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BERIO, Folk Songs – Colmar (Festival)

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Spectacle
16 juillet 2025
Dix, ils sont dix… pour le bouquet final

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Carte blanche à Alain Altinoglu

Maurice Ravel, Jean Cras, Aram Khatchaturian, Yousif Sheronick, Bela Bartok, Pablo de Sarasate, Luciano Berio, Raphaël Sévère

Détails

Maurice Ravel, Tzigane, pour violon et piano

Jean Cras, Suite en duo, pour flûte et harpe

Aram Katchaturian, Trio pour clarinette, violon et piano en sol mineur

Yousif Sheronick, Jubb Jannin, pour alto et percussion

Bela Bartok, Rhapsodie n°1, Sz 86, pour violoncelle et piano

Pablo de Sarasate, Fantaisie sur Carmen, op 25 (transcr. pour percussions et piano)

Luciano Berio, Folk Songs, pour mezzo-soprano, flûte, clarinette, alto, violoncelle, harpe et percussions (2)

Raphaël Sévère, Cinege madar , création (commande du Festival) pour voix et neuf musiciens

 

Nora Gubisch, mezzo-soprano

Magali Mosnier, flûte

Raphaël Sévère, clarinette

Camille Baslé, percussions (Jubb Jannin et Folk Songs)

Adélaïde Ferrière, percussions (Folk Songs)

Iris Torossian, harpe

Saténik Khourdaïan, violon

Lise Berthaud, alto

Victor Julien-Laferrière, violoncelle

Alain Altinoglu, piano et direction

 

Colmar, Festival, Eglise Saint-Matthieu, 14 juillet 2025, 17h

 

 

Pour conclure cette dernière édition du vénérable Festival dont il a pris les rênes il y a trois ans, Alain Altinoglu réunit autour de son piano, ou de son pupitre, outre son épouse, huit de ses amis pour un programme particulièrement original (1). Du bien connu Tzigane, de Ravel, à la création d’une commande du festival, ce sont huit œuvres qui nous sont offertes, rares au concert, voire inconnues. Chacune d’elle a été choisie en relation avec des sources populaires, d’origines, de couleurs et de caractères différents. Le public sera séduit, conquis, et, à regret – quelles qu’en soient les rares qualités – nous ne détaillerons pas les œuvres instrumentales, puisque c’est avant tout pour les Folk Songs que nous sommes venus à Colmar.

Apparemment loin des générations précédentes, de Canteloube (bien qu’il ait déjà arrangé les trois chansons françaises du recueil), de Maurice Emmanuel et autres folklorisants de talent, sinon de génie, Berio, « pour rendre hommage à l’intelligence vocale de Cathy Berberian… » écrit à son intention, en 1964, ces Folk Songs, « sorte d’anthologie formée par 11 chants populaires […] interprétés rythmiquement et harmoniquement » (2). Pour faire court, rappelons que la chanteuse, alors mariée au compositeur, et disparue prématurément, a été autant une fabuleuse Messagère (dans l’Orfeo dirigé par Harnoncourt) qu’une prodigieuse interprète et promotrice de la musique vocale la plus audacieuse de la seconde moitié du XXe S (de Berio, Sequenza III, Stripsody etc., de Cage, de Bussotti). Un peu comme Jacqueline Dupré et Daniel Barenboim, Luciano Berio et Cathy Berberian formèrent un des couples les plus attachants de la musique. Ils auraient eu cent ans cette année (3). Le programme a été conçu pour réunir tous les interprètes, à la fois dans ces Folk Songs, comme dans la création qui suivra.

