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CHERUBINI, Medea — New York

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Spectacle
24 octobre 2022
En direct de New-York : une Médée spectaculaire

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes de Luigi Cherubini

Livret de François Benoît Hoffmann d’après Euripide

Création de la version italienne avec récitatifs chantés à Milan en 1909

Création de la version française à Paris au Théâtre Feydeau, le 13 mars 1797

Détails

Mise en scène et décors

David McVicar

Costumes

Doey Lüthi

Lumières

Paul Constable

Réalisation pour la transmission HD

Gary Halvorson

Medea

Sondra Radvanovsky

Giasone

Matthew Polenzani

Neris

Ekaterina Gubanova

Glauce

Janai Brugger

Creonte

Michele Pertusi

Chœur et Orchestre du Metropolitan Opera

Direction musicale

Carlo Rizzi

Samedi 22 octobre 2022 à 19h (heure française)

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le chef-d’œuvre de Cherubini n’avait jamais été représenté sur la scène du Metropolitan Opera. C’est désormais chose faite avec la nouvelle production de David Mc Vicar qui a ouvert la saison du théâtre en septembre dernier et par la même occasion, celle des retransmissions dans les cinémas ce 22 octobre. Depuis ses débuts in loco en 2009 c’est la douzième production pour le Met du metteur en scène écossais, qui a également signé les décors, et sans doute l’une de ses plus spectaculaires. Le rideau se lève sur la porte monumentale du palais de Créon qui occupe presque toute la largeur du plateau. Constituée de deux panneaux coulissants en bronze patiné, elle s’ouvre sur une grande salle à l’intérieur de l’édifice dont le fond est occupé par un gigantesque miroir incliné dans lequel se reflètent les personnages.


Medea © Marty Sohl / Metropolitan Opera

L’action est située à l’époque de la création comme en témoignent les superbes costumes de Doey Lüthi, notamment les robes de Glauce et de ses suivantes. Vêtue de noir, les cheveux en désordre, Médée erre devant le palais tel un fauve en cage qui rumine sa vengeance. Au troisième acte, les panneaux s’ouvrent sur un temple, dans le miroir, le reflet de Médée allongée sur le sol, les bras ouverts, semble flotter dans l’air. Durant le chœur final, la magicienne, qui a disposé les corps ensanglantés de ses enfants au centre du plateau, s’allonge à leurs côtés tandis que des flammes gigantesques entourent leur reflet et sèment la terreur parmi la foule. L’effet est saisissant. La direction d’acteurs, sobre, est d’une grande lisibilité. Le travail sur le personnage de Médée est particulièrement soigné. Signalons également les prises de vue de Gary Halvorson dont les gros plans et les cadrages sont tout à fait pertinents.


Medea © Marty Sohl / Metropolitan Opera

Accueillie au salut final par une immense ovation debout, Sondra Radvanovsky a offert une incarnation hallucinante de la magicienne. Dès son entrée sur le plateau, Médée ne quitte plus la scène, le rôle est exigeant et demande une endurance et une santé vocales qui ne font pas défaut à la cantatrice dont à aucun moment la voix ample et solide ne trahit la moindre trace de fatigue. Tout au long de la soirée, on demeure pantois devant l’exceptionnelle caractérisation du personnage. La soprano canadienne exprime avec un égal bonheur la colère, le désespoir ou la soumission feinte grâce à une riche palette de couleurs, et une dynamique qui lui permet d’alterner d’impressionnants fortissimos avec d’impalpables sons filés, et de proférer ses menaces et ses imprécations avec dans les graves, des accents d’une raucité saisissante. Théâtralement, son jeu est tout aussi ébouriffant. A partir de « Ebben, io son Medea », son implication dramatique va crescendo jusqu’à la fin de l’ouvrage, laissant le spectateur abasourdi *. Avec cette prise de rôle, Sondra Radvanovsky parvient à s’approcher des sommets où seule trônait jusqu’ici Maria Callas.

A ses côté Matthew Polenzani ne démérite pas. Le ténor qui a participé à quatre cents représentations au Met, dans quarante et un rôles différents, est toujours au sommet de ses moyens qui semblent inaltérables. La voix est saine sur toute la tessiture, le timbre est clair, l’aigu aisé et l’interprétation tout à fait convaincante. Sans doute stimulé par sa partenaire, Polenzani sort de sa réserve et s’investit pleinement dans son rôle en dévoilant des dons d’acteurs qu’on ne lui a pas toujours connus. La ligne de chant est élégante et le style irréprochable. Ekaterina Gubanova campe une Neris de luxe. Le timbre est délicatement cuivré, la voix ample, bien conduite et son air « Solo un pianto con te versar », chargé d’émotion, est acclamé par le public. Janai Brugger possède un medium corsé et un aigu lumineux qui font merveille dans ses interventions notamment son air « O amor vieni a me » interprété avec pudeur et délicatesse. Enfin Michele Pertusi trouve en Créon un rôle adapté à ses moyens actuels. Dans ses affrontements avec Médée il fait preuve d’une belle autorité, tout à fait en situation.

Au pupitre, Carlo Rizzi propose une direction rigoureuse et précise qui respecte le juste équilibre entre classicisme et préromantisme tout en veillant à ne pas couvrir ses interprètes.

L’ouvrage est donné dans la version italienne avec récitatifs chantés, créée à la Scala en 1909, qui est la plus couramment jouée depuis.

Le samedi 5 novembre prochain, le Metropolitan Opera retransmettra dans les cinémas du réseau Pathé Live, La Traviata avec dans le rôle-Titre, Nadine Sierra.

 

* (Et dire qu’à Paris, dans Aïda, on a dissimulé cette belle tragédienne derrière une marionnette laide et ridicule).

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Opéra en trois actes de Luigi Cherubini

Livret de François Benoît Hoffmann d’après Euripide

Création de la version italienne avec récitatifs chantés à Milan en 1909

Création de la version française à Paris au Théâtre Feydeau, le 13 mars 1797

Détails

Mise en scène et décors

David McVicar

Costumes

Doey Lüthi

Lumières

Paul Constable

Réalisation pour la transmission HD

Gary Halvorson

Medea

Sondra Radvanovsky

Giasone

Matthew Polenzani

Neris

Ekaterina Gubanova

Glauce

Janai Brugger

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