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BEETHOVEN, Missa Solemnis – Paris (Philharmonie)

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Spectacle
27 avril 2024
Sommet absolu

Note ForumOpera.com

5

Infos sur l’œuvre

Ludwig van Beethoven

Missa Solemnis en ré majeur op. 123

créée le 7 avril 1824 à Saint-Pétersbourg

Détails

Chen Reiss, soprano

Varduhi Abrahamyan, mezzo-soprano

Daniel Behle, ténor

Tareq Nazmi, basse

 

Audi Jugendchorakademie

Direction des Chœurs

Martin Steidler

 

Le Cercle de l’Harmonie

 

Direction musicale

Jérémie Rhorer

 

Philharmonie de Paris, mardi 23 avril 2024 à 20 h 00

Comment dire son émerveillement sans avoir recours à des formules galvaudées, à des expressions mille fois utilisées ? Comme chacun sait, la Missa Solemnis de Beethoven, créée il y a tout juste deux siècles, est « l’Everest de la musique sacrée » – pour le chef d’orchestre et les interprètes, musiciens et chanteurs. L’auditeur, quant à lui, assiste à l’ascension depuis son fauteuil. Mais voilà qu’il est ce soir sollicité du début à la fin du concert par la ferveur et l’élévation de l’interprétation qui en est donnée par Jérémie Rhorer à la tête du Cercle de l’Harmonie et d’un ensemble de chanteurs de premier plan.

On en sort bouleversé, non pas épuisé mais grandi par une expérience unique. Du chef, saluons l’intense concentration et la capacité à allier une éclatante énergie avec un profond recueillement. La précision de la battue, la subtilité des nuances, la mise en valeur des contrastes sont source de plaisir esthétique autant que d’émotion véritable, répondant ainsi à la volonté de Beethoven, notant en exergue du Kyrie : « Venu du cœur – Puisse-t-il retourner – au cœur ! ». Magnifiées par l’acoustique exceptionnelle de la grande salle de la Philharmonie de Paris, les voix entrent et progressent de manière inhabituellement harmonieuse et comme évidente dans ce premier mouvement, qui pourtant paraît si difficultueux dans bien d’autres interprétations. Ici, instruments et voix se fondent, tandis que tout au long de l’œuvre la fusion entre les voix elles-mêmes semble aller de soi.

Les quatre chanteurs solistes, placés derrière l’orchestre, immédiatement devant le chœur, se complètent admirablement : au soprano clair et incisif de Chen Reiss, ménageant aussi de beaux effets dans les tenues de notes, répond le mezzo chaleureux et enveloppant de Varduhi Abrahayan ; la précision et l’articulation impeccable du ténor allemand Daniel Behle lui permettent de s’allier aux voix féminines mais aussi de s’en démarquer, tandis que l’ample voix de la basse koweïtienne Tareq Nazmi apporte un souffle et une sonorité d’une rare intensité. L’alternance et la correspondance entre individu et collectivité, notions beethovéniennes, sont ainsi manifestes dans leur dynamique. Révélation de la soirée, la Audi Jugendchorakademie, chœur de jeunes Allemands fondé en 2007 par le groupe automobile Audi, chante de manière remarquable, précise et homogène, avec un sens époustouflant du verbe, dans la diction, l’expressivité et la projection. Véritable élixir de jouvence, cet ensemble est invité pour la première fois en France par Jérémie Rhorer. (Présent au festival d’Aix-en-Provence le 6 avril dernier, il se produira à nouveau avec le Cercle de l’Harmonie à Ingolstadt le 22 juin.)

La palette des nuances à l’orchestre est d’une richesse inouïe : la houle des cordes, les envolées des bois, les trilles de la flûte (dans l’Incarnatus), la douceur des bassons et des cuivres (trombones et cors sont particulièrement mis en valeur), et bien sûr tout l’art du timbalier… il faudrait pouvoir dire un mot de chacun de ces instrumentistes du Cercle de l’Harmonie, tous excellents, illustrant là encore cette dialectique de l’individu et du collectif, si fondamentale dans l’exécution d’une telle œuvre.

Les moments les plus percutants de la partition délivrent assurément le sentiment de la joie si cher aux yeux de Beethoven, que ce soit dans le Gloria ou le Credo, impressionnants de puissance, ou dans les rythmes très marqués du Quoniam, et bien sûr dans l’énergie communicative de la fin de l’Agnus Dei. Mais, quelque brillants et proprement enthousiasmants que soient ces passages, on ne peut se départir, à l’écoute de l’interprétation donnée ce soir, du sentiment que l’essentiel est dans les moments de recueillement auxquels cette jubilation et ces ébranlements nous préparent : le changement de ton du Et incarnatus est, les modifications de sonorité dans la fugue (Et vitam venturi saeculi), surtout la méditation du Sanctus et celle du miserere.

Une grande, très grande interprétation, qui rend manifestes cette articulation entre classicisme et romantisme, mais aussi ce lien entre lyrisme, narration et sens dramatique – comme à l’opéra en quelque sorte – et qui communique de manière universelle émotion et ferveur.

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Ludwig van Beethoven

Missa Solemnis en ré majeur op. 123

créée le 7 avril 1824 à Saint-Pétersbourg

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Chen Reiss, soprano

Varduhi Abrahamyan, mezzo-soprano

Daniel Behle, ténor

Tareq Nazmi, basse

 

Audi Jugendchorakademie

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Philharmonie de Paris, mardi 23 avril 2024 à 20 h 00

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