Depuis plus de dix ans, Nora Gubisch a inscrit les Folk Songs à son répertoire. Elle les a enregistrés avec son mari en un remarquable album (pour Naïve). Evidemment elle les chante par cœur, et se délecte des textes, quelle qu’en soit la langue. La voix est ample, chaude, égale, et – surtout – le bonheur de chanter manifeste, communicatif. A la harpe, fidèle accompagnatrice, vont s’associer tel ou tels instruments, en fonction du texte et des couleurs requises, pour des textures résolument modernes qui s’accordent à la fréquente modalité des mélodies. Si la partition fourmille d’indications techniques encadrant l’interprétation, jamais celle-ci n’apparaîtra corsetée : c’est au contraire la liberté que l’auditeur retient, comme si l’improvisation gouvernait le tout. Enchaînées, les onze chansons forment un authentique ensemble, et, à l’égal d’un cycle, interagissent. Il faudrait tout citer… Le Ballo (Italie) endiablé, avec son articulation instrumentale de la voix, est un bonheur (il sera repris en guise de bis). La plainte poignante du Motettu de tristura (Sardaigne) et ses effets singuliers de la harpe, de l’alto et du violoncelle, le chant lancinant nous émeuvent. La jovialité malicieuse et dansante de Malurous qu’o uno fenno, le petit bijou de Lo fiolaire et ses « lirou, la diritou » coquins, tout prépare l’ultime pièce, un chant d’amour d’Azerbaïdjan, cher à sa dédicataire et créatrice, Cathy Berberian. La complicité chaleureuse des interprètes, l’engagement total de la soliste n’appellent que du bonheur ému. Empruntons au programme de salle : « … Tout un théâtre sonore au service d’une voix caméléon, qui passe du murmure à la plainte, du cri brut à la tendresse suspendue ». Tout est dit.

Toute création suscite chez l’auditeur à la fois une attention redoublée et la recherche de références – œuvres antérieures du compositeur, écriture etc. – qui induisent une sévère concentration. Ce soir, rien de tel. Cinege madar – commande du Festival – due au clarinettiste-compositeur Raphaël Sévère, relève pratiquement du théâtre musical.  La mélodie simpliste qu’émet tout d’abord la chanteuse trouve son écho dans le gag : semblant perdue dans sa partition, elle cherche vainement à interrompre les musiciens et le chef… La fantaisie hilarante, voire loufoque, qui préside au jeu de chacun – au plein sens du terme – ne doit cependant pas occulter l’écriture soignée de la pièce. Empruntant à tous les répertoires, à tous les styles, de la musique traditionnelle au jazz, au rock, à la musique savante du dernier siècle, elle entrelace efficacement ses sources d’inspiration. Si l’inculture du rédacteur en matière de musiques de variétés et de rock lui interdit d’identifier la plupart des citations ou allusions que le compositeur a invitées à dessein, le public ne s’y trompe pas, qui adhère pleinement à la démarche. A savourer et à méditer !

(1) Le programme est intitulé « Carte blanche à Alain Altinoglu ». Leonard Bernstein, Daniel Barenboïm, dans l’esprit desquels s’inscrit son action, et bien d’autres, pratiquèrent cette formule, un peu oubliée, porteuse d’un esprit complice, intime et chaleureux. 
(2) Dont deux « populaires dans l’intention », composés par Berio. 
(3) Opéra Magazine, dans son numéro de juillet-août (pp.28-31) rend un bel hommage à Cathy Berberian.

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Carte blanche à Alain Altinoglu

Maurice Ravel, Jean Cras, Aram Khatchaturian, Yousif Sheronick, Bela Bartok, Pablo de Sarasate, Luciano Berio, Raphaël Sévère

Détails

Maurice Ravel, Tzigane, pour violon et piano

Jean Cras, Suite en duo, pour flûte et harpe

Aram Katchaturian, Trio pour clarinette, violon et piano en sol mineur

Yousif Sheronick, Jubb Jannin, pour alto et percussion

Bela Bartok, Rhapsodie n°1, Sz 86, pour violoncelle et piano

Pablo de Sarasate, Fantaisie sur Carmen, op 25 (transcr. pour percussions et piano)

Luciano Berio, Folk Songs, pour mezzo-soprano, flûte, clarinette, alto, violoncelle, harpe et percussions (2)

Raphaël Sévère, Cinege madar , création (commande du Festival) pour voix et neuf musiciens

 

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Camille Baslé, percussions (Jubb Jannin et Folk Songs)

Adélaïde Ferrière, percussions (Folk Songs)

Iris Torossian, harpe

Saténik Khourdaïan, violon

Lise Berthaud, alto

Victor Julien-Laferrière, violoncelle

Alain Altinoglu, piano et direction

 

Colmar, Festival, Eglise Saint-Matthieu, 14 juillet 2025, 17h

 

 

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