Forum Opéra

LULLY, Alceste

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
2 mai 2025
Un tragique hyperbolique

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Tragédie lyrique en cinq actes
Musique de Jean-Baptiste Lully
Livret de Philippe Quinault 

Création au théâtre du Palais-Royal en janvier 1674

Détails

Alceste
Véronique Gens

Admète
Cyril Auvity

Alcide
Nathan Berg

Céphise, La Nymphe des Tuileries
Camille Poul

Lycomède, Charon, Un Homme désolé
Guilhem Worms

Proserpine, Diane, Thétis, La Nymphe de la Marne
Juliette Mey

Lycas, Phérès, Alecton, Apollon
Léo Vermot-Desroches

La Gloire, Une Femme affligée
Claire Lefilliâtre

Une Nymphe, Une Ombre, La Nymphe de la Seine
Cécile Achille

Cléante, Straton, Pluton, Éole
Geoffroy Buffière

 

Chœur de l’Opéra Royal

Les Épopées

Direction musicale
Stéphane Fuget

 

3 CD Château de Versailles Spectacles (CVS 149)
Durée : 179’33
Enregistré du 26 au 29 janvier 2024 au Château de Versailles

Si Alceste n’est que leur deuxième aventure dans ce nouveau genre qu’est la tragédie lyrique, le duo Lully/Quinault en propose déjà une forme d’aboutissement paradigmatique. Contrairement à Cadmus et Hermione qui relevait davantage de la pièce mythologique à machine, Alceste est sans conteste une tragédie. La musique, le livret, la danse et le chœur – tout converge vers le modèle antique. Mais la pièce se démarque toutefois singulièrement de la tragédie classique, version Racine ou Corneille, par son étonnant mélange des registres, notamment comique, qui emprunte à l’opéra italien et qui n’aura pas de postérité particulière.

Stéphane Fuget et son ensemble Les Epopées s’emparent à pleine main de la pluralité des tons et ce de manière hyperbolique, procurant l’émotion immédiate et continue de l’auditeur. Le chef insuffle une énergie permanente à l’opus, sans sacrifier ni aux nuances ni à la précision, aboutissant à un rendu aussi équilibré qu’expressif. Le travail du continuo est fin, élégant, subtil. La capacité de Stéphane Fuget à ménager dynamisme et respiration est épatante et contribue directement à la beauté de cet enregistrement. Tous les choix de tempo sont travaillés et judicieux et les inflexions de registres coexistent avec une homogénéité étonnante : le comique, le tragique, le martial, le champêtre – le tout s’assemble dans un tableau entièrement maîtrisé. « Ô dieux, quel spectacle funeste » étire le temps comme jamais pour faire naître le sentiment du tragique, « Alceste est morte » impose une gravité bouleversante tandis que le duo entre Alceste et Admète dans « Pour une si belle victoire » est proprement déchirant, par un jeu raffiné de volume, de tempo et de crescendo.

Le plateau vocal réuni autour du chef est d’excellente facture. Sans surprise, Véronique Gens est une Alceste majestueuse. La grâce, l’intelligence de l’émission, la finesse des aigus, très souvent pianissimi, lui permettent d’incarner l’héroïne tragique par excellence, traversée non seulement par la tristesse, mais également l’impuissance, le sens du sacrifice, le désespoir, le regret, l’abnégation…La richesse de l’interprétation constitue une des forces indéniables de cet enregistrement. Cyril Auvity déploie toute la vaillance escomptée du héros : la douceur des aigus, le phrasé résolument funeste et la beauté du timbre en font un Admète idéal. Le ténor est poignant lorsqu’il se borne à simplement chuchoter « Alceste est morte ». Nathan Berg prête une voix sombre et enveloppante, aux accents parfois caverneux, au personnage d’Alcide. Il restitue toute la complexité du personnage qui, dans le schéma narratif, joue le rôle de l’antagoniste, mais sans aucune méchanceté.

En Céphise, comme en nymphe des tuileries, Camille Poul offre un timbre brillant et lumineux, aux accents aussi percutants dans le registre tragique que dans le registre comique. La basse veloutée de Geoffroy Buffière le sert autant en Cléante qu’en Straton, tandis que Guilhem Worms est un Lycomède royal à la voix chaude et solennelle. Léo Vermot-Desroches fait montre d’une superbe technique baroque, tout en noblesse et en élégance. Les nymphes de Cécile Achille sont aériennes : « Le héros que j’attends » ouvre l’opéra sur une note expressive qui donne le ton pour toute la suite. Juliette Mey et Claire Lefilliâtre se distinguent par un phrasé cristallin qui flatte particulièrement l’oreille. Le chœur de l’Opéra Royal convainc dans tous les tons, grâce à une technique et une diction sans faille. Le lamento du chœur durant « Alceste est morte » est assurément l’un des sommets de cet enregistrement qui s’impose, avec évidence, aux côtés de la version de Christophe Rousset, comme une nouvelle référence.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
Alceste

Note ForumOpera.com

4

❤️❤️❤️❤️❤️ : Exceptionnel
❤️❤️❤️❤️🤍 : Supérieur aux attentes
❤️❤️❤️🤍🤍 : Conforme aux attentes
❤️❤️🤍🤍🤍 : Inférieur aux attentes
❤️🤍🤍🤍🤍 : À oublier

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Tragédie lyrique en cinq actes
Musique de Jean-Baptiste Lully
Livret de Philippe Quinault 

Création au théâtre du Palais-Royal en janvier 1674

Détails

Alceste
Véronique Gens

Admète
Cyril Auvity

Alcide
Nathan Berg

Céphise, La Nymphe des Tuileries
Camille Poul

Lycomède, Charon, Un Homme désolé
Guilhem Worms

Proserpine, Diane, Thétis, La Nymphe de la Marne
Juliette Mey

Lycas, Phérès, Alecton, Apollon
Léo Vermot-Desroches

La Gloire, Une Femme affligée
Claire Lefilliâtre

Une Nymphe, Une Ombre, La Nymphe de la Seine
Cécile Achille

Cléante, Straton, Pluton, Éole
Geoffroy Buffière

 

Chœur de l’Opéra Royal

Les Épopées

Direction musicale
Stéphane Fuget

 

3 CD Château de Versailles Spectacles (CVS 149)
Durée : 179’33
Enregistré du 26 au 29 janvier 2024 au Château de Versailles

Vous pourriez être intéressé par :

Le Roi d’Ys couronné
Kate ALDRICH, Cyrille DUBOIS, Judith VAN WANROIJ
CD