Alors que la saison lyrique 2024-25 s’achève, l’heure est venue de faire un bilan et de vous partager ce qui a le plus touché les membres de la rédaction de Forum Opéra. Fidèles à notre curiosité, nos rédacteurs ont arpenté les scènes de France, d’Europe et d’ailleurs tout au long de cette saison pour témoigner de la vitalité de l’art lyrique aujourd’hui. Que reste-t-il de tous ces spectacles ? Des souvenirs frémissants, des émotions puissantes, des joies indélébiles – en un mot, des coups de cœur, que nous aimerions partager avec nos lecteurs. Il ne s’agit pas ici d’établir un bilan objectif de cette saison 2024-25, mais de tracer un tableau sensible des moments d’émotion qui ont marqué chacun d’entre nous.
Nos productions préférées – ou l’accord parfait
Rares sont les spectacles qui réunissent toutes les qualités (mise en scène, direction orchestrale, interprétation scénique et vocale)… Quand une telle harmonie se produit, on s’en souvient durablement. Trois productions enthousiasmantes sur tous les plans ont marqué nos rédacteurs cette année :
Ont également été cités : Madama Butterfly au Festival d'Aix-en-Provence, les trois Manon (Lescaut) à Turin, Animal Farm à Helsinki, Sweeney Todd à Strasbourg, Les Mamelles de Tirésias à Avignon, Hamlet à Turin, The Time of our Singing à La Monnaie, Madama Butterfly à Baden-Baden.
Nos mises en scènes préférées
On compte quelques reprises parmi les mises en scène coup de coeur de nos rédacteurs, témoignant de la qualité inaltérable de certaines propositions scéniques : c’est le cas des Dialogues des Carmélites d’Olivier Py (TCE), de la Carmen de Dmitri Tcherniakov (La Monnaie), du Freischütz de Christian Marthaler (Opéra d’Anvers) et du Domino noir de Christian Hecq et Valérie Lesort (Opéra-Comique). Cette dernière est également citée pour une nouvelle production à l’Athénée, son travail sur Les Contes de Perrault relus par Fourdrain. Quelques autres metteuses en scène ont marqué nos rédacteurs : Tiphaine Raffier pour ses Dialogues des Carmélites à Rouen, Liis Kolle pour son Orphée aux Enfers à Tallinn, ou bien encore Silvia Paoli pour sa Traviata à Angers, Rennes et Tours. On note la présence conjointe de propositions radicales, comme le Didon et Énée de Franck Chartier à Genève ou de mises en scène plus « classiques », comme le Fliegende Holländer de Michel Fau à Toulouse. Deux mises en scènes, toutes les deux présentées au Palais Garnier, ont été citées plusieurs fois et semblent donc avoir séduit une plus grande part de la rédaction de Forum Opéra :
Nos interprétations préférées
Le frottement d’un artiste à un rôle fait parfois naître des étincelles. Deux interprètes ont particulièrement touché nos rédacteurs durant cette saison, dans des rôles qui semblaient taillés pour eux :
- Asmik Grigorian en Lauretta, Giorgetta et – peut-être plus encore – en Suor Angelica (notons qu’elle s’est aussi révélée être la chouchoute des musiciens de l’Orchestre de l’Opéra de Paris)
- Benjamin Bernheim en Werther
On mentionnera également quelques prises de rôle marquantes ou interprétations abouties, côté dames : Véronique Gens en Elle (La Voix humaine), Marina Rebeka en Élisabeth de Valois, Vannina Santoni en Marguerite, Éléonore Pancrazi en Carmen, Nadine Sierra en Amina, Eleonora Buratto en Cio-Cio San, Ana Maria Labin en Alcina, Federica Lombardi en Comtesse Almaviva, Eve-Maud Hubeaux en Carmen et Natalie Dessay en Mrs. Nellie Lovett (Sweeney Todd)
et côté messieurs : Marcel Beekman en Falsacappa, Damien Pass en Papageno, Marc Mauillon en Pollux, Jérôme Boutillier en Méphistophélès, Clay Hilley en Tristan, SeokJong Baek en Calaf, Jonathan Tetelman en Pinkerton, Thomas Blondelle en Siegfried et Levy Sekgapane en Jonah (The Time of our Singing).
Enfin, nous aimerions mettre en valeur certaines « révélations lyriques », soit des interprètes dans lesquels nous plaçons beaucoup d’espoir ou qui se sont révélés à nous cette année dans un rôle en particulier :
- Darija Auguštan en Violetta
- Elsa Benoit en Pamina
- Romain Dayez en Olibrius (Les Contes de Perrault)
- Julien Dran en Faust
- Laurence Kilsby dans Castor et Pollux
- Giorgi Manoshvili en Assur
- Neima Naouri en Louise (Gipsy)
- Rocio Perez en Adina
- Martina Russomanno en Violetta
Nos chefs d’orchestre préférés
Parce qu’une direction orchestrale inspirée peut métamorphoser une représentation, voici quelques chefs d’orchestre qui nous ont éblouit cette année. Dans le répertoire baroque d’abord, quelques chefs se distinguent : Lars Ulrik Mortensen dans Griselda (Copenhague), Christophe Rousset dans Orlando (Châtelet), Stéphane Fuget dans La morte d’Orfeo (Versailles), Raphaël Pichon dans Samson (Aix et Opéra-Comique) et Teodor Currentzis dans Castor et Pollux (Palais Garnier).
Côté wagnériens, on mentionnera Frank Beermann dans Der fliegende Holländer (Toulouse), Thomas Guggeis pour le premier acte de Die Walküre (Philharmonie de Paris) et Alain Altinoglu pour les deux dernières journées du Ring (La Monnaie).
Enfin, dans le grand répertoire français et italien, on retiendra Joanna Mallwitz pour ses Nozze di Figaro (Met), Louis Langrée pour son Faust, Roderick Cox pour sa Forza del destino (Montpellier) et deux chefs différents dans Madama Butterfly : Paolo Bortolameolli à Barcelone et Kirill Petrenko à Baden-Baden. Mention spéciale à Larry Blank pour un récital de comédies musicales inspiré, à Toulon.