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BERG, Wozzeck – Anvers

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Spectacle
10 juin 2025
Wozzeck à l’épreuve de lui-même

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes
Musique d’Alban Berg
Livret d’Alban Berg, inspiré de Woyzeck de Georg Büchner
Création au Staatsoper de Berlin le 14 décembre 1925

Détails

Mise en scène
Johan Simons

Scénographie
Sammy Van den Heuvel

Costumes
Greta Goiris
Flóra Kruppa

Lumières
Friedrich Rom

Dramaturgie
Maarten Boussery
Koen Tachelet

 

Wozzeck
Robin Adams

Marie
Magdalena Anna Hofmann

Le Capitaine
James Kryshak

Le Docteur
Martin Winkler

Le Tambour-major
Samuel Sakker

Andres
Hugo Kampschreuer

Margret
Lotte Verstaen

Deux ouvriers
Reuben Mbonambi
Tobias Lusser

L’Idiot
Jóhann Freyr Odinsson

Orchestre symphonique d’Opera Ballet Vlaanderen

Chœur d’Opera Ballet Vlaanderen

Chœur d’enfants d’Opera Ballet Vlaanderen

Chefs de chœur
Jan Schweiger
Hendrik Derolez

Direction musicale
Alejo Pérez

Opéra d’Anvers, samedi 7 juin 2025, 20h

Au cœur de Wozzeck, il y a la question de la folie. Et pour cause : Büchner aurait écrit sa pièce (inachevée) à la suite d’un fait divers dramatique dont l’issue dépendait d’un diagnostic psychiatrique. Comme dans la pièce, un jeune soldat a assassiné sa maîtresse. Plusieurs années plus tard, reconnu responsable de ses actes, il sera exécuté. Chez Büchner comme chez Berg (qui a lui-même écrit son livret), la question de la santé mentale du personnage principal reste en suspens (la pièce s’achève sur un début de procès dont on ne connaît pas l’issue, tandis que, dans l’opéra, Wozzeck meurt noyé).

La mise en scène de Johan Simons ambitionne de transporter l’action dans l’univers intérieur de Wozzeck. Cerclée de parois blanches, la scène est d’abord le théâtre des tourments du soldat et de ses visions. Des ombres tournent et passent, obsessionnellement, sans but ni autre évocation que le passage inéluctable du temps. Manière de figurer un memento mori. Car si Wozzeck est à bien des égards une victime (victime de l’oppression médicale, victime de l’oppression militaire, victime de l’oppression religieuse, victime de l’oppression capitaliste), il sait que tout tourment a une fin certaine. Un long tuyau d’arrosage jaune pend. D’abord énigmatique – il pourrait s’agir d’une grande corde de pendu, ce qui ne serait pas absurde – cet élément prend son sens quand on comprend qu’il laissera jaillir l’eau meurtrière : d’emblée, la mort était présente en arrière-plan – littéralement. Les sentiments du soldat sont projetés dans cet espace par des lumières franches, souvent criardes – dues à Friedrich Rom –, comme si l’esprit du jeune soldat ne s’accommodait d’aucune nuance. Christian, l’enfant illégitime de Wozzeck et Marie, n’a pas d’existence corporelle. C’est une poupée de chiffon noir que Wozzeck maltraite à l’occasion. Existe-t-il ou n’est-il que le signe d’un lien illusoire ? En revanche, d’autres enfants vont et viennent constamment sur le plateau et, donc, dans le monde de Wozzeck. Manière sans doute de rappeler la fragilité du héros et d’expliquer, peut-être, un emportement incontrôlé, voire une cruauté primaire.

Musicalement, le propos est remarquablement servi par Alejo Pérez et l’Orchestre symphonique d’Opera Ballet Vlaanderen. Malgré une partition qui n’offre que très peu de repères de nature tonale, l’approche est analytique et rend l’ensemble parfaitement lisible. À l’intensité somptueuse de certains moments (les deux grands crescendos qui suivent le meurtre de Marie sont une explosion progressive et glaçante) répondent des instants de fragilité extrême, à l’instar de la situation jouée sur scène.

Robin Adams incarne un Wozzeck tout en nuances. La voix est souple mais, à l’occasion, tranchante. La palette de couleurs semble infinie, si bien que le chanteur passe sans difficulté de la détresse et de la fragilité à la colère incontrôlée et meurtrière, explorant une somme de sentiments contraires qui reflète peut-être la complexité de toute psyché.

La Marie de Magdalena Anna Hofmann touche parfaitement l’ambiguïté du personnage, appuyant davantage son côté « impur », objet des tourments de Wozzeck. La voix est ample et pleine. L’approche est très lyrique pour ce répertoire mais cela fonctionne et permet notamment une conduite claire qui se donne comme évidente dans une partition extrêmement dense.

James Kryshak est un capitaine retors à souhait. La voix est très concentrée dans la partie supérieure du masque, ce qui résulte en un son toujours très présent mais qui manque d’ampleur. Comme celui du docteur, le jeu est finement caricatural – à dessein bien sûr. Dans le rôle du docteur, Martin Winkler est parfait. La voix est souple et large, profonde mais nette, pas exempte de tension et idéalement projetée.

Samuel Sakker et Hugo Kampschreuer sont respectivement un tambour-major et un Andres efficaces. Le premier met sa voix délicate au service d’une crapule qu’il incarne magnifiquement, tandis que le second donne à l’ami de Wozzeck une vraie place tant scénique que vocale.

La Margret de Lotte Verstaen confère au texte une ampleur singulière. La voix est ronde et la phrasé magnifique. Reuben Mbonambi et Tobias Lusser sont deux ouvriers présents et investis, tandis que Jóhann Freyr Odinsson campe efficacement l’idiot.

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Opéra en trois actes
Musique d’Alban Berg
Livret d’Alban Berg, inspiré de Woyzeck de Georg Büchner
Création au Staatsoper de Berlin le 14 décembre 1925

Détails

Mise en scène
Johan Simons

Scénographie
Sammy Van den Heuvel

Costumes
Greta Goiris
Flóra Kruppa

Lumières
Friedrich Rom

Dramaturgie
Maarten Boussery
Koen Tachelet

 

Wozzeck
Robin Adams

Marie
Magdalena Anna Hofmann

Le Capitaine
James Kryshak

Le Docteur
Martin Winkler

Le Tambour-major
Samuel Sakker

Andres
Hugo Kampschreuer

Margret
Lotte Verstaen

Deux ouvriers
Reuben Mbonambi
Tobias Lusser

L’Idiot
Jóhann Freyr Odinsson

Orchestre symphonique d’Opera Ballet Vlaanderen

Chœur d’Opera Ballet Vlaanderen

Chœur d’enfants d’Opera Ballet Vlaanderen

Chefs de chœur
Jan Schweiger
Hendrik Derolez

Direction musicale
Alejo Pérez

Opéra d’Anvers, samedi 7 juin 2025, 20h

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