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DFD 100 – Dietrich Fischer-Dieskau et le répertoire français

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Actualité
28 mai 2025
Une relation en demi-teinte

Infos sur l’œuvre

Détails

Un survol du coffret édité par Warner Classics à l’occasion du centenaire de sa mort pose le sujet : Beethoven, Brahms, Schubert, Wolf, Schumann, Strauss, Berg, entre autres musiciens germaniques, et un seul compositeur français : Fauré. « J’adore la mélodie française, je l’ai chantée avec beaucoup de plaisir. » confiait pourtant au Monde celui que pour plus de commodité de lecture nous désignerons par ses initiales : DFD – en dépit de notre peu de goût pour les acronymes. 

L’opéra, une épreuve de style

La mélodie, admettons. Mais l’opéra ? Il y eut sur scène quelques rôles : Saint-François d’Assise, Méphistophélès dans La Damnation de Faust, les quatre Diables des Contes d’Hoffmann, Golaud dans Pelléas et Mélisande. Ce dernier seul émerge de la discographie, pléthorique en allemand, famélique en français. Bien que soignée, la prononciation conserve une coloration germanique qui tranche avec la fluidité naturelle du baryton hexagonal. Exemplaires, l’engagement et la compréhension du texte compensent cette relative rigidité phonétique. Tout comme l’expression, très – trop – appuyée, veut contrebalancer l’absence d’arête et de métal. L’écoute de quelques grands airs enregistrés au début des années 1960 – « Toréador, prends garde » (Carmen), « L’orage s’est calmé… » (Les Pêcheurs de perles) … – appelle les mêmes remarques. La puissance de la voix, la projection dramatique tranchent avec l’idéal français d’un chant plus clair et nuancé.

La mélodie sous contrôle

Et la mélodie ? L’importance primordiale que DFD accordait au texte régit son interprétation d’un répertoire dont on connaît la subtilité – et la fragilité. Même dans une langue qui n’était pas la sienne, s’imposent l’effort de diction et la volonté manifeste de rendre le sens et la structure poétique de chaque vers. Certains « e » muets, nasales ou liaisons ne sont pas toujours idiomatiques, mais aucun mot n’est laissé au hasard. Chaque nuance, phrasé, accent sont pensés avec une précision d’orfèvre. Cela donne des lectures méticuleuses, souvent intellectuellement brillantes, qu’il faut avoir expérimentées pour découvrir une autre manière d’appréhender ce répertoire, là encore au détriment de la fluidité et du naturel, loin de la transparence et l’élégance aérienne privilégiées par la tradition française, en particulier dans Debussy et Ravel.

Ni référence, ni trahison

Que retenir finalement de la rencontre entre DFD et la musique française ? L’art et la manière dont le baryton a su adapter son propre langage musical à un répertoire qui ne lui était pas consubstantiel. Son legs discographique en la matière ne se pose pas en référence mais témoigne de l’intelligence de l’artiste, si tant est qu’il fût possible en douter.

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