Nul besoin de l’imminence d’une production pour justifier une nouvelle édition de l’Avant-Scène Opéra sur La Flûte Enchantée. L’actualité du Singspiel de Mozart est permanente. Pas une saison sans que le titre n’occupe généreusement l’affiche – dans plus de trente théâtres différents en 2021-22.
Ce nouveau numéro diffère essentiellement du précédent (publié en février 2006) par l’actualisation de sa mise en page. Illustrations en couleur, tranche blanche sont désormais le costume d’usage d’une revue dont le premier numéro, en 1976 , se consacrait déjà à La Flûte enchantée.
Depuis 2006, le tableau discographique s’est enrichi de deux versions – Jacobs (Harmonia Mundi, 2009) et Nézet-Seguin (DG, 2018) – sans que l’analyse de Christian Merlin, qui s’interrompt curieusement en 1995, n’ait été révisée.
S’ajoute en revanche une vidéographie qui faisait jusqu’alors cruellement défaut. Ce ne sont pas moins de trente captations vidéo et films recensés par Louis Bilodeau, de 1964 (Kertész, Salzbourg) à 2020 (Niquet, Versailles). Ses conclusions sont plurielles mais Bergman, commenté auparavant par Jean-Michel Brèque, en fait évidemment partie.
L’œuvre n’a jamais vraiment quitté à l’affiche, on l’a dit. Un volume ne suffirait pas à la recension des différentes productions depuis sa création en 1791 au Freitaustheater auf der Wien. Limité par le nombre de pages, Jules Cavalié s’en tient à une sélection significative de 2000 à 2022. Bon à savoir : les listes des éditions précédentes (n°1, 101 et 196) sont téléchargeables gratuitement au format PDF sur le site de l’Avant-Scène.
Enfin Alain Perroux a élargi au 21e siècle son regard sur les différentes interprétations scéniques du chef-d’œuvre de Mozart avec, inévitablement les questions que posent un livret peu avare de considérations racistes (en relation avec le personnage de Monostatos) et de plaisanteries misogynes. Aux armes, fantassins de la cancel culture !
Pour le reste, le contenu est inchangé, qu’il s’agisse du guide d’écoute par Harry Halbreich, des interrogations d’Alain Patrick Olivier sur le rôle du librettiste et des interprètes dans la composition de l’œuvre, ou du portait de ses créateurs par Pierre Michot.
D’où, en conclusion, un numéro davantage destiné aux nouveaux lecteurs qu’aux anciens, sauf à appartenir à la tribu – nombreuse – des collectionneurs de la revue. Prochain opéra au scanner de « l’ASO », comme disent les initiés : Armide de Gluck.