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps ? »
Charles Gounod (1818–1893)
Mireille
« Mon cœur est plein d’un noir souci… Anges du paradis »
Gaetano Donizetti (1797–1848)
L’Elisir d’amore
« Una furtiva lagrima »
Gioachino Rossini (1792-1868)
La danza
Salvatore Cardillo (1874-1947)
« Core ‘ngrato »
Franz Lehár (1870-1948)
Le pays du sourire (version française de Das Land des Lächelns)
« Je t’ai donné mon coeur » (version française de « Dein ist mein ganzes Herz »)

Kévin Amiel, ténor
Orchestra sinfonica G. Rossini
Direction musicale
Frédéric Chaslin

1 CD Aparté AP358
Durée : 68′
Enregistré à Fano, Teatro de la Fortuna, en juin 2024.
Parution : 23 mai 2025

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